Le Pentagone a annoncé, dimanche 13 octobre, le déploiement en Israël d’un système américain de défense antimissiles à haute altitude THAAD (Theater High Altitude Area Defense). “C’est l’une des armes antimissiles les plus puissantes de l’armée américaine, capable d’intercepter des missiles balistiques à des distances de 150 à 200 kilomètres (93 à 124 miles) et avec un taux de réussite presque parfait lors des tests”, rapporte le média américain CNN. Alors que la guerre au Liban et celle de Gaza se doublent d’une escalade entre l’Iran et Israël, les Etats-Unis restent aux côtés de leurs alliés.
Le ministre de la Défense Lloyd Austin “a donc autorisé le déploiement d’une batterie THAAD et d’une équipe de militaires américains en Israël” pour aider à renforcer les défenses aériennes du pays hébreu “à la suite des attaques sans précédent de l’Iran contre Israël le 13 avril et à nouveau le 1er octobre”, a justifié dans un communiqué le porte-parole du Pentagone, le général Pat Ryder. Car les tensions ne retombent pas : dimanche 13 octobre, l’Iran s’est dit “prêt à faire face à une situation de guerre”, d’après son chef de la diplomatie, Abbas Araghchi.
Le général Pat Ryder précise qu’une batterie THAAD avait déjà été déployée en Israël à la suite des attaques du Hamas du 7 octobre 2023, et avant cela en 2019. Afin de les faire fonctionner sur le terrain, l’armée américaine enverra environ 100 soldats en Israël, promet le Pentagone.
“De façon générale, chaque batterie se compose de six lanceurs montés sur des camions, de 48 intercepteurs et d’équipements radio et radar. 95 soldats sont nécessaires pour faire fonctionner un seul système de ce type”, détaille le quotidienThe Times of Israel. LeTHAAD comprend quatre composants principaux : l’intercepteur, le lanceur, le radar et le système de conduite de tir. Chaque lanceur, capable de transporter jusqu’à huit intercepteurs, prend jusqu’à 30 minutes pour se recharger.
Selon un rapport publié en avril 2024 par le Congressional Research Service, l’armée américaine dispose au total de sept batteries THAAD. Le système est considéré comme complémentaire à celui du Patriot (un système de défense antimissiles emblématique des Etats-Unis), mais il peut défendre un périmètre plus large. Par ailleurs, la portée du système THAAD est supérieure à celle du Patriot.
Moyen de “dissuasion”
À noter qu’Israël dispose déjà de plusieurs systèmes antimissiles conçus pour abattre les projectiles entrants. “THAAD n’agira pas seul dans la défense d’Israël et pourrait agir comme un moyen de’dissuasion’supplémentaire en cas d’attaque”, a expliqué l’analyste militaire de CNN, Cedric Leighton, ancien colonel de l’US Air Force. Si le THAAD peut être rapidement déployé par des avions cargo de l’US Air Force comme le C-17 et le C-5, le Pentagone n’a pas donné de calendrier sur le moment où il sera actif en Israël.
Le nom THAAD vient de la manière dont fonctionne le système de défense aérienne – interceptant les missiles balistiques entrants pendant leur phase finale de vol – appelée” phase terminale” – en s’écrasant contre eux (“hit-to-kill”). Il a la capacité d’intercepter des cibles à l’intérieur et à l’extérieur de l’atmosphère.
En service depuis 2008
La particularité des systèmes THAAD est qu’ils ne transportent pas d’ogives. “Au lieu de cela, ils s’appuient sur l’énergie cinétique de l’impact pour détruire les missiles qui arrivent. Les radars THAAD sont capables de détecter et de suivre les missiles en approche à des distances de 870 à 3 000 km”, indique le magazine britannique, The Week. Les modèles de production du système THAAD n’ont jamais manqué d’intercepter les cibles entrantes lors des tests, assure le Missile Threat Project du Centre d’études stratégiques et internationales.
Le système américain de défense antimissiles THAAD est en service depuis 2008. Trois ans plus tard, Washington l’a vendu pour la première fois à l’un de ses alliés, les Émirats arabes unis. L’accord comprenait deux batteries anti-missiles, 96 missiles, des radars, une formation et une logistique, avait indiqué le Pentagone. En 2017, les Etats-unis déploient leur bouclier antimissile en Corée du Sud en réponse aux menaces de la Corée du Nord. De quoi changer l’équilibre stratégique entre les deux pays, limitant le pouvoir de destruction de Pyongyang. En 2022, le THAAD est utilisé pour la première fois pour détruire un missile balistique de moyenne portée lors d’une attaque des rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen.
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