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Présidentielle américaine : “Divine Nine”, le réseau qui pousse fort derrière Kamala Harris


Février 2021. La nouvelle vice-présidente fait la Une de Vogue Magazine. Devant un fond vert pomme drapé d’une toile de soie rose, Kamala Harris pose en jean slim converse. Le style décontracté de la tenue est nuancé par un collier de perles ocres qui habille son cou. Le profane se borne à y voir une mise en scène léchée, typique des couvertures du célèbre titre de mode. L’averti y décèle le message politique.

Et pour cause, le choix des couleurs et des accessoires n’est autre qu’un clin d’œil à l’Alpha Kappa Alpha (AKA), une association de soutien aux femmes afro-américaines. Née en 1908 sur les bancs de l’université Howard – l’alma mater de Kamala Harris – l’association fait partie d’un réseau de neuf mouvements de sororité afro-américaine baptisée “Divine Nine” et compte parmi ses membres des figures éminentes de la lutte pour les droits civiques. À l’instar de Martin Luther King Jr., ou encore de Shirley Chisholm, la première femme noire à se présenter à l’élection suprême en 1972.

Dans le sillage de sa tante Christine Simmons, élève à Howard dans le milieu du XXe siècle, Kamala Harris, alors étudiante en sciences politiques entre dans l’association à la fin des années 80, et ne la quittera plus. “Vous prenez l’engagement de rester impliqué toute votre vie […] c’est un engagement qui dépasse largement la vie universitaire”, expliquait notamment à nos confrères du Wall Street Journal Glenda Glover, ancienne présidente internationale d’Alpha Kappa Alpha.

“Une famille” à vie pour Kamala Harris

Aussi, le 10 juillet dernier, Kamala Harris assiste-t-elle au rassemblement annuel des Divine Nine. Devant un parterre de plusieurs centaines de personnes, celle qui n’est encore que candidate à la vice-présidence des Etats-Unis prend la parole : “À mes sœurs de ligne, les 38 joyaux de la splendeur irisée : vous avez joué un rôle incroyable dans mon parcours.” Un moment quasi prophétique tant le ton a des airs de meeting. Dix jours plus tard, Joe Biden se retire de la course à la Maison-Blanche. L’ancienne procureure de San Francisco devient ainsi la première membre des Divine Nine à être propulsée au rang de candidate officielle du parti démocrate à la présidentielle américaine.

Une consécration pour l’association créée dans un contexte de fortes discriminations raciales, où il était interdit aux étudiants afro-américains de rejoindre des fraternités et sororités blanches. Dans les colonnes du Wall Street Journal, la présidente du Conseil national panhellénique, un groupe qui coordonne les neuf associations composant les Divine Nine, se dit ainsi très fière pour celle qu’elle désigne comme “une sœur”. “C’est un chemin que beaucoup de femmes attendaient et soutiennent avec enthousiasme”, fait notamment valoir Donna Jones Anderson.

Un ascenseur social

Plus d’un siècle après sa formation, le réseau est considéré comme le mouvement de sororité le plus puissant des Etats-Unis. Plus de 60 % des membres actuels du Caucus noir du Congrès américain sont affiliés aux organisations des Divine Nine. Et trois des quatre femmes afro-américaines ayant dirigé des entreprises appartenant au classement “Fortune 500” – les 500 premières entreprises américaines en matière de chiffres d’affaires – appartiennent à une des neuf sororités noires.

À nos confrères du Wall Street Journal, Chris Rey, président international de la fraternité Phi Beta Sigma explique : “Une grande partie de la communauté afro-américaine est économiquement désavantagée, nous avons donc la responsabilité de revenir et d’aider davantage de personnes.” Ainsi, la moitié des membres de Phi Beta Sigma gagnent plus de 100 000 dollars par an, et 10 % plus de 200 000 dollars à l’année.

Une machine à récolter des dons

Mais les aptitudes de ces réseaux ne se bornent pas à trouver des postes haut placés à leurs membres. Bien qu’apartisans, les Divine Nine jouent de surcroît un rôle dans les scrutins électoraux. En aidant leurs membres à lancer des campagnes par exemple. Ou encore en récoltant des deniers via d’immenses campagnes de dons. Aussi, plusieurs d’entre-eux ont-ils fait le choix de constituer des super PACs (pour Political action commette).

C’est notamment le cas de la sororité de Kamala Harris, Alpha Kappa Alpha. En 2020, l’AKA aurait réuni des centaines de milliers de dollars au moyen de dons individuels de 19,08 dollars. Une référence directe à l’année de fondation de l’AKA. Au même moment, l’association avait organisé la célèbre campagne “Stroll to the Polls”. Une initiative qui consistait à se filmer en dansant et marchant jusqu’aux bureaux de vote afin d’inciter les électeurs afro-américains à se rendre aux urnes.

Parmi les autres symposiums lancés par les confréries des Divine Nine figurent également le Brown and Gold Public Affairs PAC, formé par des membres de la fraternité Iota Phi Theta, le Alpha Political Action Committee, le Krimson PAC, le Omega Network for Action ou encore le SIGMA Political Action Committee 1914. Cet été, tous ont réitéré leur engagement de mener des collectes de fonds avec en ligne de mire, un objectif : faire de Kamala Harris la première “sœur” à rejoindre la Maison-Blanche.




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