Avec un marché en berne, après une année 2023 exceptionnelle, le secteur automobile s’installe Porte de Versailles à Paris (du 15 au 20 octobre). Dans ce contexte morose, les constructeurs doivent relever de nombreux défis : lancer de nouveaux modèles, faire face à l’implantation des concurrents étrangers en France, répondre au succès des véhicules électriques qui ne se dément pas, surtout au sein des flottes automobiles, inventer des transports alternatifs avec la multiplication incontestable des voitures sans permis pour le marché des particuliers. Les professionnels de l’automobile doivent s’adapter à de nouveaux modes de mobilité.
La voiturette prend un sacré coup de jeune. Remise au goût du jour par la Citroën Ami, elle séduit toujours plus, notamment les jeunes. “Le marché a doublé en quatre ans pour atteindre 60 000 immatriculations en Europe, dont 30 000 en France”, relève François Ligier, PDG éponyme de l’entreprise. A la clientèle traditionnelle des personnes âgées en milieu rural, ou handicapées, s’ajoutent désormais les adolescents. “Ils y voient une alternative au scooter, plus sûre et confortable. Le public de 14 ans représente 40 % de nos ventes en France, 90 % en Italie et 100 % en Suède. Ils veulent des modèles moins discrets, dont ils sont fiers”, précise François Ligier.
Des modèles qui plaisent aux lycéens
Deux catégories existent. La première dite L6 n’offre que deux places et sa vitesse reste bridée à 45 kilomètres/heure. “Elle plaît dans les campagnes mal desservies par les transports, surtout chez les lycéens”, constate Rémy Dumont, directeur général de Microlino. La société suisse arrivée en France il y a un an dans la seconde classe (L7), autorisé dès 16 ans, qui roule jusqu’à 90 kilomètres/heure et permet des trajets périurbains. “La décarbonation de la mobilité passe par l’énergie électrique, mais aussi par des véhicules plus petits et plus légers. Nous avons donc opté pour un châssis en acier autoportant, une carrosserie en aluminium et trois types de batterie qui se branchent sur une prise standard. Nous divisons ainsi par trois les émissions à effet de serre par rapport à une Fiat 500 électrique”, se félicite Rémy Dumont. François Ligier abonde : “Avec l’électrification de notre gamme, nous touchons des jeunes actifs qui subissent l’étalement des villes.”
Ces nouveaux aficionados appâtent les constructeurs, à commencer par Nissan qui commercialise Silence O. “Nous voulons apprendre de cette nouvelle mobilité, rajeunir nos conducteurs et les fidéliser plus tôt”, explique Richard Tougeron, son directeur général en France. Le japonais ne lésine pas pour les convaincre : batterie amovible interchangeable avec celle d’un scooter de la marque, vitres électriques, direction assistée, climatisation et clé virtuelle sur le téléphone qui permet de prêter son quadricycle à distance. “Dans le Sud, les villes deviennent saturées et l’appétence pour des engins plus maniables grandit”, assure Richard Tougeron.
Une catégorie qui ne bénéficie pas des avantages des voitures écologiques
De fait, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur constitue le principal débouché de Kate Auto. La société propose un modèle de loisir haut de gamme, de type mini Moke des années 1960. “Il est adapté aux résidences secondaires du bord de mer et aux promenades dans les vignobles. Il plaît aussi aux grands hôtels, comme le Normandy à Deauville, parce qu’il embarque quatre personnes mais réduit l’empreinte carbone par rapport à son équivalent classique. Nous utilisons deux fois moins de matériaux”, souligne Paul Quéveau, le directeur général. C’est également sur ce créneau que se positionne EV groupe qui importe des Buggy, Opensky et Zeromax de l’italien Tazzari depuis le mois de juin. “Nous favorisons une personnalisation importante pour que le client dispose d’un objet qui lui ressemble”, affirme Benoît Fleurisson, son directeur.
Reste que les microvoitures ne bénéficient pas des avantages des voitures écologiques. Les acteurs du secteur plaident pour obtenir des bonus plus élevés que celui des motocyclettes, des places réservées moins chères puisqu’elles prennent moins de place au sol et l’accès aux chaussées réglementées, comme les voies rapides, qui leur sont aujourd’hui interdites. Un lobbying qui a pris du retard faute d’interlocuteurs ministériels.
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