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Lucie Castets parachutée à Grenoble ? Les coulisses d’un choix qui fait grincer des dents


Sauter en parachute, c’est savoir comment atterrir et surtout où l’on posera les pieds. C’est encore plus vrai en politique. Lucie Castets, qui n’a pu se poser à Matignon, ainsi l’a voulu Emmanuel Macron, ne comptait pas en rester là et cherchait depuis lors une piste, un lopin de terre, un bout d’herbe sur lequel se poser et poursuivre sa jeune carrière politique. La démission du député LFI Hugo Prevost, visé par des accusations de violences sexuelles et sexistes, a ouvert la voie à l’aspirante Première ministre du Nouveau Front populaire dans la première circonscription de l’Isère où une législative partielle doit se tenir prochainement.

Beaucoup poussent cette Normande d’origine à être candidate et à gonfler ainsi les bancs de la gauche à l’Assemblée nationale, mais l’affaire apparaît plus ardue pour l’égérie estivale du NFP. Autre problème, et pas des moindres : l’idée d’une candidature “Castets” sur ces terres grenobloise est loin de faire l’unanimité au sein des appareils politiques de la coalition de gauche.

Chez les insoumis, seul Eric Coquerel, président de la commission des finances, ne cache pas son enthousiasme à l’idée. “Je suis pour cette solution, oui, ce serait positif, mais il faut, dans le cas où elle remplacerait un député France insoumise, qu’elle rejoigne le groupe France insoumise”, a-t-il lancé à la hâte sur le plateau de Dimanche en politique, sur France 3. Un engouement que Manuel Bompard, coordinateur de LFI, s’est empressé de modérer lundi au micro de LCP : “Ça fait partie des scénarios. On en discute avec elle.” Et telle sera la position de la direction du mouvement qui n’a, dit-elle, “pas encore ouvert la réflexion interne” et attend que la démission de leur député “soit effective”. Bref, il est urgent d’attendre, n’en déplaise aux “castetophiles” de la gauche. Éric Piolle est de ceux-là : le maire de Grenoble mène une campagne des plus vigoureuses pour convaincre l’intéressée et les partis de gauche de se lancer. L’édile n’a guère envie de voir la circonscription grenobloise tomber de nouveau dans l’escarcelle de la droite locale d’Alain Carignon, son prédécesseur à la mairie, qui avait fait tomber ce bastion socialiste en 1983.

“Cramer” Castets

De son côté, le Parti socialiste, qui discute beaucoup avec Lucie Castets, doute encore plus de l’opération. Sans doute parce que le terrain de jeu grenoblois s’avère piégeux pour la gauche… “La seule fois où la gauche a gagné cette circonscription depuis Carignon, c’est en 2012 pendant la vague Hollande”, explique un émir du PS. En 2017, c’est le macroniste Olivier Véran qui l’a ravie. L’ancien ministre de la Santé, qui a récemment lâché le bistouri de médecin esthétique pour se lancer dans une carrière de lobbyiste, a fait savoir à quelques amis qu’il serait prêt à se porter candidat à la députation si d’aventure Lucie Castets se lançait. Mais l’un comme l’autre pourraient s’y casser les dents…

Lors des négociations du NFP après la dissolution, la circonscription a été le fruit de brèves discussions entre le PS et LFI. Les premiers ont préféré la céder aux insoumis, au profit de meilleurs territoires. “Elle a été gagnée par la gauche un peu par surprise, parce qu’il y a eu une surmobilisation de l’électorat qui n’arrivera pas dans une législative partielle où l’abstention est toujours plus forte”, explique un légat socialiste du NFP qui n’en démord pas : “Il ne faut pas qu’on crame Lucie là-bas.”

Là-bas justement, lors de la dernière législative née de la dissolution, le candidat insoumis a réalisé ses meilleurs scores sur les bureaux de la ville de Grenoble, soit 50 % des voix de la circonscription. Une victoire sur le fil, avec 1 200 voix de plus qu’Olivier Véran, qu’il doit aussi à une triangulaire (la candidate ciottiste, soutenue par le RN, s’est maintenue) qui a éparpillé les voix à droite et au centre. Les socialistes préfèrent donc réfléchir à une candidature plutôt capable d’aller récupérer les voix du centre gauche, un champion ou une championne tendance Place publique, le mouvement de Raphaël Glucksmann. En juin, aux européennes, l’eurodéputé récoltait 21 % des bulletins exprimés dans la circonscription, contre 13 % pour LFI. Une autopsie du scrutin que les socialistes ont transmise à Lucie Castets, avant de lui rappeler les réalités locales à Grenoble, théâtre régulier de fusillades et de violences qui a fait de la sécurité l’une des premières préoccupations des habitants. Un sujet sur lequel la gauche se prend les pieds dans le tapis depuis plusieurs années.

Assez pour faire douter Castets ? “Elle a 70 % d’envie d’y aller, et 30 % d’hésitations”, fait savoir un de ses interlocuteurs réguliers qui rapporte les hésitations de Castets : “L’étiquette LFI l’ennuie, elle sait qu’elle risque de perdre des plumes, que c’est un fusil à un coup.” Et si elle venait à ravir la circonscription, d’autres problèmes se poseraient à elle et au NFP : les insoumis ont d’ores et déjà signifié à leurs partenaires que Lucie Castets avait vocation à siéger au sein du groupe parlementaire insoumis puisque la circonscription leur était allouée lors des négociations. Les socialistes ne l’entendent évidemment de pas de cette oreille, les écologistes non plus. Leur royaume pour un cheval grenoblois.




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