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Postes d’enseignants supprimés : “Il aurait été plus judicieux de faire des économies dans le second degré”


L’Education nationale devait être la “priorité absolue” du gouvernement. Or le projet de loi de finances de 2025, présenté le 10 octobre en Conseil des ministres, prévoit la suppression de 4 000 postes d’enseignants. Le premier degré (écoles) est le plus touché avec une baisse de 3 155 postes dans le public et de 660 postes dans le privé sous contrat. Tandis que le second degré (collèges et lycées) perd 180 postes dans le public et 40 dans le privé sous contrat. La FSU-SNUipp, principal syndicat d’enseignants du primaire, a immédiatement fait part de sa “colère” et de sa “consternation” face à ce qu’elle estime être un “sabordage de l’école publique”. “Alors que tous les signaux sont au rouge et que l’école a déjà atteint un point de rupture, la première mesure du gouvernement est de lui imposer une nouvelle suppression de moyens” dénonçait-elle, le 11 octobre, dans un communiqué.

Pour le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, il serait totalement faux de dire que l’Education nationale s’apprête à subir une “cure d’austérité”. Le locataire de Bercy assure que la baisse d’effectifs d’enseignants sera compensée par la baisse démographique en cours. “A la rentrée 2025, on estime qu’il y aura à peu près 100 000 élèves en moins. Qu’est-ce que la bonne gestion de l’argent des contribuables ? Est-ce que c’est de considérer qu’un budget d’un ministère doit être systématiquement en hausse à la fois en moyens et en effectifs, ou est-ce que c’est celui de s’adapter à la réalité du besoin du service public ?”, a-t-il déclaré vendredi 11 octobre sur RTL. Et le ministre d’ajouter : “Nous allons renforcer la présence devant les élèves du nombre d’enseignants en fonction de la réalité du nombre d’élèves […] Dit autrement le taux d’encadrement sera en hausse.”

Baptiste Larseneur, expert associé éducation à l’Institut Montaigne, comprend la logique du gouvernement mais insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts engagés sur le primaire.

L’Express : La baisse du nombre de postes d’enseignants prévue par le gouvernement vous semble-t-elle justifiée ?

Baptiste Larseneur : Le gouvernement motive sa décision de baisser le nombre de postes de professeurs, essentiellement en primaire, en mettant en avant la baisse démographique en cours et à venir. Il est vrai que, depuis 2016, le nombre d’élèves a diminué dans le premier degré et que cette courbe va continuer à fléchir. Il faut reconnaître aussi que, depuis le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, une politique ambitieuse a été menée en faveur de l’école primaire. Ce qui s’est traduit par la création de 20 000 emplois supplémentaires entre 2017 et 2024, principalement liée au dédoublement des classes en REP et REP + opéré en grande section de maternelle, en CP et en CE1. L’Etat a également tenu son engagement de plafonner les effectifs à 24 élèves par classe. Tout cela a représenté environ un milliard d’investissement par an, soit une part substantielle de l’évolution du budget de l’Education nationale.

Je pense que ces efforts doivent être poursuivis. Il me semble notamment très important de sanctuariser le dédoublement des classes en réseau prioritaire car cette réforme, lancée lorsque Jean-Michel Blanquer était ministre, commence à porter ses fruits. Dès 2021, les résultats de l’enquête internationale PIRLS montraient une légère progression des élèves de CM1 en compréhension de l’écrit. Ce qui prouve bien qu’il est possible d’améliorer les performances sur un temps très court.

Mais les choix budgétaires annoncés ne risquent-ils pas de mettre un coup d’arrêt à cette priorité accordée jusqu’ici au primaire ?

Si et c’est bien là le problème. Rappelons que tous les pays qui ont cherché à améliorer leurs performances scolaires ont massivement mis l’accent sur le premier degré. La France, même si elle a fait des progrès, reste toujours en deçà de bien d’autres Etats : l’investissement qu’elle consacre à la maternelle est de 12 % inférieur aux autres pays de l’OCDE (et de moins 38 % si on compare à la Finlande qui reste une référence). En élémentaire, il est inférieur de 7 %. La politique annoncée par le gouvernement Barnier met fin à cet engagement qui avait été pris alors que nous devrions, au contraire, poursuivre les efforts amorcés. Car c’est bien au sein des petites classes que les inégalités scolaires apparaissent et on sait bien que celles-ci sont très difficiles à enrayer par la suite. Sans doute aurait-il été plus judicieux de chercher à faire des économies sur le second degré dans lequel, d’ailleurs, la France investit beaucoup plus. Dans le secondaire, les dépenses par élève sont de 18 % supérieures à celles des autres pays de l’OCDE. On pourrait, par exemple, diminuer le nombre d’options proposées ou encourager la polyvalence des professeurs, en les incitant à enseigner plusieurs matières. Mais ces évolutions sont assez difficiles à mettre en œuvre.

Le gouvernement insiste sur le fait que le budget de l’Education, fixé à 63 milliards d’euros, sera en très légère hausse. Est-ce véritablement une bonne nouvelle ?

Là encore, il convient de regarder l’évolution de ces dernières années. Entre 2017 et 2025, le budget consacré à l’Education a augmenté de 14 milliards. Ce qui est un effort conséquent. Sachant qu’entre 2012 et 2017, il n’avait été augmenté que de 4 milliards supplémentaires et qu’entre 2007 et 2012 il avait baissé de 0,3 milliard. Mais le budget qui vient d’être annoncé met un terme à cette politique volontariste. D’autant qu’il est fort probable que le budget sera stabilisé dans les années qui viennent et n’évoluera donc plus à la hausse. Je souligne que ces réductions de postes annoncées, qui devraient s’accroître à l’avenir dans le secondaire en raison de la poursuite de la baisse démographique, me paraissent envoyer un très mauvais signal à ceux qui envisageraient de devenir enseignants. Ce n’est pas ainsi que l’on résoudra le problème de la baisse d’attractivité du métier.




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