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Nouveau gouvernement Barnier : survivre à tout prix, par Jean-François Copé


Fin du suspense, la France a enfin un nouveau gouvernement. Editorialistes et responsables politiques ressortent les concepts de sciences politiques pour définir la situation nouvelle au sein de l’exécutif : cohabitation, coalition, ou un mélange des deux ? Certains macronistes, toujours fidèles au “en même temps”, ont même inventé le néologisme de “coalitation” pour qualifier cet équilibre inédit. Pourtant, le mot juste pour décrire ce nouvel exécutif est bien plus simple : un gouvernement de survie.

En effet, c’est l’obligation de survivre qui occupera tous les esprits dans les mois à venir. Celle du gouvernement bien sûr mais aussi celle d’un régime institutionnel auquel de Gaulle avait donné une remarquable solidité et que l’incurie des présidents successifs a progressivement déconstruit pour satisfaire les effets de mode.

Un avis de tempête parlementaire

Si la fin septembre aura été dédiée à éteindre les départs d’incendies au sein de son propre gouvernement, c’est bien un avis de tempête parlementaire qui attend Michel Barnier dès octobre à l’Assemblée nationale avec le vote du budget. Dans un contexte politique inflammable, extrême gauche comme extrême droite n’ont pas caché leurs intentions. Jean-Luc Mélenchon prétend se “débarrasser aussitôt que possible” de ce gouvernement sans “légitimité ni futur”. Avant même le discours de politique générale, le choix est fait par le Nouveau Front populaire de déposer une motion de censure. Fidèle aux pratiques de La France insoumise, l’hémicycle sera comme depuis 2022 le lieu de toutes les passions et de toutes les provocations. De l’autre côté de l’échiquier, le RN opte pour une autre stratégie : celle du poker menteur. Sur X, Marine Le Pen a rappelé le fait que “ne pas avoir posé de censure préalable, ne […] prive pas de la possibilité de voter une censure”. Mais, prendra-t-elle le risque – suicidaire pour elle – de provoquer le chaos en s’alliant avec l’extrême gauche ?

Car une motion de censure adoptée provoquerait instantanément une crise institutionnelle, d’autant plus grave qu’aucune dissolution de l’Assemblée n’est possible avant le 9 juin 2025 ! Un véritable saut dans l’inconnu alors que les extrêmes sont aux portes du pouvoir et que la société française a rarement été autant fracturée. Cependant, l’erreur fatale serait de céder à l’immobilisme par peur. Le gouvernement Barnier est certainement l’une des dernières chances pour la droite de gouvernement de démontrer aux Français sa capacité de répondre à leurs angoisses dans au moins un domaine, le rétablissement de l’ordre : ordre dans la rue, dans les comptes publics, à l’école, et à nos frontières. C’est non seulement la survie du gouvernement qui est en jeu mais au-delà, celle de tous les partis qui fondent leurs discours sur la vérité, la raison et proposent des solutions concrètes et nécessaires aux Français. Le résultat de son action aura des conséquences non seulement à court terme mais aussi en 2027. Car à l’heure où les candidats issus des partis de gouvernement sont légion à se rêver un destin présidentiel, la réussite de Michel Barnier doit être considérée comme un prérequis à toute ambition personnelle.

Certes, je l’ai souvent évoqué, l’insécurité est la première de nos préoccupations. Mais notre stabilité financière est aussi gravement menacée. Les Français, à qui on ne dit jamais la vérité, découvrent que leur pays est sous le coup d’une procédure pour déficit excessif à Bruxelles. Alors que le déficit devrait dépasser les 6 % en 2024, ce n’est pas moins de 30 à 50 milliards d’euros d’économies – c’est-à-dire par une baisse des dépenses publiques, pas une hausse des impôts – qu’il faudra trouver dès les prochaines semaines pour échapper à une sanction majeure des marchés déjà très inquiets. Et tout cela dans un contexte international explosif qui exige que la France retrouve le plus vite possible sa crédibilité.

On aurait donc tort de croire que les prochains mois seront uniquement décisifs pour le gouvernement Barnier. C’est, sans grandiloquence aucune, l’avenir de notre pays qui est en jeu. Oui, vraiment, le mot juste c’est : survie.




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