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Au congrès Renaissance, l’électrochoc ou la disparition : l’alerte d’un ex-conseiller ministériel


Chez Renaissance, il est minuit moins le quart. Pour empêcher la victoire des extrêmes et éviter la disparition de l’édifice idéologique et partisan bâti depuis la naissance d’En Marche, notre mouvement doit profiter de cette période de “coexistence” et de son congrès à l’automne pour faire sa mue.

Renaissance doit d’abord assumer son rôle de gardien du temple, garant des engagements électoraux et de l’espoir né en 2017. À l’origine, le macronisme est la promesse de gouverner en dépassant les clivages. Mais si le “en-même temps” fut une expression de conquête redoutable, elle s’est heurtée depuis à l’exercice du pouvoir et a généré beaucoup d’incompréhensions. Pour nos concitoyens, c’est devenu un chewing-gum indigeste, toujours trop à gauche pour les gens de droite et trop à droite pour les gens de gauche. En interne, elle fragilise régulièrement notre maison commune. Qui a oublié le psychodrame lié à la loi immigration ?

À l’avenir, le parti, avec à sa tête une personnalité de poids, capable d’imposer un rapport de forces, devra être la vigie de ces principes et refuser la godille. Notre objectif n’est ni d’effacer les sensibilités, ni de convertir des personnes de droite ou de gauche à l’idée venue du bord d’en face, mais de concevoir une troisième voie plus efficiente avec toutes les personnes de bonne volonté.

La nécessité d’intensifier le maillage local

Cela suppose ensuite de renforcer Renaissance dans sa capacité à agir. Le parti doit être un thermomètre du réel et une courroie de transmission efficace entre les citoyens et ceux qui dirigent, pour dire la vérité et alerter sur les incompréhensions. Le succès de cette organisation “bottom-up” nécessite d’intensifier notre maillage local, d’investir les associations, qui sont le cœur battant du pays, mais aussi d’offrir un cadre fonctionnel à tous ceux qui, issus de la société civile, souhaitent s’engager. En juin 2017, plus de la moitié de nos députés n’avaient jamais milité. Mais 7 ans plus tard, l’ambition du renouvellement s’est essoufflée, submergée par le système. Inversement, on a payé pour voir qu’un expert technique ne fait pas nécessairement un grand politique ! Ces nouveaux visages devront être mieux accompagnés et encouragés à bâtir un ancrage local. Obtenir un mandat sera leur assurance vie dans le paysage politique.

Enfin, Renaissance doit devenir une machine à gagner des élections. À ce titre, hormis les ambitions présidentielles, comment justifier les divisions du bloc central en pléthores de bataillons distincts ? Cette organisation fonctionne quand on est riche, mais c’est un accélérateur à défaite quand tout va mal. D’ailleurs, hors de Paris, bien malin qui sait différencier un militant Renaissance d’un sympathisant d’Horizons ou du Modem. Bâtissons une organisation unique, avec des courants, des rituels, une école de formation commune et un processus lisible de désignation pour la prochaine présidentielle. Parallèlement, nous devons élargir notre base sociologique. Aussi, je suggère de nommer une nouvelle équipe de porte-paroles, dont la diversité, l’authenticité et les codes de communication permettront de diffuser notre message là où il est absent aujourd’hui. C’est-à-dire chez les jeunes, dans les quartiers populaires et les communes rurales.

Mieux considérer l’électorat RN

Nos concurrents ont pris une longueur d’avance considérable, avec de redoutables écoles de la pensée et des leaders d’opinion qui, à longueur de Tiktok et de Réels, distillent leur récit. Dans les quartiers, à grand renfort de communautarisme, j’ai vu l’extrême-gauche installer l’idée que tout ce qui n’était pas affilié au NFP était raciste. Je l’ai vu jouer avec le conflit à Gaza pour cliver et mobiliser massivement. Ces contrevérités sont passées comme une lettre à la poste parce que, des blocs aux bureaux de vote, nous n’avons plus de relais.

De l’autre côté du spectre, l’électorat RN doit, lui aussi, être mieux considéré. En campagne, je ne compte plus le nombre de sympathisants de Marine Le Pen que j’ai rattrapé par la manche après avoir partagé une franche engueulade puis un bon café. Pour une partie d’entre eux, ces femmes et ces hommes, à qui l’on prête mille griefs, sont certainement les plus prompts à revenir dans le champ républicain.

Un parti n’est pas le cagibi où on dépose ses poubelles. C’est la maison de famille où l’on se réunit pour se parler franchement, se serrer les coudes dans l’adversité et célébrer les victoires. Je connais la force exceptionnelle des marcheurs et des Français qui, par goût pour l’engagement et avec la volonté de construire l’avenir, nous rejoindront bientôt. C’est sur ces fondations que la construction du parti Renaissance, dont le projet consensuel à plus de sens que jamais, doit se poursuivre.

* Etienne LOOS est militant du parti Renaissance depuis 2017. Conseiller en communication au cabinet de plusieurs ministres entre 2022 et 2024, il démissionne de ses fonctions pour se présenter aux élections législatives à Strasbourg sous l’étiquette de l’ex-majorité présidentielle.




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