Depuis le 9 juin dernier, date de la dissolution de l’Assemblée nationale, la France n’a jamais été aussi proche d’avoir un nouveau gouvernement. Selon Matignon, le Premier ministre Michel Barnier procède actuellement “aux derniers ajustements” de la composition de son équipe qui devrait être présentée “avant dimanche”. D’après les premières informations, celui-ci devrait compter 38 membres, dont 16 ministres de plein exercice : sept macronistes, trois LR, deux MoDem, un Horizons, un UDI, un divers droite et un divers gauche.
Des figures connues mais pas de présidentiables
Plusieurs visages du prochain gouvernement ne seront pas inconnus puisqu’une poignée de membres de l’équipe sortante devraient repartir avec Michel Barnier. Le ministère des Armées semble assuré de garder son titulaire, le discret Sébastien Lecornu. Dans ce “domaine réservé” du président de la République, le MoDem Jean-Noël Barrot serait promu des Affaires européennes aux Affaires étrangères. Rachida Dati, venue de LR, resterait à la Culture. Catherine Vautrin, ministre du Travail et ex-LR, passerait, elle, à un large portefeuille consacré aux Territoires. La ministre déléguée à l’Agriculture Agnès Pannier-Runacher, de l’aile gauche de la macronie irait à l’Ecologie. Une ancienne ministre MoDem, Geneviève Darrieussecq, reviendrait au gouvernement mais cette fois-ci, à la Santé.
Parmi les noms évoqués : aucun présidentiable en vue. Edouard Philippe, Gabriel Attal, Laurent Wauquiez (qui dit avoir refusé Bercy), Gérald Darmanin (qui aurait aimé obtenir les Affaires étrangères), François Bayrou… les candidats déclarés ou supposés comme tels aujourd’hui à la présidentielle de 2027 ne font pas partie de la nouvelle équipe.
Des ministres marqués à droite
Même si Laurent Wauquiez n’en est pas, les LR intégrant le gouvernement sont très marqués à droite, au grand dam de la gauche et d’une partie du bloc central. Figure du camp conservateur et tenant d’une ligne ferme sur l’immigration, le patron des sénateurs Bruno Retailleau deviendrait ministre de l’Intérieur. La sénatrice Laurence Garnier, pressentie pour la Famille, fait déjà polémique pour ses positions contre le mariage homosexuel, la constitutionnalisation de l’IVG et la délictualisation des thérapies de conversion. La numéro 2 du parti, Annie Genevard, irait quant à elle à l’Agriculture, alors qu’elle espérait l’Education nationale. L’Alsacien Patrick Hetzel décrocherait l’Enseignement supérieur.
Parmi les ministres délégués ou secrétaires d’Etat, LR obtiendrait également le Commerce extérieur pour la sénatrice Sophie Primas, les Outre-mer pour le président de la commission des Lois au Sénat François-Noël Buffet, les Anciens combattants pour le député Jean-Louis Thiériot et la Laïcité pour Othman Nasrou, vice-président LR de la région Île-de-France.
Grande absente de cette liste : la gauche. D’après les noms évoqués, une seule personnalité intégrerait le gouvernement, à la Justice. Il s’agirait du président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), Didier Migaud, ex-premier président de la Cour des comptes et ancien député socialiste. Plusieurs socialistes, comme Philippe Brun ou Nicolas Mayer-Rossignol, ont indiqué avoir refusé d’entrer au gouvernement.
La montée des députés macronistes
La députée de Paris Astrid Panosyan-Bouvet irait au Travail. Bercy serait partagé entre un duo de députés macronistes : Antoine Armand (pour l’Economie et l’Industrie) et Mathieu Lefèvre (pour les Comptes publics), ce dernier étant rattaché cependant à Matignon. Reste à savoir s’ils seraient chapeautés par un ministre des Finances comme le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau. La députée du Nord Violette Spillebout, proche de Gérald Darmanin, irait à l’Education nationale et le député de Paris Benjamin Haddad aux Affaires européennes. Deux membres du parti Horizons d’Edouard Philippe intégreraient le gouvernement : le député du Nord Paul Christophe aux Affaires sociales et sa collègue du Val-d’Oise Naïma Moutchou qui pourrait obtenir un poste de ministre déléguée à la Justice.
Si la composition du gouvernement se dessine, son programme, lui, reste flou. La déclaration de politique générale de Michel Barnier le 1er octobre devrait l’éclaircir. A l’issue de la réunion avec les chefs de partis jeudi, le Premier ministre s’est contenté d’un communiqué très général annonçant son intention “d’améliorer le niveau de vie des Français et le fonctionnement des services publics, particulièrement l’école et la santé, de garantir la sécurité, maîtriser l’immigration et faire progresser l’intégration”. Il souhaiterait également “encourager (les) entreprises et (les) agriculteurs et conforter l’attractivité économique de la France, maîtriser (les) finances publiques et réduire la dette écologique”. Contrairement aux précédents échos, le Premier ministre aurait également affirmé à Gabriel Attal qu’il n’envisageait pas de “hausse d’impôts sur les classes moyennes et les Français qui travaillent”.
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