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Les “bombes humaines” de Kim Jong-un : ces soldats d’élite qui menacent l’Ukraine


Une nouvelle menace plane sur l’Ukraine. A en croire Kiev mais aussi Séoul, 12 000 militaires nord-coréens s’apprêtent à converger vers le front en appui des troupes russes. Moscou dément mais, selon le Service national de renseignements sud-coréen (NIS), les soldats du Nord seraient déjà à l’entraînement dans les bases militaires de l’Extrême-Orient russe, à Vladivostok, Ussuriysk, Khabarovsk et Blagoveshchensk.

En guise de confirmation, les services ukrainiens ont dévoilé une vidéo montrant les Nord-Coréens recevant leur paquetage. Ils sont équipés d’uniformes et d’armes russes, ainsi que de fausses cartes d’identité les faisant passer pour des habitants de la région extrême-orientale de Iakoutie-Bouriatie. “Les Bouriates ressemblent aux Coréens”, précise le NIS.

Difficile de mesurer l’impact qu’auront ces forces nord-coréennes. Sur le papier, elles ont toutefois fière allure. Toujours selon le NIS, Pyongyang a mobilisé quatre brigades du fameux 11e corps, baptisé le “Corps des tempêtes”, une unité d’élite stationnée à Deokcheon, dans la province de Pyongan du Nord (au nord-ouest du pays).

Ce corps est un lointain héritier de l’unité 124, un commando de 31 soldats formé dans les années 1960 pour assassiner le président sud-coréen, Park Chung-hee (1961-1979). Le 21 janvier 1968, le commando a réussi à s’infiltrer au Sud et atteindre la Maison Bleue, la présidence sud-coréenne. Les forces sud-coréennes l’ont éliminé mais l’expérience a servi de fondement aux forces spéciales du Nord.

Les “torpilles humaines”

En 1983, Pyongyang a réuni ses meilleures unités pour créer le Corps des tempêtes. Cette unité est aujourd’hui le pilier des forces spéciales, dont les effectifs sont évalués par les services américains et sud-coréens à 200 000 membres. Le 11e corps en compterait 60 000, répartis en unités d’infanterie légère, de parachutistes ou encore de tireurs d’élite, déployés au sein de l’armée de terre, de la marine, de l’armée de l’air et du Bureau général de reconnaissance, le renseignement militaire.

Définies selon l’idée d’un conflit asymétrique, leurs missions consistent à “attaquer et détruire des cibles, déstabiliser les arrières de l’ennemi, mener des attaques terroristes, neutraliser les installations stratégiques et tactiques (stations de communication, bases de missiles, aérodromes, etc.)”, selon une analyse d’Anthony H. Cordesman, Charles Ayers et Aaron Lin publiée en 2016 par le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS).

Au sein de l’Armée du peuple – l’armée nord-coréenne – forte de 1,28 million de soldats, les membres des forces spéciales sont surnommés avec fierté les “torpilles humaines” (marine), les “invincibles” (armée de l’air) et les “bombes humaines protégeant le cœur de la révolution” (armée de terre). Cet “outil” militaire joue un rôle dissuasif contre toute velléité d’attaquer le Nord de manière conventionnelle.

Choyé par le régime, le 11e Corps a accueilli à plusieurs reprises le dirigeant Kim Jong-un. D’après le NIS, les dernières visites du leader dateraient du 11 septembre et du 2 octobre.

La Corée du Nord a déjà envoyé des pilotes en Egypte et au Vietnam (à qui elle a aussi fourni des conseillers). Elle a également déployé des conseillers et des instructeurs militaires au Moyen-Orient et en Afrique, notamment en Libye, en Ouganda et en République démocratique du Congo. Si le déploiement en Russie se confirmait, ce serait la première fois qu’elle envoie une force terrestre aussi importante à l’étranger.

Alors que Moscou et Pyongyang ont signé en juin un traité de partenariat stratégique qui engage les deux pays à se soutenir militairement, les troupes d’élite nord-coréennes pourraient bientôt connaître leur baptême du feu.

“Pour la Corée du Nord, qui a fourni à la Russie des millions d’obus et de missiles, il est essentiel de se familiariser avec différents armements et d’acquérir une expérience concrète du combat”, explique Lim Eul-chul, de l’Institut d’études de l’Extrême-Orient, basé à Séoul. En échange, Pyongyang devrait bénéficier à de nouvelles technologies militaires russes. Dans le même temps, la crainte existe de voir ces militaires tenter de déserter, pour un Occident plus prospère que leur pays d’origine.




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