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Ouragan Milton : comment le changement climatique rend les tempêtes plus violentes


Une dizaine de jours seulement après avoir été frappé par Hélène, l’Etat de Floride se prépare à l’arrivée, prévue dans la nuit de mercredi à jeudi, d’un nouvel ouragan majeur, Milton. Repassée en catégorie maximale mardi, la tempête pourrait être “la pire” à frapper cette péninsule “en un siècle” selon le président Joe Biden. Avec des vents pouvant aller jusqu’à 270 km/h, des “fluctuations d’intensité” sont probables avant que l’ouragan ne touche la côte ouest de la Floride. “Vous devez évacuer maintenant, c’est une question de vie ou de mort”, a lancé le président américain à l’intention des habitants du troisième Etat le plus peuplé du pays.

Quel rôle joue le changement climatique dans l’intensification rapide des tempêtes ? Selon les scientifiques, il augmente le risque d’ouragans plus puissants en réchauffant les eaux des mers et des océans. Les températures de l’Atlantique nord évoluent sans discontinuer depuis plus d’un an à des niveaux de chaleur record, selon des données de l’observatoire météorologique américain (NOAA).

Selon un rapport publié ce mercredi 9 octobre par le groupe World Weather Attribution (WWA), les pluies torrentielles et les vents puissants de l’ouragan Hélène ont été ainsi rendus 10 % plus intenses par le changement climatique. Même si ce chiffre de 10 % “peut paraître relativement bas, il est très important de souligner […] qu’un petit changement en termes de danger peut vraiment conduire à un gros changement en termes d’impact et de dégâts”, a souligné Friederike Otto, à la tête du réseau World Weather Attribution (WWA).

Ces travaux montrent également que les énergies fossiles – principales responsables du réchauffement de la planète – ont rendu des ouragans comme Hélène 2,5 fois plus probables dans cette région. Autrement dit, au lieu d’être attendus tous les 130 ans, ils sont désormais susceptibles de se produire tous les 53 ans en moyenne.

Pour étudier Hélène, les scientifiques se sont concentrés sur trois aspects distincts : les précipitations, les vents et la température de l’eau dans le Golfe du Mexique – un facteur clé dans sa formation. “Tous les aspects de cet événement ont été amplifiés par le changement climatique à des degrés divers”, a déclaré lors d’une conférence de presse Ben Clarke, co-auteur de l’étude et chercheur à l’Imperial College de Londres. “Et nous assisterons à d’autres phénomènes de ce type à mesure que la planète continuera à se réchauffer”, a-t-il ajouté.

Des ouragans destructeurs

Hélène a touché terre le 26 septembre dans le nord-ouest de la Floride, avec des vents soufflant à 225 km/h. L’ouragan a ensuite progressé vers le nord, déclenchant des pluies torrentielles à l’intérieur des terres dans plusieurs Etats, notamment en Caroline du Nord où il a fait le plus de victimes. Les auteurs de l’étude ont souligné ce risque désormais accru au-delà des seules zones côtières. Hélène “était si puissant” que perdre cette énergie a pris du temps, or l’ouragan “se déplaçait vite […] donc il a pu s’enfoncer rapidement dans les terres”, a expliqué Bernadette Woods Placky, météorologue chez l’ONG Climate Central.

Le WWA évalue régulièrement le lien entre des événements météorologiques extrêmes dans le monde et le dérèglement climatique. L’étude a ici été conduite par des scientifiques des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de Suède et des Pays-Bas. Ils se sont appuyés sur trois méthodes pour étudier les trois aspects choisis.

Pour les pluies, ils ont utilisé une approche s’appuyant à la fois sur des observations et des modèles climatiques, en différenciant deux régions : les montagnes des Appalaches dans les terres, et les zones côtières notamment en Floride. Dans les deux cas, selon l’étude, les précipitations ont été accrues de 10 % à cause du réchauffement climatique, qui s’élève déjà à 1,3°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

Pour les vents, particulièrement difficiles à étudier pour des événements si brefs, l’approche choisie utilise les données d’ouragans depuis 1900. Résultat : les vents d’Hélène étaient 11 % plus forts – soit de 21 km/h – à cause du changement climatique, conclue l’étude.

Enfin, les chercheurs se sont penchés sur la température de l’eau dans le Golfe du Mexique, où Hélène s’est formé, qui était d’environ 2°C au-dessus de la normale. Cette température record a été rendue 200 à 500 fois plus probable par le changement climatique, selon eux. Or les océans plus chauds libèrent davantage de vapeur d’eau, ce qui fournit de l’énergie supplémentaire aux tempêtes. “Si les humains continuent à brûler des combustibles fossiles, les Etats-Unis seront confrontés à des ouragans encore plus destructeurs”, a averti Ben Clarke.





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