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Opposant hier, ministre demain ? Laurent Wauquiez, l’histoire d’une volte-face


Echange cordial au cœur de l’été. Laurent Wauquiez devise avec Marc Fesneau, tout juste élu président du groupe Modem à l’Assemblée nationale. On évoque l’élection au perchoir et la répartition des postes dans l’hémicycle. Le patron de la Droite Républicaine (DR) est prêt à mêler ses voix à celles du bloc central pour assurer la reconduction de Yaël Braun-Pivet, menacée par la gauche. “Il y a trois séquences, glisse l’élu Modem à son homologue. La présidence, la gouvernance de l’Assemblée. Pour le reste, voyons plus tard.” “Cela me va très bien, réplique l’ancien président de région. Je ne veux pas en parler.” Le reste ? Une coalition avec les macronistes, usés par sept ans aux affaires. Laurent Wauquiez la récuse, soucieux d’incarner l’alternance en 2027.

Finalement, parlons-en, du reste. Laurent Wauquiez a retrouvé l’usage de la parole à la faveur de la nomination de Michel Barnier à Matignon. Tout comme un certain appétit. Le mardi 10 septembre, une réunion en visioconférence avec le Premier ministre et le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau vire à l’aigre. L’avenir du député génère des tensions. D’après plusieurs sources, l’homme souhaite obtenir le poste de ministre de l’Intérieur avec rang de ministre d’Etat et s’agace de l’absence de garanties du Savoyard, qu’il a soutenu pour Matignon. Dans l’entourage de Laurent Wauquiez, on concède un échange “franc” mais débordant du sort de l’ex-patron de région. Place de la droite dans l’architecture gouvernementale et assurances programmatiques auraient nourri la discussion. Wauquiez ministre ? “Rien n’a été décidé”, tempère un proche.

En juillet, refus de toute “coalition” ou “compromission”

Wauquiez ministre ? Cette simple interrogation révèle l’inflexion stratégique du député de Haute-Loire. Celle d’un homme contraint de jeter à la poubelle un scénario écrit depuis de longues années. Celle d’un élu avançant dans un brouillard aussi dangereux que promesse d’opportunités. Le 7 juillet, l’air est frais au Puy-en-Velay. Laurent Wauquiez s’adresse à la presse après sa victoire aux législatives. D’un ton martial, il rejette toute “coalition” ou “compromission” avec le macronisme dans son discours de victoire. Même refus du moindre “accord d’appareil” après son élection à la tête du groupe DR. L’homme veut rester à distance d’un pouvoir à l’agonie pour bâtir sa propre offre politique. Sa thèse : toute proximité avec la macronie est disqualifiante en vue de 2027. Les Français voudront l’alternance, pas un ersatz du chef de l’Etat !

Laurent Wauquiez observe d’un œil distant cette assemblée émiettée. Les yeux sont rivés sur le Nouveau Front populaire (NFP) et son interminable quête d’un candidat à Matignon. Il ne prête pas une attention démesurée à l’appel de son prédécesseur Olivier Marleix à la nomination d’un “Premier ministre issu des Républicains”. Quand l’entretien prémonitoire est publié dans Le Figaro, l’ancien ministre préfère en sourire. “Tu m’avais prévenu, c’est de bonne guerre”, glisse-t-il à son collègue. Un Premier ministre LR, qui peut le croire ? Le parti ne compte plus que 47 députés et s’embourbe dans un conflit judiciaire avec Éric Ciotti, coupable d’une alliance avec le RN. Cette thèse se noie dans l’indifférence. A un député, Laurent Wauquiez confie son pronostic : “Il y aura un gouvernement technique sans LFI, qui va gérer les affaires courantes.” La prévision a tout d’un souhait. Trois ans pour rien. Trois ans pour se préparer et prendre progressivement la lumière.

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Une stratégie à revoir

Mais par petites touches, ce plan s’érode. Il y a ces députés DR, mal à l’aise avec l’intransigeance du chef. Ces électeurs de droite, qui redoutent la gauche comme la paralysie parlementaire. Il finit par lâcher du lest. Mi-juillet, il dévoile son “pacte législatif”, treize mesures que la droite s’engage à voter si le nouveau gouvernement s’en saisit. Simple concession de forme. La coalition, c’est toujours non.

Mais ce pacte agit comme un poison lent. La gauche fait front contre Emmanuel Macron ? Au moins, la droite bouge un orteil. Nicolas Sarkozy, éternel partisan d’une coalition, l’a bien compris. “Je ne comprends pas la position qui consiste à proposer au président de la République un programme minimum tout en affirmant vouloir rester en dehors de l’équipe gouvernementale qui serait en charge de l’appliquer”, glisse fin août l’ex-président dans Le Figaro. La fausse naïveté est un art. “L’analyse est forte car simple et compréhensible”, confie alors un ami à Laurent Wauquiez. L’intéressé acquiesce, mais n’en démord pas.

Il faut toujours se méfier d’Emmanuel Macron. L’homme nourrit une curieuse relation aux Républicains, qu’il torture avec plaisir, tel un enfant arrachant les pattes d’une mouche. Dès juillet, un conseiller LR s’interroge sur le jeu du chef de l’Etat. “Il peut se faire plaisir à mettre le feu en nommant Xavier Bertrand, il faut anticiper cela.” Laurent Wauquiez ne l’a pas fait. Par son choix, le président a planté le dernier clou du cercueil de son “plan”.

“Il subit complètement les événements”

Quand le chef de l’Etat réunit les ténors LR le 3 septembre pour évoquer l’option Bertrand, Laurent Wauquiez se résigne. Ses députés sont favorables à la nomination d’un LR, il ne peut qu’accompagner le mouvement. Le président lui a lié les mains. Tout juste écarte-t-il son rival des Hauts-de-France en assurant au secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, que ce dernier est condamné à la censure. Ce sera donc Barnier. “Laurent nous a aidés dans la dernière ligne droite”, glissera en privé l’heureux élu. A droite, on observe avec fatalisme ce changement de pied. “Il subit complètement les événements”, raille un député. Un cadre LR préfère saluer “une capacité d’évolution bienvenue”.

Voilà l’homme embarqué dans cette coalition jadis honnie. Le groupe DR devrait prochainement se déclarer dans la majorité, après s’être initialement inscrit dans l’opposition. Au moins ce partenariat précaire n’est-il pas une absorption de la droite par le macronisme mais un jeu plus équilibré. D’équilibriste aussi. Laurent Wauquiez est soumis à un devoir de loyauté envers Michel Barnier, mais doit veiller à ne pas diluer son offre politique dans de coûteux compromis. Que LR tombe dans le “en même temps”, et le RN pourra rafler la mise, craint-on à droite. “Nous avons besoin d’une politique de droite avec plus de sécurité et moins d’immigration”, a-t-il prévenu à Annecy lors des journées parlementaires de LR.

Sa destination est encore inconnue. La droite se perd en conjectures sur les avantages et inconvénients d’une nomination au gouvernement. L’homme n’a-t-il pas besoin de lumière ? N’est-il pas dangereux de laisser d’autres la prendre à sa place ? “Le système médiatique est tel qu’il faut être en responsabilité ou premier opposant. Le reste n’existe pas”, note un interlocuteur régulier d’Emmanuel Macron. Mais Laurent Wauquiez ne serait pas ministre de majorité absolue, avec la latitude idéologique afférente. Ne serait-il donc pas utile à l’Assemblée, en vigie du pacte législatif de LR ? La réflexion est ouverte autour de Michel Barnier, où ces arguments sont avancés et retournés. Nul ne sait à quel destin est voué le futur exécutif, tant il réinvente les usages de la Ve République. Il recèle a minima d’une leçon pour Laurent Wauquiez. Gare à ne pas parler trop vite, la politique est parfois plus imaginative que vous.





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