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Quelles séries regarder en cette rentrée ? Notre sélection de celles à dévorer (et à éviter)


Les séries dont on ne parle pas assez en France

Pachinko : la saga historique méconnue

La pépite méconnue du catalogue d’Apple TV+. Pachinko évoque sur trois générations le destin d’une famille d’origine coréenne tout au long du XXe siècle, de la colonisation de la Corée par le Japon jusqu’au krach de 1989, en passant par la difficile intégration des Coréens dans l’archipel nippon. Toute la puissance romanesque de la saga – et les nombreux moments lacrymaux – provient de son alternance habile entre les époques, avec d’un côté Sunja, Coréenne pauvre de la région de Busan poussée à émigrer à Osaka, et de l’autre son petit-fils Salomon, financier revenant des Etats-Unis à Tokyo. La saison 2, qui s’ouvre avec la Seconde Guerre mondiale (et le spectre d’Hiroshima…), renforce encore en intensité dramatique. En regardant Pachinko, on comprend mieux pourquoi les relations entre la Corée du Sud et le Japon sont toujours si tumultueuses.

Disponible sur Apple TV+.

Furia : le thriller norvégien

Depuis Occupied en 2015, qui décrivait une Norvège envahie par le voisin russe, Oslo nous a habitués à son art des thrillers politiques et sa passion pour les conspirations. Furia, dont la première saison a été diffusée en 2021, est un exemple du genre. L’intrigue commence dans un paisible fjord scandinave où se trouve un centre d’accueil pour migrant. Ce dernier est la cible d’une tentative d’incendie qui entraîne une enquête d’Asgeir, ancien flic d’élite fuyant la pègre russe. En parallèle, Ellen, membre des services des renseignement, a la lourde tâche de s’infiltrer dans une cellule d’extrême droite pour récolter des informations à la veille d’un attentat sur le sol européen.

Crise migratoire, groupuscules à l’idéologie de plus en plus extrême, rivalités funestes et intrigues gouvernementales… Dans une société encore hantée par le traumatisme des attentats d’Oslo et d’Utoya – leur auteur, Anders Breivik, a fait 77 morts et plus de 300 blessés -, la série ausculte les divisions identitaires de la nation norvégienne. Attention aux amateurs de fiction subtile : le feuilleton ne fait pas vraiment dans la dentelle. Thriller d’anticipation, Furia est avant tout une série d’action, plutôt qu’un traité d’analyse politique. Mais si les personnages sont parfois un brin caricaturaux, l’écriture serrée en fait une histoire redoutablement efficace.

Disponible sur MyCanal.

Industry : les traders qui succèdent à Succession

Et si c’était elle l’héritière de Succession ? Bien trop méconnue dans nos contrées, Industry narre les aventures de jeunes loups de la finance londonienne au sein de la banque d’affaires Pierpoint. Si la première saison se complait un peu trop dans le voyeurisme de la trilogie argent, sexe et drogue, façon Euphoria, le scénario gagne ensuite en épaisseur narrative. Centrée sur le “greenwashing” et les relations troubles entre finance, politique et journalisme, la saison 3 confirme qu’on tient là une grande série, avec en guest-star Kit Harrington (Game of Thrones), qui incarne un héritier “bullshiteur” à la tête d’une start-up spécialisée dans l’énergie verte. Si on ne comprend pas tout au jargon des “IPO”, des “FICC” et des “yards”, les dialogues sont virevoltants et les personnages de plus en plus profonds, jusqu’au second couteau Rishi, archétype de la masculinité toxique qui a le droit à un épisode mémorable.

Disponible sur Max.

Tell me lies : la bleuette acidulée

Le cocktail est connu : une fille rencontre un garçon, et ça finit mal. Depuis 2022, la plateforme Hulu (Disney + en France) livre à ses téléspectateurs une bleuette sur les relations toxiques. Tout le sel des dramas adulescents est là. Lucy, jeune femme naïve à peine entrée à l’université, croise la route de Stephen, un étudiant sombre et ténébreux. Elle va tomber éperdument amoureuse de lui. Il va la manipuler et manquer de détruire sa vie. Plaisir coupable par excellence, Tell me lies laisse un arrière-goût amer en bouche. Lucy et Stephen revisitent les liaisons chaotiques des séries télévisées passées, l’oeil critique de l’époque en plus. Ce n’est pas beaucoup plus fin, ni plus intelligent qu’avant, mais ça reste très divertissant. La série se vante de pouvoir vous rendre aussi mordus d’elle que ses protagonistes le sont l’un de l’autre. Pour la saison 1, le pari n’est pas loin d’être réussi. La saison 2, en cours de diffusion aux Etats-Unis – à la demande en France – remet la mise en jeu.

Disponible sur Disney +.

Slow Horses : les canassons de l’espionnage

Quel rythme pour ces soi-disant “chevaux lents” ! La saison 3 de Slow Horses s’était achevée en fin d’année dernière, et voici que les canassons de l’espionnage, placardisés au sein de la Sougle house (“Etable”) sont déjà de retour. Gary Oldman est plus odieux que jamais dans son rôle de Jackson Lamb, génie clochardisé du renseignement, Kristin Scott Thomas royale en Lady Diana Taverner, dame de fer du MI-5, et, cerise sur le gâteau, le chien fou Jack Lowden s’aventure en France sur les traces de son grand-père atteint de démence (formidable Jonathan Pryce). De l’humour noir, du suspens et des accents anglais à couper au couteau : le tiercé gagnant de ces espions qui desservent Sa Majesté.

Disponible sur Apple TV+.

English Teacher : la sitcom éducative

La sitcom serait-elle de retour pour de bon ? Cette année, la chaîne FX fait sa rentrée des classes avec English Teacher, série comique se déroulant dans un lycée à Austin, aux Etats-Unis. Parmi les enseignants, Evan Marquez, professeur d’anglais homosexuel, est confronté à l’évolution de la jeunesse et de ses parents. Aisément comparée à la très drôle Abbott Elementary – qui retrace la vie d’une école élémentaire dans le quartier noir de Philadelphie en proie à des coupes budgétaires -, English Teacher se distingue vite par son ton bien plus grinçant et irrévérencieux. La série à l’humour absurde, très politique – ici, conservateurs et wokes en prennent pour leur grade -, s’inscrit dans la veine satirique de son créateur, Brian Jordan Alvarez. L’acteur, qui joue aussi le rôle-titre, s’était illustré jusqu’ici pour ses fictions sur Internet et ses TikTok humoristiques. Il en a gardé une écriture rapide, où chaque ligne de dialogue est une nouvelle occasion pour une plaisanterie.

Diffusée sur FX et Hulu aux Etats-Unis, à venir en France

Celles dont on parle beaucoup trop

Emily in Paris : jusqu’à l’overdose

Elle est partout : dans les couloirs du métro (parisien), elle s’étale sur les affiches publicitaires, elle sourit sur les publications sponsorisées par Netflix sur les réseaux sociaux… Depuis 2020, Emily in Paris est devenue l’une des têtes de gondoles de la plateforme. La série suit les aventures d’Emily Cooper, enthousiaste influenceuse Américaine venue exercer son métier de publicitaire en France. A Paris, Emily tutoie le monde de la mode, découvre les moeurs parisiennes, et, surtout, succombe aux charmes (masculins) de la ville de l’amour.

Paris est sublime, les acteurs aussi et l’intrigue tient sur un timbre-poste. Jusqu’ici, rien de bien méchant : Emily in Paris est une comédie romantique comme on en produisait tant dans les années 90, les longueurs liées au format en plus. Inoffensive, la série a même eu quelques vertus, comme celle de doper le tourisme dans les endroits visités par l’héroïne. Brigitte Macron y a fait une apparition dans sa dernière saison, témoignage du rayonnement du feuilleton à l’international. Il s’y déploie un Paris fantasmé, où tout est aussi lisse que sur du papier glacé. Cela pourrait être charmant si ce n’était pas aussi longuet. Visionner quatre saisons du vaudeville vécu par Emily Cooper laisse songeur : comment Darren Star, abrasif créateur de Sex and the City, a-t-il pu accoucher d’une oeuvre aussi insignifiante ? Miranda, Charlotte, Carrie, Samantha : encore aujourd’hui, les fans aiment s’associer à l’une des quatre héroïnes new-yorkaises de “SATC”. Preuve que même à travers la légèreté de sa première née, Darren Star était parvenu à dire quelque chose sur l’époque. Aujourd’hui, qui est vraiment capable de citer le nom des amis d’Emily Cooper ? Dans dix ans, se souviendra-t-on seulement de son prénom ?

Disponible sur Netflix.

Zorro : quand Jean Dujardin s’auto-parodie

Le Zorro de Noé Debré et Benjamin Charbit est moins un hommage ironique au justicier masqué, pionnier des super-héros américains créé en 1919 par Johnston McCulley, que la célébration d’un patrimoine bien français : Jean Dujardin. L’acteur a beau protester dans les interviews, son Don Diego de La Vega est une parodie du Hubert Bonisseur de la Bath d’OSS 117, lui-même parodie de James Bond, ce qui fait beaucoup. Seule différence : s’il donne également du “mon brave”, son hidalgo se veut aussi anachroniquement progressiste que l’agent secret de Michael Hazanavicius n’est réactionnaire, prêchant dans la Haute-Californie du XIXe siècle qu’il ne faut pas dire “indien”, mais “autochtone”. L’idée d’un Zorro au bord de la retraite n’était pas mauvaise, mais on tourne vite en rond entre un Don Diego aussi lâche et en surpoids que son alter-ego masqué ne se montre téméraire et séducteur. Rendez-nous le Zorro d’Antonio Banderas, lui aussi vieillissant, mais plus premier degré.

Disponible sur Paramount+.

Un couple parfait : le naufrage de Nicola Kidman (et d’Isabelle Adjani)

Un naufrage au large du Massachusetts. Avec Un couple parfait, sa nouvelle mini-série, Netflix pensait sans doute avoir amassé tous les ingrédients nécessaires pour réaliser une fiction de prestige. D’abord, le cadre : le décor de l’île de Nantucket, zone de villégiature des très riches Américains. Ensuite, le sujet : un meurtre, lors d’un mariage, dans l’entourage d’une famille parfaite. Enfin, et surtout, le casting : Nicole Kidman, désormais abonnée aux rôles de matriarche, Dakota Fanning en peste charmante, et même… Isabelle Adjani. L’actrice, qui y joue une amie de la famille, s’est égarée dans la distribution pour une raison mystérieuse – qu’elle ne semble pas connaître elle-même. Sur le papier, ce huis-clos policier avait tout pour être un délice. C’est un marasme. Le seul point positif vient de la victime : la talentueuse Meghann Fahy – lumineuse dans la saison 2 de The White Lotus sur HBO – a le bon goût de disparaître avant de trop écorner son image.

Disponible sur Netflix.

Les Anneaux de pouvoir : très loin de Game of Thrones

Certaines franchises refusent de mourir. Après la trilogie du Hobbit, l’oeuvre de J.R.R. Tolkien a été une nouvelle fois adaptée à l’écran, cette fois en série, en septembre 2022. Les Anneaux de pouvoir entendent raconter les événements précédant Le Seigneur des anneaux et l’ascension de son antagoniste, Sauron. En s’inspirant d’un univers adoré par des légions de fans fortement marqué par l’esthétique médiévale, Prime Vidéo espérait tenir son Game of Thrones (HBO). La plateforme s’en est d’ailleurs donné les moyens : entre l’acquisition des droits d’adaptation et sa production, le feuilleton est la série la plus onéreuse de l’histoire. Mais le résultat n’est pas convaincant. Moins populaire que House of The Dragon, dérivée de Game of Thrones, la fiction est plombée par ses problèmes de rythme et, surtout, des héros peu attachants.

La force de la série d’HBO était de parvenir à retenir l’attention du spectateur quel que soit le personnage mis en valeur dans un épisode. Ceux des Anneaux de pouvoir n’ont pas ce magnétisme. La révélation de l’identité de Sauron – intrigue qui avait constitué l’intérêt de la saison 1 – laisse les scénaristes face à un défi considérable. Comment créer du mystère là où il n’y en a plus ? Dans sa saison 2, la série s’oriente vers un récit très détaillé de la manière dont l’antagoniste a acquis et distribué les fameux anneaux. Sauron doit désormais former des alliances, soumettre ses dirigeants. Le potentiel politique qui faisait le sel de Game of Thrones est là. Peu et mal exécuté, il handicape pour l’instant Les Anneaux de pouvoir. Les scénaristes redresseront-ils la barre ?

Disponible sur Prime Vidéo.




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