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Allemagne, Suède, Royaume-Uni… Ces pays européens qui verrouillent leurs frontières


Ces dernières semaines, les annonces pleuvent. Au début du mois, le gouvernement d’Olaf Scholz créait la surprise chez les Vingt-Sept en déclarant la mise en place de contrôles de police aux frontières allemandes. Quelques jours plus tard, la Suède révélait la drastique augmentation de l’aide au retour des migrants dès 2026. Le lendemain, le Premier ministre hollandais présentait des mesures pour freiner l’immigration irrégulière. Le Royaume-Uni annonçait, lui, ce 15 septembre, la création d’un commandement de la sécurité des frontières.

Si l’ensemble de ces Etats ont pris leur décision indépendamment des autres, tous ont un point commun : ils durcissent leur politique migratoire dans un contexte de montée de l’extrême droite sur leur territoire. Tour d’horizon des mesures prises ces dernières semaines.

En Suède, les migrants poussés vers la sortie

La Suède aide activement les migrants… à partir. Jeudi 12 septembre, le gouvernement a proposé d’augmenter l’allocation attribuée aux migrants acceptant de retourner dans leur pays d’origine dès 2026. Une mesure phare du parti d’extrême droite les Démocrates de Suède (SD), qui occupe la deuxième place au Riksdag (Parlement) avec 72 membres sur 349. Depuis 1984, date de création de l’aide au retour, un adulte peut bénéficier d’un maximum de 10 000 couronnes (879 euros). Or, dès 2026, un migrant pourrait percevoir jusqu’à 350 000 couronnes, soit plus de 30 000 euros.

L’année passée, seule une personne a accepté cette aide, selon le ministre des Migrations, Johan Forssell. Le parlementaire SD Ludvig Aspling a ainsi estimé que la hausse de l’allocation pourrait contribuer à séduire davantage de bénéficiaires. Mais d’après un rapport d’enquête commandé par le gouvernement et publié en août, le résultat serait loin de l’effet escompté : la hausse “risquerait de freiner les efforts d’intégration des migrants.”

Ces dernières années, la Suède a durci sa politique migratoire, devenant l’un des Etats européens les plus strictes en la matière. Sur les 62 pages composant la feuille de route du gouvernement, 19 sont réservées au volet “migration et intégration”. Après avoir restreint le regroupement familial et relevé le niveau de salaire minimum nécessaire pour octroyer un permis de travail aux migrants extérieurs à l’Union européenne, la nation franchira une nouvelle étape dès 2026.

Virage à droite pour l’Allemagne

Pendant des années, la politique de la porte ouverte a fait la réputation de l’Allemagne. Mais après avoir accueilli plus d’un million de réfugiés, essentiellement Syriens, en 2015-2016 et plus d’un million d’exilés ukrainiens, le pays opère un changement de cap. Lundi 16 septembre, le gouvernement d’Olaf Scholz a instauré des contrôles de police aux frontières de cinq pays voisins : la France, le Luxembourg, la Belgique, le Danemark et l’Autriche. Un dispositif venant s’ajouter à celui actuellement en place aux abords de la Pologne, la République tchèque, l’Autriche et la Suisse.

De tels contrôles dérogent aux règles historiques de libre circulation dans l’espace Schengen. Mais depuis mai 2024, une réforme du code Schengen les rend possibles durant six mois en cas de menace pour l’ordre public. Raison par laquelle l’Allemagne a justifié cette nouvelle mesure. “Ces dispositions sont nécessaires pour la protection de la sécurité intérieure contre les menaces actuelles du terrorisme islamiste et de la criminalité transfrontalière”, a assuré Berlin lundi 9 septembre. Deux semaines plus tôt, un attentat à Solingen revendiqué par le groupe djihadiste Etat islamique et commis par un Syrien qui faisait l’objet d’une mesure d’expulsion, avait fait trois morts, remettant au premier plan les débats sur l’immigration.

Face aux scores records obtenus par le parti d’extrême droite AfD lors de deux élections régionales au début du mois, le gouvernement d’Olaf Scholz a jugé nécessaire de durcir sa politique migratoire. Le principal parti d’opposition conservateur CDU a également réclamé un recours plus fréquent au renvoi des demandeurs d’asile. Le CDU devançant grandement la coalition sociale-démocrate du chancelier dans les sondages et insistant auprès du gouvernement depuis plusieurs jours, Berlin a annoncé vouloir augmenter le nombre de migrants refoulés aux frontières allemandes.

Aux Pays-Bas, le régime le “plus strict qui soit”

La coalition menée par l’extrême droite avec le Parti pour la liberté (PVV) a donné le ton. En mai, le cabinet quadripartite composé du PVV, du Mouvement Agriculteur-Citoyen, du Parti populaire pour la liberté et la démocratie et du Nouveau Contrat social, s’engageait à mettre en place “le régime d’asile le plus strict qui soit”. Vendredi 13 septembre, le Premier ministre Dick Schoof a présenté les plans du gouvernement en matière d’asile. Celui-ci entend, entre autres, faire passer une “loi d’urgence sur l’immigration”.

Ce projet, porté par Marjolein Faber, ministre de l’Asile et de la Migration et membre du parti d’extrême droite, vise notamment à réinstaller des contrôles aux frontières. Cette loi permettrait également de suspendre temporairement l’examen des demandes d’asile, durcir les conditions d’accueil et limiter le regroupement familial. Des mesures devant encore être votées au Parlement.

La coalition a également demandé ce mercredi 18 septembre une clause de retrait de la politique européenne en matière d’asile et d’immigration, affirmant que les Pays-Bas ne “peuvent plus faire face à l’afflux important de demandeurs d’asile”. Une démarche sans précédent de la part d’un Etat membre fondateur et ayant peu de chances d’aboutir, d’autant plus que les données indiquent une baisse du nombre de demandes d’asile l’an passé, avec environ 27 000 titres accordés, soit 2 500 de moins qu’en 2022.

Le Royaume-Uni s’inspire de Meloni

C’est une visite que le Parti travailliste n’avait pas vu venir. Ce lundi 16 septembre, le Premier ministre britannique Keir Starmer s’est rendu à Rome. Son objectif : tirer des enseignements du gouvernement de la Première ministre d’extrême droite italienne, Giorgia Meloni, pour lutter contre l’immigration. Une visite qui a suscité de vives réactions dans son propre camp. Le député travailliste Kim Johnson a regretté, dans une interview pour The Guardian, que le premier ministre aille chercher des conseils “auprès d’un gouvernement néofasciste”.

La veille, Keir Starmer avait déjà affirmé le changement de cap de sa politique en annonçant la mise sur pied d’un nouveau commandement de la sécurité des frontières. Celui-ci “coordonnera le travail de tous nos services de police et de renseignement […] pour lutter contre la criminalité organisée liée à l’immigration”, avait indiqué Downing Street.

Cette annonce est survenue quelques semaines seulement après des émeutes qui ont bouleversé le pays, faisant promettre à Keir Starmer de faire de la politique “différemment” pour “répondre au trou noir social”. Le 29 juillet, le meurtre de trois jeunes filles à Southport avait suscité de violents affrontements dans les grandes villes britanniques après la diffusion de fausses informations attribuant le crime à un demandeur d’asile. Jusqu’alors, le Royaume-Uni n’avait jamais connu d’émeutes d’extrême droite d’une telle violence.




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