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Miguel Bonnefoy, Fabrice Caro, Gabriella Zalapi : les dix livres à lire cet automne

L’Express vous présente sa sélection littéraire de l’automne. Au programme : une odyssée baudelairienne, un roman délicat, ou encore un recueil de textes sur les féminismes polonais.

Le Rêve du jaguar

Par Miguel Bonnefoy.

Rivages, 295 p., 20,90 €.

“Au troisième jour de sa vie, Antonio Borjas Romero fut abandonné sur les marches d’une église dans une rue qui aujourd’hui porte son nom.” A-t-on lu meilleure première phrase dans les autres romans de la dernière rentrée ? Ainsi s’ouvre Le Rêve du jaguar de Miguel Bonnefoy, qui nous fait voyager au Venezuela. Après avoir raconté l’épopée de la famille de son père du Jura au Chili dans Héritage, ce conteur bondissant qui aime réenchanter le passé se penche cette fois-ci sur la branche maternelle de son arbre généalogique. Il est question de deux enfants pauvres de Maracaibo qui vont devenir deux grands médecins et donner naissance à une femme extravagante, mère du narrateur, Cristóbal (dans lequel on reconnaît Miguel). Ce n’est pas pour rien que ce dernier porte le même patronyme qu’Yves Bonnefoy : s’ils n’ont pas de lien de parenté, Bonnefoy junior est lui aussi habité par la poésie.

Il y a deux types d’écrivains : ceux qui ne cessent de laver laborieusement leur linge sale, et ceux qui chantent leurs parents, comme Romain Gary ou les deux Albert (Cohen et Camus). Miguel Bonnefoy s’inscrit dans cette filiation. Autre singularité : son style riche, fleuri, parfois limite baroque, qui tranche avec l’appauvrissement progressif en cours chez les écrivains contemporains. Ayant grandi à Caracas, Lisbonne et Buenos Aires, Bonnefoy a fait toute sa scolarité dans des lycées français. L’espagnol et le portugais furent pour lui les langues du quotidien, et le français celle de la littérature. Cela contribue encore aujourd’hui au charme de ses romans : quand cet homme se met à penser en français, il bascule immédiatement dans une réalité parallèle, où on ne sait jamais très bien où s’arrête la vérité et où commence la fiction. Dans la dernière partie, celle sur le petit-fils, Cristóbal, on sent que Bonnefoy en a sous le pied pour de prochains livres. Son œuvre, déjà foisonnante, n’en est qu’à ses débuts. Elle s’arrêtera le jour où une rue portera son nom. Louis-Henri de La Rochefoucauld

Fort Alamo

Par Fabrice Caro.

Gallimard (coll. Sygne), 192 p., 19,50 €.

Le 6e roman de Fabrice Caro

Il est double, ce diable d’homme ! Avec, au choix, le fameux Fabcaro, star de la bande dessinée (440 000 exemplaires vendus de son Zaï zaï zaï zaï depuis 2015) ou Fabrice Caro, le romancier enchanteur, auteur du Discours (2018), de Broadway(2020), ou encore de Journal d’un scénario (2023), autant de “comédies” menées avec un sens du comique certain, tout en partant volontiers dans l’absurde et en brocardant gentiment nos travers contemporains et la bien-pensance généralisée. Ajoutez à cela que Fabcaro a scénarisé le 40e album d’Astérix, L’Iris blanc, et vous mesurez l’envergure du Monsieur, né le 10 août 1973 à Montpellier.

Cette fois-ci, c’est avec Fort Alamo qu’il nous ravit. Le narrateur, Cyril est professeur d’histoire au lycée et bon père de famille. A l’instar de beaucoup d’hommes aujourd’hui, il fait les courses au supermarché, déteste s’acquitter des cadeaux de Noël et maudit sa belle-sœur, du genre pointilleuse et égoïste, d’autant que celle-ci semble insister pour que Cyril et son frère vident la maison de leur enfance qu’il va falloir vendre, leur mère tant aimée étant décédée il y a quelques mois. Bref, Cyril est des plus attendrissants. Et voilà que, coup sur coup, de curieux phénomènes se produisent autour de lui : au supermarché, un homme tombe, victime semble-t-il d’un AVC, peu après avoir resquillé ; un fou du volant s’encastre dans une rambarde après l’avoir doublé ; le chien aboyeur des voisins meurt, touché à la cuisse par un malheureux petit galet ; la proviseure adjointe de son lycée s’effondre après lui avoir intimé d’assister à une réunion… Cyril s’inquiète : provoquerait-il la mort de toute personne qui l’irrite ? Et voilà la dose d’absurdité que Fabrice Caro adore insuffler dans ses récits.

Evidemment, il y a un zeste de mélancolie dans ce Fort Alamo, mais ce qui prime avant tout, ce sont les sourires qui émaillent la lecture de ses merveilleuses scènes (vie des enseignants au lycée, repas de famille à haut risque, achats de Noël dans les magasins surpeuplés…). On savoure, et on referme ce sixième roman en attendant impatiemment le prochain. Marianne Payot

Nuits

Par Pierre Deram

Grasset, 201 p., 19 €.

Nuits de Pierre Deram semble venu d’une autre époque, autant pour sa langue classique que pour son sujet : les déambulations alcoolisées d’un jeune homme dans les bas-fonds de la prostitution, entre Belleville, rue Saint-Denis ou bois de Boulogne. Frédéric Beigbeder, grand expert en noctambulisme, l’a bien résumé dans sa chronique pour Le Figaro Magazine : “Raconter en 2024 les dérives nocturnes d’un jeune homme de 20 ans qui ne songe qu’à se saouler et à coucher avec des prostituées ? Ce roman est un suicide littéraire !”. Reste qu’on recense dans cette odyssée baudelairienne plus de littérature que dans bien des fictions non tarifées de cette rentrée. Le sordide y côtoie le romantisme le plus pur quand le narrateur se souvient de son histoire d’amour avec Nathalie, un bonheur conjugal rendu impossible par ses mauvais démons.

Peut-on se trouver dans la perdition ? Nulle apologie de la prostitution ici, encore moins de racolage voyeuriste façon Bernard de la Villardière dans Zone interdite. Mais on n’oubliera pas de sitôt les passages inspirés sur les promesses du crépuscule : “La nuit, c’est d’abord la délivrance de la fin du jour, les longues fins d’après-midi qui s’étirent à attendre que la lumière décline et que le compte des heures s’épuise. La nuit cependant ne saurait être confondue avec le soir. Minuit en est la porte et tout ce qui précède n’en est pour moi que l’attente.” Thomas Mahler

Les Deux visages du monde

Par David Joy, trad. de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Yves Cotté.

Sonatine, 434 p., 23 €.

D’ordinaire pas plus agité que l’eau d’un étang, le comté de Jackson, en Caroline du Nord, connaît des temps troublés. Il y a tout d’abord cet homme venu du Mississippi dont la Chevrolet est contrôlée par les services de police, qui y trouvent une cagoule du Ku Klux Klan ainsi qu’un carnet d’adresses de notables du coin. Il y a surtout les actions menées par Toya Gardner, une jeune artiste afro-américaine de retour après ses études à Atlanta, et bien décidée à confronter les habitants à leur trouble passé. Entre autres coups d’éclat, elle badigeonne de peinture rouge la statue d’un héros local de la guerre de Sécession, avant de participer à une manifestation pour la faire enlever. Peu de temps après, c’est elle qui disparaît. Bientôt suivie par Ernie Allison, le policier qui avait contrôlé l’homme du Mississippi.

Fidèle entomologiste de la région des Appalaches dans laquelle il vit depuis toujours, David Joy scrute ces territoires ruraux qui se voudraient coupés du monde mais sont rattrapés par celui-ci. En l’occurrence par la cancel culture, d’un côté, et par la résurgence du suprémacisme blanc, de l’autre. Le shérif (blanc) du comté, John Coggins, proche des grands-parents de Toya, est à cet égard la clé de voûte du récit, persuadé d’avoir toujours été du bon côté des choses, n’ayant jamais voulu voir ce que lui expose Toya un soir : “Il y a tout un tas de gens, y compris des gens bien intentionnés, qui sont plus gênés par le mot ‘raciste’ qu’ils ne le sont par le racisme […] Le racisme revêt tout un tas de visages.” David Joy creuse cette problématique si complexe à sa subtile façon, en composant des personnages qui portent en eux toutes les contradictions du monde. Bertrand Bouard

La Vie meilleure

Par Etienne Kern.

Gallimard, 187 p., 19,50 €.

Avec son C majuscule, on se doutait bien qu’il y avait un être humain derrière la fameuse méthode Coué. Oublié en France mais révéré aux Etats-Unis, Emile Coué, le Miracle man, longtemps comparé à Gandhi ou à Einstein, est mort à Nancy en 1926. C’est ce pharmacien de première classe que l’enseignant lyonnais Etienne Kern a choisi comme sujet de sa deuxième fiction, non pas en biographe mais en romancier, ce qui donne indéniablement à La Vie meilleure une saveur supplémentaire et confirme le talent de l’auteur des Envolés, couronné en 2022 du Goncourt du premier roman.

Né à Troyes en 1857, Emile Coué de La Châtaigneraie aura eu au moins deux bonnes fées : sa mère, au sourire permanent, et sa femme, Lucie, indéfectible soutien, fille de Victor Lemoine, un horticulteur florissant nancéien. Des appuis précieux pour cet homme en butte à un doute permanent et à un père employé aux chemins de fer au visage dur. Emile aime son métier, il aime surtout écouter les clients, les rassurer, leur redonner espoir, quitte à jouer de l’illusion. Il s’entraîne sur eux : rhumatismes, fatigue, bégaiement… Emile ne croit pas aux miracles, mais aux mots qui font du bien.

En 1896, voilà notre professeur d’optimisme à Nancy où il s’applique à l’hypnose, à la suggestion, à la parole. Bientôt, il élabore une formule, “Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux”, phrase magnétique qui fera son chemin. Et en 1921, il publie, à compte d’auteur, un petit livre, La Maîtrise de soi-même par l’auto-suggestion consciente. Le succès est immédiat. On s’arrache le petit homme, coach et gourou avant l’heure, jusqu’aux Etats-Unis. Avec les mots, Etienne Kern, lui aussi, nous fait du bien, et se fait du bien : “Ecrire, c’est cesser d’affronter. C’est l’aveuglement heureux. C’est une joie qu’on s’invente. La vie meilleure.” M. P.

La Barque de Masao

Par Antoine Choplin.

Buchet-Chastel, 208 p., 19,50 €.

Un roman d'Antoine Choplin
Un roman d’Antoine Choplin

Autrefois nettoyeur de déchets dangereux, puis charpentier et gardien de phare à Ogijima, le taciturne Masao est désormais ouvrier-rectifieur sur l’île japonaise de Naoshima, où il polit les pièces usinées. Veuf, il parle peu, lit de la poésie et aime contempler la mer et ses lumières. Un soir, quittant l’usine, sous les quolibets égrillards de ses camarades il découvre sa fille Harumi, qui l’attend. Il ne l’a pas vue depuis dix ans, il ne lui a jamais écrit ; d’ailleurs, elle ne l’a pas prévenu de sa visite mais elle se tient là, debout, les bras croisés, un sac de toile sur l’épaule. Devenue architecte, la jeune femme construit un musée sur l’île voisine. Elle ne lui demande rien, ils marchent, s’observent.

La Barque de Masao, nouveau roman d’Antoine Choplin, décrit avec retenue ces retrouvailles bredouillantes, rencontres maladroites à la nuit tombée, une paire tâtonnant pour renouer ses liens. En contrepoint à leurs rendez-vous, gênés et tendres, le soliloque de Masao se remémorant ses années dans le phare, les heures à bord de la barque construite de ses propres mains, et surtout Kazue, l’aimée fantasque, la mère d’Harumi, morte peu après sa naissance. Bientôt, la jeune femme propose à son père ouvrier de visiter le musée de Chichu à Naoshima, afin d’y contempler avec elle Les Nymphéas de Monet. Il prend peur. Un roman délicat et ciselé. Emilie Lanez

Ilaria ou la conquête de la désobéissance

Par Gabriella Zalapi.

Zoé, 176 p., 17 €.

Gabriella Zalapi, apprend-on, est une plasticienne, d’origines anglaise, italienne et suisse, vivant dorénavant à Paris après avoir effectué de longs séjours à Cuba et en Inde. Autant dire qu’avec un tel profil Gabriella Zalapi aime le mouvement. Illaria ou la conquête de la désobéissance n’en manque pas, qui nous fait cheminer de Turin en Sicile lors d’un road trip erratique dont Iliana, petite fille de 8 ans, se fait la narratrice – une “mésaventure” vécue par l’auteure, apprend-on aussi. Elle est assise des heures durant à la droite de son père, Fulvio, séparée de sa femme, qui l’a enlevée en mai 1980, et menée loin de sa mère et de sa sœur Ana restées à Genève. “Routes, cabines téléphoniques, bureaux de poste, petits hôtels, bars. Les jours s’empilent.”

Iliara n’a pas vraiment peur alors que son père tente quotidiennement d’oublier son chagrin dans l’alcool, mais, nous, oui. Deviendra-t-il violent ? Que cherche-t-il exactement dans ce rapt ? Iliara l’aime bien ce père, qui tangue entre colère et souffrance et qu’elle évite de froisser, comme elle aime sa mère, à laquelle elle ne peut plus parler – encore une entourloupe du père. Fils d’une grande famille sicilienne, plutôt bon à rien, Fulvio navigue à vue. Autant que cette dérive de deux années, riche en rebonds, c’est bien le style, fluide et doux, qui séduit ici lecteurs comme membres du jury – lauréate du prix Blù Jean-Marc Roberts, Gabriella Zalapi est toujours en lice pour le prix Médicis. Ilaria, de plus en plus Fifi Brindacier au fil du roman, restera longtemps dans nos cœurs. M.P.

La Fertilité du mal

Par Amara Lakhous, trad. de l’arabe (Algérie) par Lotfi Nia.

Actes Sud, 288 p., 22,50 €.

Le portrait d'un pays maudit, par Amara Lakhous
Le portrait d’un pays maudit, par Amara Lakhous

D’un simple fait divers, brosser le portrait d’un pays maudit. C’est ce à quoi s’emploie l’Algérien Amara Lakhous dans ce polar écrit à l’os, pas là pour faire joli. Le fait divers, c’est celui-ci : le matin de la fête de l’indépendance, Miloud Sabri est retrouvé égorgé dans sa garçonnière, une somptueuse villa coloniale du quartier Saint-Hubert, à Oran. Miloud est un potentat passé par les services de renseignement, tirant les ficelles du pouvoir depuis des décennies. Son nez a été tranché et posé sur sa poitrine. Le colonel Soltani est tiré des bras de son amante dès potron-minet pour enquêter. Le récit, dès lors, alterne entre ses découvertes et des retours en arrière qui partent de la guerre d’indépendance, lors de laquelle quatre amis – Miloud Sabri, la troublante Zahra Mesbah, Idris Talbi, futur avocat, et Abbas Badi, amant de Mesbah – se battent pour que leur pays s’arrache aux chaînes de la France et goûte, enfin, à la liberté.

Prendre des notes, à tout le moins mentales, n’est pas inutile pour se retrouver dans le dédale des personnages qui tissent la riche intrigue de La Fertilité du mal. Laquelle donne à voir les coulisses de la vie politique algérienne depuis soixante ans, soit un feu d’artifice de corruption, de népotisme et de manipulation. Un pays maudit, l’Algérie ? Plutôt un pays dont les hommes de pouvoir, issus de l’armée ou contrôlés par elle, n’ont eu de cesse de trahir les idéaux de la lutte initiale et de se trahir entre eux, avec le souci permanent, toutefois, de la respectabilité. “Si la vérité provoque un scandale, nous nous en passerons”, déclare le chef de Soltani une fois l’enquête résolue. Précision : Amara Lakhous vit aux Etats-Unis. B. B.

On n’est plus des gens normaux

par Justin Morin.

La Manufacture de livres, 256 p., 16,90 €.

Avec ce premier roman, Justin Morin, ex-journaliste pour une radio nationale, livre un “docuroman” des plus réussis sept ans après le drame qui n’a cessé de le hanter. C’était le lundi 14 août 2017 à 20h10 : une voiture BMW grise fonce sur la terrasse d’une pizzeria d’une ZAC de la commune de Sept-Sorts en Seine-et-Marne. Rien à voir avec un attentat terroriste mais tout avec l’acte dément d’un chauffard lambda. On décompte des dizaines de blessés. Parmi eux, une fillette de 13 ans, Angela, est transportée en hélicoptère à l’hôpital Necker, où elle succombera d’un traumatisme crânien, tandis que son père et son plus jeune frère sont grièvement blessés. C’est cette famille, d’origine macédonienne, que l’on suit en compagnie de l’auteur. Et c’est poignant, sans jamais être larmoyant. Culpabilité, rage, haine, idées noires, soif de vengeance, support psychologique… les sentiments se succèdent, la communauté des habitants se resserre et la famille tient ferme, admirablement.

Puis vient le procès, du 30 mars au 15 avril 2021, à Melun. P., 36 ans, “visage figé, vide”, reconnu coupable d’assassinat et de tentative d’assassinat, est condamné à perpétuité à l’unanimité avec obligation de soins. Seule sa sœur, présente, est venue à son secours : “On n’abandonne pas un frère, fût-il un monstre.” C’est de cette sœur, appelée ici Lisa, dont il va s’agir dans la troisième partie du livre, une sœur dont l’auteur, pour le coup, imagine totalement la trajectoire (elle n’a pas souhaité rencontrer le journaliste). La fiction prend son élan… Et Justin Morin d’acquérir ses galons de romancier. M. P.

Devenir-sœur

Sous la direction d’Hélène Martinelli et Mateusz Chmurski

Michalon, 248 p., 20 €.

Qui connaît le féminisme polonais ? Dans un pays où les femmes ont obtenu le droit de vote dès 1918, et ont connu le joug de l’Eglise et les oppressions totalitaires nazies et communistes, avant le retour au conservatisme du PiS et la quasi-interdiction de l’avortement en 2020, “les Polonaises n’ont pas découvert le féminisme après la chute du mur”, pour reprendre les mots de la Prix Nobel de littérature Olga Tokarczuk.

Ce qui frappe, dans ce recueil sur les féminismes polonais à travers tout le XXe siècle, c’est la richesse de points de vue qui s’élèvent contre un patriarcat institutionnalisé. Face au communisme ou conservatisme religieux, les résistances s’organisent différemment, et se complètent au lieu de s’opposer. “Devenir sœur”, c’est aller au-delà des cases : le texte d’ouverture, écrit en 1992, est la description viscérale d’un accouchement, à rebours d’un féminisme occidental, qui, à la même époque, s’élevant parfois trop haut dans les sphères théoriques, délaissait les aspects corporels du féminin. Suit une vision catholique du féminisme qui côtoie des textes d’avant-garderésolument queer.

En Pologne, la production intellectuelle de résistance au patriarcat n’a jamais été un luxe bourgeois : c’est un sauvetage. Lire ces pages, dans un monde où le conservatisme revient, c’est s’ouvrir, par-delà les frontières entre Est et Ouest, à des femmes oubliées aussi… par nous féministes privilégiées : trop “européennes” pour être vues comme des damnées de la terre, mais aux lignes de fracture trop à l’Est, et en marge du féminisme occidental le plus convenu.

Cette sélection de textes, à la traduction inédite en français, a beaucoup à nous apprendre. Devenir-sœur est davantage qu’épouser la “sororité” : c’est un verbe (posiestrzenie) de résistance qu’Hélène Martinelli et Mateusz Chmurski nous invitent à conjuguer. Mathilde Berger-Perrin




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