La relation qui lie Paris à ses douze collectivités d’Outre-mer est celle d’un recommencement sans fin. Après les émeutes qui ont frappé la Nouvelle-Calédonie en mai, douloureuses réminiscences des “événements” qui avaient déchiré l’archipel dans les années 1980, la Martinique est à son tour touchée par des troubles. Comme à Nouméa, difficile de ne pas voir dans les heurts qui secouent l’île depuis un mois l’écho d’un autre conflit social. En 2009, une grève générale en Guadeloupe s’est étendue en Martinique et en Guyane. La vie chère était déjà le moteur de la colère. Quinze ans plus tard, rien n’a changé.
D’après un calcul de l’Insee datant de 2022, les prix de l’alimentation sont plus élevés de 28 % à la Réunion, 40 % en Martinique et 42 % en Guadeloupe. Un rapport de la Cour des comptes explique ce décalage par des marges élevées, une concurrence limitée, mais aussi par l’octroi de mer, impôt hérité de l’Ancien Régime taxant les produits arrivant par l’océan.
80% des aliments importés de métropole
Un facteur “parmi de nombreux autres” expliquant la cherté de la vie en Martinique, dont 80 % des aliments sont importés de métropole. Pour améliorer la situation, les magistrats préconisent notamment une “réforme profonde” de cette taxe représentant une manne équivalant quasiment à un tiers des recettes des communes ultra-marines.
Là encore flotte un air de déjà-vu : un an avant les grèves qui allaient paralyser les Antilles, le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer de l’époque, Yves Jégo, proposait de supprimer l’octroi de mer sur les denrées de première nécessité à la Réunion. Sans trouver de solution pérenne de compensation. Nous étions en 2008.
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