Avec un marché en berne, après une année 2023 exceptionnelle, le secteur automobile s’installe Porte de Versailles à Paris (du 15 au 20 octobre). Dans ce contexte morose, les constructeurs doivent relever de nombreux défis : lancer de nouveaux modèles, faire face à l’implantation des concurrents étrangers en France, répondre au succès des véhicules électriques qui ne se dément pas, surtout au sein des flottes automobiles, inventer des transports alternatifs avec la multiplication incontestable des voitures sans permis pour le marché des particuliers ou encore d’adapter à l’explosion des enseignes en faveur du vélotaf. Les professionnels de l’automobile doivent s’adapter à de nouveaux modes de mobilité.
Tout un symbole. Dès la Saint-Sylvestre, plus aucun VTC Uber ne pourra effectuer de course à bord d’un véhicule diesel, y compris en version mixte hybride. L’objectif affiché est d’atteindre 50 % de véhicules électriques en 2025. En septembre dernier, la plateforme de transport à la demande Allocab a annoncé le déploiement en Ile-de-France de 500 Tesla Model Y fabriquées en Allemagne et compte passer progressivement à 2 000 voitures dans l’Hexagone. L’offre aux conducteurs inclut la location, l’assurance, la maintenance et une extension de la garantie de la batterie jusqu’à 300 000 kilomètres.
“Le déploiement des automobiles à zéro émission s’effectue à un rythme plus lent que prévu, mais il va se poursuivre, estime Guillaume Maureau, directeur général adjoint au commerce d’Ayvens. L’atonie enregistrée cette année tient d’une part à l’arrêt du bonus aux entreprises qui a contribué à freiner leur essor et, d’autre part, à la flambée du prix de l’électricité, notamment les tarifs pratiqués sur les bornes publiques et sur autoroute.”
Multiplier les prises de recharge individuelles
Pour encourager la transition énergétique, Uber alloue une enveloppe de 4 500 euros lors de l’acquisition d’un véhicule électrique. Puis en février 2024, la société a débloqué en urgence 5 millions d’euros au bénéfice de ses 2 000 chauffeurs de façon à compenser la perte de la prime destinée au financement de la recharge. Selon ses calculs, les branchements sur les stations publiques coûtent 350 euros par mois à ses conducteurs, contre 160 à domicile.
Fort de ce constat, Beev propose aux entreprises l’installation de prises directement au logement de leurs salariés. “En heures creuses, l’économie peut s’élever jusqu’à 70 % par rapport aux infrastructures en ville”, évalue Solal Botbol, président et cofondateur de la jeune pousse spécialisée dans les services de l’électromobilité. Les collaborateurs gagnent du temps, puisqu’ils n’ont plus à chercher une place de stationnement équipée et disponible, et bénéficient d’un crédit d’impôt de 500 euros. Leur employeur peut récupérer la TVA sur l’achat et l’équipement, obtenir des déductions fiscales et des subventions locales. “Nous avons accompagné une centaine d’employés dont ceux de Burger King, Cuisinella, Santé Cie, Xylem France. En un an, nous avons observé une augmentation de 150 % pour ce service”, déclare Solal Botbol.
Créée pour aider les particuliers perdus dans la jungle de la réglementation et des prestataires, Beev séduit les professionnels. Alors que la taille moyenne de la flotte de ses clients était de 10 à 20 véhicules en 2023, le parc géré s’élève désormais à plus de 50 unités. “Nous développons nos outils en fonction de cette évolution et des secteurs d’activité qui sont très hétérogènes : hospitalité, logistique, prestataires”, précise Solal Botbol.
Beev travaille en courtage avec les loueurs pour trouver le plus compétitif à un instant donné. “Les Tesla continuent de plaire pour leur rapport qualité-prix, leur bonne autonomie dès les entrées de gamme et les équipements en série proposés en option dans les autres marques, comme le toit panoramique. Les Renault Megane et Scenic se portent bien et nous avons déjà reçu des commandes de R5. Les coréens Hyundai et Kia tirent leur épingle du jeu également, observe Solal Botbol. Désormais les gammes des constructeurs comblent l’essentiel des besoins avec une ventilation de prix appréciable.”
A l’instar de l’ONG Transport & Environnement, le jeune entrepreneur se montre persuadé que la phase de ralentissement de l’électrification n’est que passagère. Et que l’élan va reprendre dès 2025.
Source