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Attaque d’Israël en Iran : la “barrière de la peur” a sauté


Après plus de trois semaines de suspens, Israël a fini par dévoiler son jeu. Le 26 octobre, à l’aube, Tsahal a frappé l’armée iranienne sur son propre territoire à l’aide de “missiles de précision” selon Tel-Aviv. Les cibles : des bases militaires, des sites de production de missiles et des systèmes de défense antiaérienne. Des explosions ont été entendues près de Téhéran mais aussi à Ispahan plus au sud et à Mashhad dans le Nord, même si aucun bilan des destructions n’a été établi pour l’instant. “Cette fois-ci, il s’agit d’une attaque large, forte et significative à travers l’ensemble du territoire iranien, menée par des centaines d’avions de chasse et sur plusieurs vagues”, réagit l’analyste israélien Danny Citrinowicz sur le site de l’Atlantic Council.

Cette attaque israélienne se veut une réponse à l’offensive iranienne du 1er octobre, lors de laquelle Téhéran avait tiré près de 200 missiles balistiques sur Israël. “L’Iran paiera le prix de son erreur”, avait d’emblée promis le Premier ministre Benyamin Netanyahou, avant de jouer la montre. Trois options étaient sur la table : des frappes sur les sites nucléaires, des frappes sur les sites pétroliers et des frappes sur des sites militaires. Israël a choisi cette dernière voie, la moins susceptible d’entraîner une guerre totale dans la région.

“Se contenter de toucher des cibles militaires est aussi l’option privilégiée par les Etats-Unis et par d’autres alliés occidentaux, mais si rien d’important n’est touché alors rien ne changera en Iran”, avait prévenu une source diplomatique israélienne. Attaquer les sites nucléaires iraniens risquait de plonger le Moyen-Orient dans une guerre destructrice, sans garantie que le programme nucléaire de Téhéran soit stoppé. Une destruction des sites pétroliers pouvait entraîner une crise économique mondiale, de bien mauvais augure à dix jours de la présidentielle américaine. Les pressions internationales ont eu raison des faucons de Tel-Aviv. Pour l’instant.

L’Iran prévenu de l’attaque ?

D’après les premiers rapports en Iran, les dégâts seraient maîtrisés. Les médias iraniens ont très vite minimisé l’ampleur de l’attaque, mettant l’accent sur les missiles interceptés et sur le calme régnant à Téhéran. Ces réactions laissent une marge de manœuvre au régime iranien, qui pourrait choisir de déclarer victoire et donc ne pas riposter contre Israël. D’après le média américain Axios, toujours bien informé sur les coulisses du pouvoir israélien, les dirigeants de l’Etat hébreu avaient d’ailleurs fait savoir aux Iraniens dès vendredi que l’attaque allait se produire et qu’ils ne devaient pas répliquer. L’escalade régionale serait alors sur pause.

L’importance de cette attaque israélienne ne doit néanmoins pas être sous-estimée : c’est la première fois depuis la guerre Iran-Irak, dans les années 1980, que l’État iranien est attaqué par une puissance étrangère sur son sol. La doctrine sécuritaire de la République islamique consiste précisément à mener les guerres contre ses ennemis à l’extérieur de ses frontières, via ses réseaux de milices, sans mettre en danger la population iranienne. Comme un pacte entre ce régime autoritaire et ses habitants : malgré la dictature, il vous reste la sécurité. Mais ce matin du 26 octobre, c’est pourtant bien au-dessus des grandes villes de l’Iran que les systèmes de défense antiaérien fonctionnaient à plein régime.

Au-delà de l’aspect symbolique, ces frappes israéliennes ont aussi affaibli les systèmes de défense de l’Iran, désormais davantage exposé à des dégâts massifs en cas de riposte militaire et d’escalade régionale. “Pour la première fois, Israël admet avoir mené des attaques aériennes contre l’Iran et, même si cette offensive est calibrée, une nouvelle ère s’ouvre dans les relations entre Israël et l’Iran, estime Danny Citrinowicz. La ‘barrière de la peur’ israélienne d’attaquer à l’intérieur de l’Iran n’existe plus. La puissance et la létalité de la réponse iranienne nous montreront si la ‘barrière de la peur’ de Téhéran d’une guerre totale avec Israël existe encore.” Comme souvent dans la région, les prochaines heures seront décisives.




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