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Moyen-Orient : un conflit désinhibé aux airs de guerre froide, par Eric Chol


“La Palestine devrait inciter à la prudence en ce qui concerne les promesses : terre promise ou terre conquise ? En tout cas, terrain de bataille”, disait Ben Gourion, père fondateur de l’Etat d’Israël (1). Trois quarts de siècle après, la bataille se poursuit, en toute désinhibition. Le conflit israélo-palestinien est revenu au cœur de l’actualité, depuis l’attaque atroce du 7 octobre 2023 par les terroristes du Hamas, infligeant aux Israéliens la marque la plus sanglante depuis la Shoah.

Sans retenue, le gouvernement de Netanyahou a répondu par la guerre. Une réponse frontale. Une réponse surtout existentielle de la part d’une démocratie dont le Hezbollah et le Hamas ont juré la destruction. Les représailles massives de la part de l’Etat hébreu ne devraient surprendre personne. Netanyahou ou un autre, le réflexe de survie aurait été semblable.

Les prudes diplomates évoquent la disproportion dans la réplique israélienne, pour ne pas heurter des opinions occidentales désorientées par la violence des images. Faut-il rappeler la liste des actes terroristes commis par le Hezbollah ou le Hamas ? Faut-il oublier les bras armés qui ont téléguidé ces fous de Dieu ? Car loin de se limiter à un nouvel affrontement entre Israéliens et Palestiniens, la bataille à laquelle on assiste ressemble à s’y méprendre à une resucée de la guerre froide, ou plutôt, comme l’écrit l’éditorialiste du New York Times Thomas Friedman, de “l’après-après-guerre froide”.

Où se situer dans cette bataille mondiale ?

Exit Staline, exit Truman. La guerre Est-Ouest d’hier a laissé la place à un affrontement entre un Occident désemparé où surnagent les Etats-Unis et un “camp de la résistance”, formé par l’Iran, la Russie, la Corée du Nord, avec l’appui tacite de la Chine. La naïveté consisterait à pratiquer le “en même temps”, doctrine française, qui n’a fourni aucune preuve de son efficacité, et passe surtout à côté de l’essentiel. A savoir où se situer dans cette bataille mondiale. Et nommer les terroristes, surtout quand il s’agit de Hassan Nasrallah, à la tête d’un mouvement qui “a du sang français sur les mains”, rappelle l’eurodéputée Nathalie Loiseau à L’Express.

Les Etats-Unis ont choisi, même s’ils ne veulent pas le crier trop fort avant l’élection présidentielle. Depuis le 7 octobre 2023, ils ont beau réclamer un cessez-le-feu et protester contre les oukases de Benyamin Netanyahou, ils lui accordent armes et munitions. Pour une raison simple, rapporte Fabrice Balanche, maître de conférences à l’université Lyon II : “Si les Etats-Unis lâchent leur allié israélien, c’est un boulevard pour les Iraniens, et derrière eux, les Russes et les Chinois.”

Benyamin Netanyahou est détestable, plus que Donald Trump. Mais les coups portés contre les responsables du Hamas et du Hezbollah ont ébranlé “l’axe de la résistance”, et “les fondements moraux de 1945 ne sont plus opérants”, juge Gilles Kepel, auteur du Bouleversement du monde (Plon). “Le monde d’après reste à reconstruire, à condition d’abord de faire la paix.”

(1) Les Secrets de la création de l’Etat d’Israël. Journal 1947-1948, éd. La Martinière, 2012.




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