Après trois années de crise aiguë, Emmanuel Macron va effectuer du 28 au 30 octobre une visite d’Etat au Maroc, a annoncé ce lundi 21 octobre un communiqué du cabinet royal marocain
Cette visite, qui fait suite à une invitation fin septembre du roi du Maroc, Mohamed VI, “reflète la profondeur des relations bilatérales, fondées sur un partenariat enraciné et solide” avec une “volonté commune” de “raffermir les liens multidimensionnels unissant les deux pays”, a assuré le cabinet royal.
La France a ouvert la voie à un réchauffement bilatéral en faisant un geste sur le Sahara occidental, une ex-colonie espagnole contrôlée en majeure partie par le Maroc mais revendiquée par les indépendantistes sahraouis du Front Polisario.
Le 30 juillet, Paris a renforcé son soutien au plan marocain – qui propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté – le considérant désormais comme “la seule base” permettant de résoudre un conflit vieux de près de 50 ans. Le geste était attendu par le Maroc qui avait déjà franchi une étape majeure en obtenant la reconnaissance par l’administration américaine de Donald Trump fin 2020 de sa souveraineté sur ce territoire, en contrepartie d’un rapprochement avec Israël. Sous la pression de Rabat, la France, ancienne puissance coloniale où vit une importante diaspora marocaine, a finalement fait évoluer sa position après Berlin et Madrid.
La colère d’Alger
Sans reconnaître expressément la “marocanité” du Sahara, Emmanuel Macron a alors convenu que “le présent et l’avenir (de ce territoire) s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine”. Le changement de posture de la France a sans surprise suscité l’ire d’Alger, qui soutient les indépendantistes sahraouis et a aussitôt rappelé son ambassadeur de Paris, plongeant une fois de plus la relation bilatérale dans la tourmente.
Les indépendantistes réclament un référendum d’autodétermination prévu lors d’un cessez-le-feu en 1991 mais jamais organisé. Ce territoire, riche en eaux poissonneuses et en phosphates, dispose d’un potentiel économique conséquent.
En effectuant enfin cette visite, régulièrement évoquée mais sans cesse repoussée depuis 2022, Emmanuel Macron entend aussi tourner la page d’une série d’autres tensions. La politique de rapprochement que le président français avait engagée avec l’Algérie, alors qu’Alger a rompu en 2021 ses relations diplomatiques avec Rabat, avait déjà irrité le Maroc au plus haut point. En 2021, la décision française de réduire de moitié les visas octroyés aux Marocains avait aussi été particulièrement décriée. Comme pour les autres pays du Maghreb, elle avait pour objectif d’inciter Rabat à davantage coopérer en matière d’immigration illégale. Mais un peu plus d’un an plus tard, Paris avait fait machine arrière et sa politique de visas était revenue à la normale. Côté français, on n’avait guère apprécié les révélations selon lesquelles les téléphones d’Emmanuel Macron et de ministres avaient été ciblés en 2019 par le Maroc, utilisateur du logiciel espion israélien Pegasus, ce que Rabat a démenti.
Le réchauffement franco-marocain ouvre de nouvelles perspectives économiques et commerciales pour les entreprises françaises, qui faisaient profil bas ces dernières années devant l’accumulation de contentieux.
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