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“Milo”, de Laurent Combalbert : plongée dans l’antre d’un négociateur


Il est toujours instructif d’aller voir les écrivains chez eux et d’explorer leur bureau, qu’il soit baroque, comme le bunker près de Locarno, en Suisse, de Patricia Highsmith, où elle vivait entourée de ses chats, ou la maison londonienne de la baronne P. D. James, à Holland Park Avenue ; calfeutré, tel l’appartement parisien d’une Françoise Sagan pressée d’en finir avec nous, nous montrant du doigt le divan sur lequel elle travaillait, “mollement allongée” (“Tous les médecins vous le diront d’ailleurs, c’est une très bonne chose, le sang irrigue la tête….”) ; sportif, à l’instar du chalet savoyard de Jean-Christophe Rufin ; silencieux, tels le presbytère de Michel Tournier à Choisel ou l’ancien clos du couvent des Ursulines de Jules Roy face à la basilique de Vézelay. Mais restons-en là des souvenirs, de l’action !

Justement, il est question d’action, avec Laurent Combalbert, ex-policier d’élite du Raid, négociateur de son état, “réfugié” à 2 heures de Paris. Pas d’yeux bandés pour rejoindre à partir de Joigny (Yonne) le repaire du patron de The Trusted Agency de 53 ans qui publie Milo après Négo (prix Sang pour Sang Dard) et L’Organisation (tous chez Calmann-Lévy), autant de thrillers qui lui permettent d’appliquer les ficelles du métier tout en s’inspirant de ses 3 000 négociations en tous genres (kidnapping, extorsion de fonds, tensions sociales). Dans son camp retranché qui cache bien son jeu avec ses allures de tranquille campus lodge, niché dans 12 hectares de forêt, mais dont on s’aperçoit vite qu’il est truffé de caméras et de satellites, Combalbert, accompagné de sa femme, Stéphanie, directrice des opérations, résout des crises, organise des formations… Et écrit, de 4h30 à 6h30 du matin, en position debout ou assise selon son humeur.

C’est à ce rythme qu’il a achevé Milo en quatre semaines, nous dit-il. C’est que son héros, le négociateur privé Stanislas Monville (Stanislas comme le Borowitz/Belmondo de Flic et voyou et Monville, nom de sa grand-mère), a cette fois-ci pour mission de sauver Céline Cluzel, une brillante chirurgienne du service de santé des armées en mission pour une ONG, kidnappée en Haïti, pays bien connu de l’auteur pour y avoir œuvré à cinq reprises. Céline n’est pas une kidnappée comme les autres (ils sont environ 1 000 par an à Port-au-Prince gangrenée par les gangs), elle doit opérer Elena Orasca, l’ex-femme de Milo Louchenko prête à témoigner des horreurs perpétrées par ce mafieux franco-russe que le juge d’instruction antiterroriste va devoir libérer si Elena ne peut comparaître. Le temps presse.

A Port-au-Prince, entouré de sa fidèle équipe – Moïse, un ancien du Mossad, Nathalie, ex-psychologue au sein de la police québécoise – Stan entame les pourparlers avec les ravisseurs, menés avec des principes “simples” : poser les limites dès le début de la négociation, exiger de parler à l’otage pour, notamment, lui insuffler de l’espoir et dire non à la première demande (en l’occurrence un million de dollars) afin de donner de la valeur à ce que l’on va ensuite céder. “D’après les statistiques, on paye de 0,5 % à 12 % de la rançon demandée”, nous confirme l’auteur polyglotte (il manie parfaitement l’anglais et l’espagnol), qui “avoue” un taux de 100 % de succès sur ses missions à enjeux vitaux – danger de mort ou arrestation arbitraire – grâce, notamment, à son réseau de quelque 300 personnes à travers le monde et aux 40 équipiers français de l’agence, anciens des unités d’élite pour la plupart. Mais revenons à Milo, qui se dévore. Nul doute, le métronome Combalbert peut continuer à se lever de bonne heure.




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