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Mark Rutte à la tête de l’Otan : une bonne nouvelle pour l’UE


Dans les couloirs de l’immense quartier général de l’Otan, à Bruxelles, certains comptaient les jours : enfin, Jens Stoltenberg plie bagage ! Après dix années de bons et loyaux services, le Norvégien cède la place de secrétaire général, ce mardi 1er octobre, à Mark Rutte, désigné fin juin par les 32 Etats membres de l’Alliance atlantique. Le Néerlandais prend ainsi possession du bureau dont le seul véritable élément de décoration est une grande moquette bleue avec l’étoile à quatre branches du drapeau de l’Otan.

Incarnation de l’unité otanienne, le secrétaire général n’en est pas le dirigeant. Les décisions politiques relèvent du Conseil de l’Atlantique Nord, qui regroupe l’ensemble des Etats membres et nécessite leur unanimité. Il n’empêche qu’il joue un rôle crucial dans la bonne tenue des travaux et discussions entre les représentants des nations. Sur ce point, en interne, le leadership de Stoltenberg, dont la fin de mandat a été repoussée de deux ans avec l’invasion russe de l’Ukraine, était critiqué pour une approche trop verticale des thématiques de travail.

Surtout, il lui était reproché, et en particulier à ses plus proches conseillers, une indifférence, si ce n’est, dans certains cas, une forme d’aversion, pour ce qu’est et ce que fait l’Union européenne, dont les principales institutions se trouvent également dans la capitale belge. “Ils ne tenaient pas compte de ce que l’UE pouvait faire en complémentarité de l’Otan”, regrette un bon connaisseur des arcanes de l’Alliance. Entre autres sujets concernés : l’aide à l’Ukraine et la politique industrielle de défense. Le fait que Jens Stoltenberg vienne d’un pays, la Norvège – qu’il a dirigé presque une décennie –, situé hors de l’Union européenne, n’a évidemment pas aidé.

Du côté des Etats à la fois membres de l’Union européenne et de l’Otan, on se félicite donc de l’arrivée de Mark Rutte. Ce libéral-conservateur, réputé plus chaleureux que son prédécesseur, est l’un des plus habiles politiciens du continent. Il est parvenu à constituer des gouvernements de coalition à quatre reprises, à sa gauche ou à sa droite. Il s’est révélé être un négociateur redoutable lors des différentes crises qu’a eu à affronter l’Europe et avait joué un rôle non négligeable pour brosser dans le sens du poil le président Donald Trump, lorsque celui-ci menaçait les alliés pour leur manque d’investissement dans leurs défenses.

“Avec Rutte à l’Otan et de nouveaux dirigeants à la tête de l’Union européenne, il y a l’occasion de faire beaucoup mieux coïncider les politiques des deux institutions”, explique une source diplomatique. En plus du prochain président du Conseil, le Portugais Antonio Costa, et de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, deux anciens Premier ministres baltes devraient porter cette ambition, du côté de l’UE : le Lituanien Andrius Kubilius, commissaire à la Défense, et l’Estonienne Kaja Kallas, nouvelle cheffe de la diplomatie européenne, connue pour son soutien énergique à l’Ukraine.




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