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Liban : quatre questions après les tirs israéliens contre des Casques bleus


Depuis jeudi 10 octobre, Israël est sous le feu des critiques. Pour cause : son armée, Tsahal, a tiré plusieurs fois sur des positions des Casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) dans le sud du pays, blessant quatre soldats. L’Express fait le point.

Que s’est-il passé jeudi et vendredi ?

Jeudi, deux Casques bleus indonésiens ont été blessés après des tirs d’un char israélien Merkava sur une tour d’observation du QG de la Finul à Naqoura. Les forces de l’ONU ont accusé les troupes israéliennes de tirer “de façon répétée” sur ses positions, rapportant qu’elles avaient “délibérément tiré sur les caméras de la position, les mettant hors d’usage” et “sur une position où des réunions tripartites se tenaient régulièrement avant ce conflit”.

L’armée israélienne, qui mène depuis le 30 septembre des incursions terrestres contre le Hezbollah dans le sud du Liban, a affirmé avoir tiré jeudi “à côté” du QG de la Finul après en avoir prévenu le personnel. D’après l’Agence France Presse, ce raid visait “le chef de l’appareil sécuritaire du Hezbollah Wafic Safa”.

La Finul a annoncé vendredi que deux autres Casques bleus, sri-lankais cette fois-ci, avaient été blessés près de la frontière avec Israël, estimant que les tirs de l’armée israélienne posaient un “très grand risque” pour ses soldats. D’après l’ONU, qui a 10 000 hommes déployés dans le sud du Liban, ce QG a “subi des explosions pour la deuxième fois en 48 heures” près d’une “tour d’observation”.

En outre, des “chars israéliens se sont avancés” et “un bulldozer de l’armée israélienne a fait tomber des pans de mur de protection” d’une position onusienne dans le village de Labbouné, a ajouté la Finul.

Depuis octobre 2023, plus de 2 100 personnes ont été tuées au Liban, dont plus de 1 200 depuis le 23 septembre, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels. Le gouvernement libanais a appelé vendredi l’ONU à faire cesser le feu “immédiatement” entre Israël et le Hezbollah, au lendemain de frappes israéliennes sur Beyrouth, les plus meurtrières sur la capitale depuis trois semaines de guerre entre l’armée israélienne et le mouvement pro iranien.

Comment Israël justifie-t-il ces attaques ?

L’armée israélienne a annoncé vendredi “mener un examen approfondi au plus haut niveau”. “Tsahal a été informée que deux soldats de la paix de l’ONU ont été blessés accidentellement lors de combats de [l’armée israélienne] contre le Hezbollah dans le sud du Liban”, indique un communiqué militaire.

L’armée israélienne “exprime sa vive préoccupation à propos d’incidents de ce genre et est actuellement en train de mener un examen approfondi au plus haut niveau du commandement pour établir les détails de ce qui s’est passé”, a ajouté le texte. Tsahal a ajouté ensuite avoir tiré en direction d’une “menace” proche de la position de la Finul.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait appelé ce mardi le Liban à se “libérer” du Hezbollah, sous peine de subir le même sort que Gaza. Invoquant une tentative du Hamas de reconstituer ses capacités dans le nord de la bande de Gaza, l’armée israélienne encercle depuis dimanche Jabalia et pilonne le secteur.

L’ONU a-t-elle réagi ?

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dénoncé les tirs israéliens visant les Casques bleus au Liban, comme une “violation du droit humanitaire international”. “Je condamne le fait qu’il y ait eu des tirs contre un site des Nations unies, blessant deux Casques bleus, ce qui constitue une violation du droit humanitaire international”, a déclaré le dirigeant à la presse, lors d’un sommet au Laos. “Il y a eu naturellement une réaction de nombreuses parties en solidarité avec les Casques bleus qui ont été blessés, et pour dire très clairement à Israël que cet incident est intolérable et ne peut pas se répéter”, a-t-il ajouté.

Le Premier ministre libanais Najib Mikati a appelé aujourd’hui l’ONU à adopter une résolution pour un “cessez-le-feu immédiat” dans les combats entre Israël et le mouvement islamiste Hezbollah, en guerre ouverte depuis trois semaines. Le Premier ministre libanais a assuré que son gouvernement était “engagé à une application intégrale de la résolution 1 701”, qui stipule la cessation des hostilités des deux côtés de la frontière et prévoit que seules les forces de maintien de la paix de l’ONU et l’armée libanaise soient déployées dans le sud du Liban.

Quelles sont les autres réactions diplomatiques ?

Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé ce vendredi avoir convoqué l’ambassadeur d’Israël en France. “Ces attaques constituent des violations graves du droit international et doivent cesser immédiatement”, a dénoncé le Quai d’Orsay dans un communiqué. “Les autorités israéliennes doivent s’expliquer : la France convoque donc, ce jour, l’ambassadeur d’Israël en France au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères”, a-t-il ajouté.

Le Royaume-Uni est quant à lui “consterné” par les informations faisant état de tirs israéliens contre la force de l’ONU déployée au Liban (Finul), a déclaré vendredi une porte-parole du Premier ministre Keir Starmer. “Il est essentiel que les Casques bleus et les civils soient protégés”, a indiqué la porte-parole, réitérant l’appel de Londres à “un cessez-le-feu immédiat”.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a appelé ce vendredi la communauté internationale à ne plus livrer d’armes à Israël, jugeant nécessaire de “ne pas contribuer, d’une manière ou d’une autre, à l’escalade de la violence” au Moyen-Orient. “Il est urgent, à la lumière de tout ce qui se passe au Moyen-Orient, que la communauté internationale cesse d’exporter des armes au gouvernement israélien”, a déclaré le dirigeant socialiste à l’issue d’une rencontre à Rome avec le pape François.




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