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“On est dans l’attente” : à l’Assemblée, le Nouveau Front populaire peine à trouver son rôle


“Disons que le temps est comme qui dirait… suspendu. On est dans l’attente”. La députée écologiste Lisa Belluco est au diapason de ses collègues de gauche. Tous sont spectateurs impuissants des premiers pas de Michel Barnier, entre formation chaotique du gouvernement et premiers couacs au sein de l’exécutif. “On est condamnés à être en réaction”, souffle le député du Parti socialiste Dominique Potier. “Il y a du spleen à gauche”, résume son homologue PS Philippe Brun.

Est-ce une phase de décompression ? La gauche a particulièrement été sujette à l’ascenseur émotionnel, ces trois derniers mois. De l’improbable première place aux législatives, à l’apparition furtive – mais source d’espoir – de Lucie Castets, en passant par les tentatives infructueuses de prendre la tête du gouvernement… Et puis le sentiment de trahison, les procès en “illégitimité” du nouvel exécutif. La coalition a d’ailleurs, et contrairement au Rassemblement national, dévoilé ses cartes : les députés du NFP seront de farouches opposants au gouvernement de Michel Barnier, en le censurant d’entrée de jeu.

Au risque de l’invisibilisation ? “La visibilité du RN dans la séquence du discours de politique générale nous permettra surtout de montrer que Marine Le Pen tient en laisse le gouvernement. Et que nous sommes la seule opposition”, nuance Danielle Simonnet, l’ancienne Insoumise désormais dans le groupe “écologiste et social”. “On clarifie les choses, contrairement à l’extrême droite. Ce qui ne nous empêchera pas de participer à la construction de certains textes”, abonde un conseiller parlementaire rose.

“Avoir notre propre séquence”

Tenter, autant que possible, d’attirer la lumière. Jeudi dernier, les quatre présidents de groupe à gauche se sont entretenus par visioconférence, pour convenir de l’attitude à adopter lors de ces deux prochaines semaines de session parlementaire. Ainsi, le Nouveau Front populaire déposera-t-il une motion de censure en fin de semaine et la défendra une semaine après le discours de politique générale de Michel Barnier. Une motion dite “politique” : “Elle sera réorientée sur le contenu du DPG, et pas seulement sur le “déni de démocratie”, explicite un chef de groupe. Cela permettra donc de rebondir sur ce qui a été proposé par le Premier ministre, être davantage sur le fond que sur l’affichage.” L’objectif est double : éviter d’apparaître comme une opposition pavlovienne, en suscitant un supplément d’intérêt médiatique. “Ça permettra d’avoir deux moments importants à l’Assemblée, et d’avoir notre propre séquence”, souffle une huile rose…

Tenter, autant que possible, d’apparaître unis malgré la double hégémonie socialo-insoumise, source de tensions au sein de la coalition ? D’un commun accord, c’est finalement le Parti socialiste qui devrait défendre cette motion de censure dite “unitaire”, car signée en amont par l’intégralité des parlementaires du NFP. “Il y a chez les Insoumis, une volonté de mettre un peu d’eau dans leur vin. Et de la part des socialistes de ne plus apparaître sous la tutelle de LFI”, analyse un parlementaire communiste. Ainsi certains présidents de groupes ont-ils suggéré que les députés de l’union des gauches “marquent le coup” d’une entrée commune dans l’hémicycle, le 1er octobre. Sans que la proposition n’emporte l’enthousiasme des socialistes. En cette XVIIe législature, il n’y aura pas non plus d’intergroupe… Celui de la Nupes avait laissé quelques mauvais souvenirs. Permettez à l’union d’avoir quelques limites !

Vertiges

Passée cette séquence, certains sont pris de vertiges. “C’est difficile de se projeter dans la législature. On ne sait pas s’il y aura une dissolution, et il est évident que cela complique le travail parlementaire au sens strict, ça n’est pas très engageant, regrette Arnaud Le Gall, député LFI. Mais on continue de mettre en œuvre un ensemble d’action dans nos circonscriptions”, relativise-t-il. Le spleen revient, souvent. “Le spleen, c’est l’absence de perspective”, renchérit Philippe Brun, qui assure que le budget en est une. “La gauche n’a pas dit qu’elle le censurerait automatiquement. En tout cas, elle pourra contribuer au débat budgétaire, le faire évoluer. Se mettre en position de responsabilité, même si l’on ne pourra jamais revenir sur le lead originel de ce gouvernement, sous la tutelle de l’extrême droite.”

D’autres appellent directement à penser l’après-Barnier. Mais au Nouveau Front populaire, le futur n’a rien d’univoque. “L’après”, pour certains, n’est autre que Lucie Castets, encore largement soutenue par les Insoumis et Jean-Luc Mélenchon. “La nostalgie d’un été conquérant”, ironise un député de gauche. Pour d’autres, il sera temps de nouer de nouvelles alliances, ouvertes au centre.

Ceux-là n’ont pas manqué de saluer l’annonce du député Sacha Houlié, macroniste originel en rupture de ban : ce dernier a affirmé pouvoir censurer le gouvernement de Michel Barnier. Mardi dernier, Jean-Luc Mélenchon avait qualifié les membres de l’aile gauche du parti présidentiel de “passe-plats du RN”, sans “convictions, ni consciences.” Bernard Cazeneuve, pressenti à l’été pour Matignon, s’est lui affiché le week-end dernier en allié du Modem, lors de l’université d’été de la formation de François Bayrou. Michel Barnier n’a pas encore prononcé son discours de politique générale. Mais “l’après”, c’est maintenant.




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