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Comment profiter de la folle hausse du cours de l’or


Elle pèse 28,35 grammes et n’a jamais valu aussi cher que cette année : l’once d’or se négocie 2 500 dollars, un niveau proche de son record historique de 2 531 dollars atteint en août 2024. Soit 1 000 dollars de plus qu’il y a cinq ans ! La principale explication de cette récente envolée est à chercher du côté de la demande d’or physique. “Les banques centrales émergentes, notamment chinoise, procèdent à des achats massifs depuis trois ans, ce qui contribue à faire grimper les cours. Pékin cherche en effet à réduire sa dépendance au dollar, alors que ses réserves sont aujourd’hui largement investies en bons du Trésor américain”, indique Arnaud du Plessis, gérant du fonds CPR Invest Global Gold Mines chez CPR Asset Management.

Les clignotants restent au vert pour les prochains mois, cette fois dans un contexte de baisse des taux directeurs aux Etats-Unis. En effet, l’or ne procurant pas de rendement (contrairement aux actions et aux obligations), il est traditionnellement moins recherché quand les taux d’intérêt sont élevés, et, inversement, il enregistre un regain d’intérêt lorsque ceux-ci diminuent. Or, la Réserve fédérale américaine devrait commencer à baisser ses taux d’ici à la fin de l’année si l’inflation entame son reflux. “L’once pourrait se diriger vers un nouveau record à 2 800, voire 3 000 dollars, d’ici à douze mois”, anticipe Alexandre Baradez, analyste marchés chez IG.

Le métal jaune conserve également son statut de valeur refuge vers laquelle les investisseurs se tournent lorsque tout va mal. La guerre en Ukraine, la situation au Proche-Orient et les tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Chine influent régulièrement sur les cours. D’un point de vue plus structurel, l’or constitue aussi une bonne source de diversification. “Détenir entre 2 % et 5 % de son patrimoine sous forme d’or a du sens, car cela permet de le protéger contre l’inflation”, préconise Benoist Lombard, le président de Maison Laplace.

Plusieurs solutions s’offrent aux investisseurs intéressés. La plus classique consiste à acheter des pièces comme le Napoléon 20 francs, des lingots de 1 kilo ou des lingotins de 100, 250 ou 500 grammes auprès d’une officine spécialisée. Là encore, les cours sont proches des sommets : le lingot de 1 kilo a inscrit un record à 73 470 euros fin août, et vaut à présent un peu plus de 71 000 euros, soit 18 % de plus que fin décembre 2023

Autour de 3 % de frais

Les épargnants achetant des pièces et des lingots doivent régler autour de 3 % de frais. Compte tenu des sommes en jeu, il faut bien entendu les mettre à l’abri dans un coffre, chez soi, dans une agence bancaire ou encore via les solutions de stockage proposées par certains comptoirs. Par ailleurs, il est impératif de conserver l’ensemble des documents remis par l’intermédiaire lors de l’achat afin de pouvoir revendre, le jour venu, dans de bonnes conditions, notamment fiscales.

“Les pièces sont vendues dans des sachets scellés qui garantissent leur traçabilité, ils ne doivent pas être ouverts”, précise Laurent Schwartz, DG du Comptoir national de l’or. Les lingots sont quant à eux vendus avec un certificat d’authenticité garantissant leur titrage, c’est-à-dire la quantité d’or pur contenue. Il peut arriver que le prix d’une pièce ou d’un lingot soit supérieur à celui de son poids en or. On parle alors de prime. Celle-ci reflète l’offre et la demande : lorsque les acheteurs sont nombreux, la prime augmente, et inversement. L’idéal consiste à acheter lorsque la prime est faible, et à revendre lorsqu’elle est plus importante. “La prime s’élève à 4 % actuellement sur le Napoléon, un niveau raisonnable par rapport à une moyenne historique de l’ordre de 6 % à 8 %”, illustre Laurent Schwartz.

Il est aussi possible d’investir sur l’or via des placements financiers comme des ETC (exchange traded commodities), des titres cotés en Bourse sur Euronext dont le cours réplique l’évolution du cours de l’once d’or. Ces ETC proposés par Invesco, iShares, Xtrackers, Wisdom Tree ou encore Amundi sont investis en or physique. “Des lingots sont achetés – ou vendus – chaque jour en fonction de l’évolution de l’encours de notre produit, puis placés dans les coffres de la JPMorgan Chase à Londres”, relate Thibaud de Cherisey, responsable de la distribution ETF EMEA chez Invesco. Ces produits comportent toutefois une part de risque supplémentaire associée à leurs émetteurs, puisqu’il s’agit d’un placement financier. Mais les avantages sont nombreux : inutile de se soucier, comme pour l’achat de pièces ou lingots, du stockage. De plus, “on peut fractionner son investissement, puisque notre ETC cote autour de 225 dollars, alors qu’un lingot vaut 70 000 euros”, ajoute Thibaud de Cherisey. Enfin, les fonds répliquant le cours de l’or se négocient en Bourse à frais de courtage très réduits (de 0,1 à 0,50 %).

Autre solution, les fonds investis en actions de sociétés minières bénéficient eux aussi de l’envolée des cours de l’or : ils ont gagné 18,91 % depuis le 1er janvier (au 23 août), d’après Morningstar. Les mines d’or bénéficient directement de la hausse des cours de l’or. “Les coûts de production augmentent fortement depuis 2019 en raison de la hausse des prix de l’énergie et des salaires, mais la remontée du cours permet aujourd’hui aux entreprises de reconstituer leurs marges”, explique Charles-Edouard Bilbault, gérant de R-co Thematic Gold Mining chez Rothschild & Co. Asset Management, dont le fonds est diversifié sur des valeurs exploitant d’autres métaux, comme l’argent, le cuivre ou le nickel.

Quelques rares fonds sont exposés au cours de l’or, et non aux valeurs minières. C’est le cas d’OFI Invest Precious Metals, d’OFI Invest, dont l’objectif est d’offrir une exposition à l’évolution d’un panier de quatre métaux précieux (or, argent, platine et palladium), via des produits dérivés. Il progresse de 8,68 % sur un an. “Une exposition à un panier de métaux plutôt qu’à l’or uniquement assure une diversification suffisante pour répondre à la réglementation européenne UCITS, ce qui permet au fonds d’être éligible à l’assurance-vie”, précise son gérant Benjamin Louvet. Quant au fonds Or physique, de la Financière de la Cité, il s’agit d’un fonds professionnel (minimum d’investissement de 100 000 euros) investi en or physique conservé dans des coffres de la banque HSBC en Grande-Bretagne. Il est éligible aux contrats d’assurance-vie luxembourgeois, mais non aux contrats français.

A chacun son régime fiscal

En matière d’impôts, il existe plusieurs règles selon le support pour lequel vous avez opté. Les pièces et lingots d’or sont soumis à la taxe sur les métaux précieux de 11,50 % lors de la revente. Celle-ci est calculée non sur la plus-value réalisée, mais sur le montant de la cession. Elle s’applique donc même en cas de moins-value.

Il est cependant possible d’opter pour un autre régime fiscal, plus avantageux, à condition de pouvoir justifier de la date et du prix d’achat de ses pièces et lingots par une facture. Dans ce cas, c’est la taxe sur les plus-values de 36,2 % qui s’applique, après un abattement de 5 % par an à partir de la deuxième année, ce qui correspond donc à une exonération totale après vingt-deux années de détention. Dans la pratique, il faut vérifier quel régime est le plus avantageux en fonction de la date d’achat et de la plus-value.

La fiscalité de l’or papier est très différente : les gains réalisés sur les fonds investis en mines d’or et sur les ETC exposés à l’or sont soumis au prélèvement forfaitaire unique de 30 %, comme pour l’ensemble des valeurs mobilières détenues sur un compte-titres. Les investissements réalisés dans le cadre de l’assurance-vie bénéficient quant à eux de la fiscalité favorable de cette enveloppe.

Un article du dossier spécial “Les meilleurs placements de la rentrée”, publié dans L’Express du 19 septembre.




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