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Gouvernement Barnier : et pourquoi pas un ministre du Made in France ?


“Au mieux, on nous disait ringards. Au pire, fascistes…” Quand elle a lancé le Salon du Made in France (MIF) à Paris, en 2012, Fabienne Delahaye a essuyé un accueil glacial dans les milieux “autorisés”. Sept ans plus tard, la longue épreuve du Covid, durant laquelle les Français ont découvert, ébahis, qu’ils n’étaient plus capables de fabriquer des masques en tissu ou du gel pour les mains, a réveillé les consciences. Et convaincu l’organisatrice qu’elle était dans le vrai. La prochaine édition de MIF Expo, en novembre, au Parc des expositions de la porte de Versailles, le confirme : 100 000 visiteurs sont attendus pendant quatre jours dans les stands de plus de 1 000 exposants – ils n’étaient que 70 à l’origine. Une ode au bleu blanc rouge où se pressent désormais tous les chefs à plume politiques, du Parti communiste français au Rassemblement national.

“Nous devons redevenir une terre de production industrielle avec des ouvriers, avec des ingénieurs, avec des chercheurs. Nous devons redevenir une terre de production agricole, il s’agit d’une question de souveraineté”, a martelé récemment le nouveau Premier ministre, sur ses terres savoyardes. Les sujets consensuels étant rares ces temps-ci, Michel Barnier a compris l’intérêt de saisir celui-ci au vol. Et puisqu’il songe à la composition d’un gouvernement “équilibré”, pourquoi ne pas nommer un ministre du Made in France à part entière ? Giorgia Meloni l’a fait en novembre 2022, sans se retrouver au ban de l’Europe : elle a désigné Adolfo Urso ministre des Entreprises et du Made in Italie.

Un combat transpartisan

A La Plage aux entrepreneurs, un événement dédié au savoir-faire tricolore qui s’est tenu le 12 septembre à Arcachon, en partenariat avec L’Express, l’idée a rencontré un fort écho. Gilles Attaf, le président d’Origine France Garantie, ancien patron des costumes Smuggler, y verrait la consécration du combat transpartisan qu’il mène depuis des années, aux côtés du centriste Yves Jégo et du socialiste Arnaud Montebourg. Comme il aime à le souligner, produire local, c’est bon pour la croissance, pour la cohésion sociale – on remet de l’emploi dans des territoires parfois oubliés – et pour la planète, grâce aux vertus des circuits courts.

Thomas Huriez, lui, fourmille de suggestions pour le futur ministre. Créer des Ateliers à loyer modéré, sur le modèle des HLM, pour favoriser l’implantation d’unités de production en ville. Développer le tourisme industriel. Bannir le mot “opérateur” de toutes les usines françaises et le remplacer par le terme exact du métier exercé. “Avec le made in France, le client n’achète pas seulement un produit, il s’offre une histoire à raconter, une émotion, une fierté. Si ce ministère voyait le jour, il lui faudrait une double tutelle : l’Economie et la Culture”, plaide le fondateur de la marque de jeans 1083. Dans sa poche, une autre proposition : franciser davantage la commande publique. Une lacune pointée dès 2010 par Yves Jégo, alors député, dans un rapport sur “la mondialisation anonyme” remis à Nicolas Sarkozy, et qui “a fini sur l’étagère 34 des rapports non suivis d’effet”, au grand dam de son auteur.

L’affaire est pourtant d’importance, comme l’explique Olivier Lluansi, spécialiste de l’industrie et auteur de Réindustrialiser : le défi d’une génération, paru le 16 septembre aux éditions Les Déviations. “Les textes européens interdisent la préférence nationale dans les achats publics. Mais les administrations et les collectivités allemandes, qui respectent comme nous ces textes, se fournissent beaucoup plus en made in Germany que les nôtres en made in France. En étant aussi malins qu’eux, nous pourrions générer, par an, 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires en plus pour nos entreprises, soit le quart de notre déficit commercial. C’est un levier fantastique !”

Où le bât blesse-t-il ? L’Allemagne ne compte que 3 000 acheteurs publics, qui connaissent parfaitement les spécifications et les prix des produits locaux et sont donc capables, sans enfreindre les règles européennes, d’orienter finement les appels d’offres. En France, cette tâche est dévolue à 120 000 personnes, “dont ce n’est pas le boulot la plupart du temps, comme les secrétaires de mairie, et qui ont une peur bleue de se faire attraper pour délit de favoritisme, déplore l’ancien ministre de l’Economie et du Redressement productif Arnaud Montebourg. Il nous faut des centrales d’achat professionnelles. Et moins de “bruxellose” du côté de Bercy !”




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