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Israël-Liban : comment Netanyahou se rachète une popularité


Il y a la scène internationale. Une exaspération de plus en plus prononcée à l’égard de Benyamin Netanyahou. De cette guerre qui semble sans fin à Gaza, de la crainte de (re)transformer le Liban en un théâtre de guerre sanglant, d’un conflit généralisé contre l’Iran qui ferait basculer le Proche-Orient et le monde entier dans un avenir bien sombre. “Gaza est un cauchemar permanent qui menace d’emporter toute la région dans le chaos”, a répété le patron de l’ONU Antonio Guterres à la tribune ce mardi. “Une guerre généralisée n’est dans l’intérêt de personne”, a affirmé le président américain Joe Biden. “Rien, aucune aventure régionale, aucun intérêt privé, aucune fidélité à quelque cause que ce soit ne mérite de déclencher un conflit au Liban”, a quant à lui voulu prévenir Emmanuel Macron.

En Israël aussi, c’est peu dire que la chute de la confiance envers le Premier ministre israélien avait été forte après les attentats du 7 octobre, et cet échec patent du gouvernement et des renseignements israélien à anticiper et se prévenir de la plus importante attaque terroriste de l’histoire contre l’Etat hébreu. Cette déroute s’était traduite très concrètement dans les sondages : disposant de 32 des 120 sièges dans la Knesset actuelle, le parti de “Bibi”, le Likoud, avait chuté à un peu plus d’une quinzaine d’élus si des élections législatives étaient organisées. Une rupture totale envers Netanyahou qui suivait déjà sa réforme tant controversée de la justice israélienne, et qui semblait définitivement enterrer le Premier ministre israélien.

“Netanyahou s’est définitivement remis de l’effondrement de l’après-guerre”

Mais la réalité à l’ONU n’est pas celle en Israël. Et si à l’international, l’agacement des dirigeants occidentaux ne semble que s’accentuer, dans son pays, la situation semble s’inverser. Ainsi, depuis plusieurs mois, la popularité de Benyamin Netanyahou repart à la hausse. “Benyamin Netanyahou s’est définitivement remis de l’effondrement de l’après-guerre”, affirme auprès du Financial Times Dahlia Scheindlin, analyste politique et spécialiste des sondages en Israël. Il semble notamment tirer profit de la prise d’initiative et l’agressivité d’Israël contre ses ennemis dans la région, notamment l’Iran et le Hezbollah, malgré le risque redouté d’un embrasement du Proche-Orient.

L’action de plus en plus agressive d’Israël “au niveau régional” a ainsi joué un rôle dans sa réhabilitation, insiste Dahlia Scheindlin auprès du FT, avec les assassinats de certains leaders du Hamas et du Hezbollah au Liban et en Iran. “Netanyahou perd sa crédibilité sur Gaza parce qu’il promet trop souvent une ‘victoire totale’ et que, sondage après sondage, les gens pensent que ses décisions sont dictées par ses besoins politiques plutôt que par l’intérêt public. Le sentiment de ralliement autour du drapeau est beaucoup plus fort lorsqu’il s’agit du Hezbollah et de la menace d’une escalade dans la région”, poursuit-elle. Ainsi, selon les sondages réalisés ces deux dernières semaines, le Likoud remporterait plus d’une vingtaine de sièges, ce qui ferait de nouveau de lui le parti comptant le plus d’élus dans une Knesset fracturée.

Un regain de popularité à relativiser ?

Alors, tout serait oublié ? La centaine d’otages toujours retenus à Gaza ? La menace de représailles du Hezbollah et de l’Iran qui plane notamment sur les habitants du nord d’Israël. La situation est plus complexe que ça. A commencer par une réalité : très loin d’être adulé dans son pays, “Bibi” profite surtout d’une absence d’opposition forte pouvant incarner une réelle alternative au pouvoir. Benny Gantz, son rival centriste, a perdu de sa popularité depuis son départ en juin dernier du cabinet de guerre formé après le 7 octobre. Yaïr Lapid, leader de la principale force d’opposition, a quant à lui également perdu en crédibilité depuis son passage express à la tête du gouvernement israélien en 2022, et est également considéré comme une moins bonne option au poste de Premier ministre que Netanyahou dans les dernier sondages.

En fin de compte, la principale opposition à Netanyahou semble venir de sa propre coalition. Avec d’un côté son ministre de la Défense Yoav Gallant, qui ne cache plus son agacement quant à l’absence d’accord à Gaza pour libérer les otages toujours retenus par le Hamas. Et de l’autre, l’aile ultraorthodoxe d’extrême droite, qui refuse de reculer d’un centimètre sur la guerre contre le Hamas ou sur la colonisation illégale en Cisjordanie.

Surtout, même si le Likoud de “Bibi” arriverait en tête avec une vingtaine de députés, il resterait bien loin des 61 sièges nécessaires pour être en capacité de gouverner. Et resterait toujours davantage prisonnier de son alliance avec l’extrême droite ultraorthodoxe, incarnée par des personnalités plus que controversées et inquiétantes comme le ministre des Finances Bezalel Smotrich ou le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir. D’autant plus qu’en face de lui, aucune autre force politique ne semble actuellement en capacité de trouver une majorité alternative. En 2021, il avait fallu une alliance allant du parti islamiste aux juifs ultraorthodoxes et aux divers partis d’extrême droite pour parvenir à chasser Netanyahou du pouvoir. Autant dire que ce scénario paraît bien improbable depuis le 7 octobre.

Pour le Premier ministre israélien, un détail est également non négligeable : hormis dissolution et scrutin anticipé, les prochaines élections législatives israéliennes ne doivent se tenir qu’en 2026. Tant de choses peuvent encore se produire d’ici là, au vu du grand flou dans lequel se trouve actuellement toute la région. Sera ainsi jugée sa gestion à plus long terme de la guerre contre le Hamas et le Hezbollah. Mais une chose est cependant certaine. Toujours annoncé battu, fini politiquement, Benyamin Netanyahou l’a systématiquement prouvé : il ne faut jamais l’enterrer trop vite.




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