Quatre employés du géant technologique taïwanais Foxconn – dont certaines usines, qui produisent des composants utilisés dans la fabrication des iPhones, sont implantées en Chine pour des raisons économiques -, ont été arrêtés par la police chinoise pour “abus de confiance”. Les autorités taïwanaises, qui se sont penchées sur le dossier ce vendredi 10 octobre, ont qualifié “d’étranges” les circonstances de cette arrestation.

Ces quatre employés ont été arrêtés dans la commune chinoise de Zhengzhou, capitale de la province du Henan, située au centre du pays. Le Conseil des affaires continentales de Taïwan, chargé d’examiner les dossiers entre les deux rives du détroit, a déclaré dans un communiqué que les travailleurs avaient été interpellés puis arrêtés pour “abus de confiance”.

Des “circonstances étranges”

“Les circonstances autour de cette affaire sont assez étranges”, a souligné cet organe, qui n’a pas fourni de détails sur l’identité des employés ni sur leur position. L’affaire pourrait être liée à de “la corruption et à de l’abus de pouvoir de la part d’un petit nombre d’agents de la sécurité publique, ce qui a gravement entamé la confiance dans les affaires”, a encore déclaré le Conseil. “Nous demandons instamment aux autorités compétentes de l’autre côté du détroit d’enquêter sur cette affaire et de la traiter rapidement”, a-t-il ajouté.

Leur employeur, Foxconn, a quant à lui souligné que les quatre salariés “n’avaient en rien nui aux intérêts de l’entreprise”, et que celle-ci n’avait “enregistré aucune perte”. Selon la Straits Exchange Foundation, une organisation semi-officielle taïwanaise chargée des relations techniques et commerciales avec la Chine, les quatre employés sont taïwanais. Contacté par l’AFP, un porte-parole de Foxconn s’est refusé à tout commentaire. La porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning, a déclaré qu’elle n’était “pas au courant de cette situation spécifique”.

Foxconn, également connu sous son nom officiel de “Hon Hai Precision Industry”, est l’un des plus importants fournisseurs de grandes entreprises mondiales de la tech, dont Apple. C’est également l’un des plus grands employeurs du monde, avec de nombreuses usines et infrastructures implantées en Chine, et notamment à Zhengzhou, surnommée “iPhone City” car elle abrite la plus grande usine de Foxconn produisant les célèbres téléphones de la marque.

Des enjeux géopolitiques ?

Si les enjeux autour cette affaire restent flous, les autorités taïwanaises suggèrent que ces détentions pourraient être un cas d'”abus de pouvoir” de la part d’officiers de police chinois, rapporte la BBC. Les mêmes ont déclaré que cette affaire portait à la confiance des entreprises opérant en Chine.

Le conflit pourrait être lié aux rapports hautement inflammables qu’entretient la Chine avec Taïwan, qu’elle revendique comme faisant partie de son territoire. Le pays déclare régulièrement être prêt à reconquérir l’île par la force si nécessaire. Nombre d’entreprises taïwanaises se sont toutefois installées en Chine au cours des 40 dernières années pour y implanter des usines et profiter de coûts d’exploitation moins élevés.

En octobre 2023, les autorités fiscales chinoises avaient déjà ouvert une enquête sur le fabriquant d’électronique taïwanais. À l’époque, le fondateur de l’entreprise Terry Gou se présentait comme candidat indépendant à l’élection présidentielle sur l’île. Dans le même temps, Taïwan a exhorté ses ressortissants à “éviter tout voyage non essentiel” vers la Chine, Hongkong et Macao, après que Pékin a dévoilé un arsenal de sanctions pénales à l’encontre des séparatistes et militants de “l’indépendance de Taïwan.”