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Visite de Macron à Mohamed VI : “Une bonne relation entre la France et le Maroc est vitale”


Après avoir évité tout faux pas protocolaire ces derniers mois, Emmanuel Macron se rend à Rabat dans un geste d’amitié qui clôt deux années de tensions. La relation entre la France et le Maroc est jalonnée par des périodes de proximité ponctuées, de temps à autre, de parenthèses glaciales. Les récents échanges amicaux entre le président français et le roi du Maroc constituent un nouveau rebondissement qui illustre parfaitement les hauts et les bas d’un lien bilatéral singulier. La relation entre les deux pays est profondément ancrée dans l’Histoire et les symboles. Si le sultan du Maroc est aujourd’hui un roi et que le roi de France est aujourd’hui un président, certaines choses sont demeurées intactes de part et d’autre.

La présidence de la République française a préservé certains fastes hérités de la royauté quand la monarchie marocaine, elle, s’est maintenue dans une continuité plus profonde, demeurant non seulement attachée à l’apparat, mais également au strict respect du protocole ancestral du sultanat. Ce dernier, enraciné dans des siècles d’histoire et de tradition, infuse encore aujourd’hui le quotidien du royaume chérifien, réaffirmant constamment la singularité d’une monarchie qui, tout en s’adaptant aux réalités modernes, n’a jamais renoncé à l’essence de son héritage.

Au Maroc, le respect des codes monarchiques reste impératif

La brouille entre la France et le Maroc aurait été ainsi scellée lors d’un échange téléphonique entre Emmanuel Macron et Mohammed VI qui aurait viré au crime de lèse-majesté. Au Maroc, comme au Japon ou au Royaume-Uni, le respect des codes monarchiques est un impératif, non seulement pour le citoyen ordinaire, mais aussi pour les chefs d’État étrangers. Bien que les discussions puissent rester franches, elles exigent une retenue que le monde politique français, parfois perçu de l’extérieur comme un théâtre de surenchères et de polémiques, ne maitrise pas toujours. Or, la diplomatie, d’État à État et, plus encore, de chef d’État à chef d’État, demande une toute autre disposition d’esprit : celle du pragmatisme, de la retenue, de la modération. La politique, souvent empreinte d’une certaine fougue, peut tolérer les coups de poker et les tactiques audacieuses. Mais la diplomatie est une tout autre affaire. Cette dernière exige un jeu bien plus subtil, où chaque mot, chaque geste compte, et où même le plus fin des stratèges politiques, tel Emmanuel Macron, doit ajuster ses manœuvres à un contexte où le respect protocolaire est au fondement de l’échange.

Vu du Maroc, la récente brouille apparaissait d’autant plus incompréhensible qu’elle semblait découplée de la réalité quotidienne. À Rabat, comme à Paris, les échanges culturels, économiques et humains n’ont jamais vraiment cessé. Les centres culturels français au Maroc continuent d’attirer des foules. La langue française, bien qu’ébranlée par l’essor de l’anglais, reste omniprésente dans les rues et dans les établissements scolaires. Pour de nombreux Marocains, la France demeure un horizon familier qui, malgré les remous diplomatiques, ne s’est jamais trop éloigné. De l’autre côté de la Méditerranée, le Maroc, avec sa vitalité et ses contrastes, reste ancré dans l’esprit des Français. Le tourisme, pierre angulaire de l’économie marocaine, n’a pas faibli. Même après le tragique séisme d’Al-Haouz, que l’on pensait susceptible de freiner l’afflux des visiteurs, Marrakech, Tanger, Dakhla ont vite retrouvé leurs fidèles visiteurs. Loin d’être découragés, les Français ont afflué de nouveau, marquant par leur présence une solidarité discrète mais bien réelle.

L’influence du Maroc en Afrique subsaharienne, un levier incontournable

Ces liens intarissables sont vitaux pour la France en Afrique. Cette dernière a besoin d’un allié sûr et fiable face au déclin de son influence en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Le retrait des troupes françaises du Mali et du Niger ainsi que la création de l’Alliance des États du Sahel, qui rejette les cadres de coopération régionaux traditionnels, montre une volonté croissante d’affranchissement vis-à-vis de la France. Dans ce contexte, Paris se tourne vers Rabat. L’influence du Maroc en Afrique subsaharienne, notamment à travers des investissements stratégiques et un réseau diplomatique bien rodé, devient un levier incontournable.

Bien des accords seront signés lors de la visite d’Emmanuel Macron, des décisions importantes seront prises, d’autant plus que la France, à travers son chef d’État, s’est aujourd’hui positionnée du côté du Maroc sur la question du Sahara Occidental, considérant que le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine est la seule solution viable à un différend qui n’a que trop duré. En se réajustant comme à leur habitude, la France et le Maroc maintiennent une alliance relativement unique dans le paysage régional. La force de cette relation réside dans l’aptitude des deux pays à surmonter les moments de friction sans jamais rompre le dialogue. Loin des discours diplomatiques policés, ces tensions révèlent une réalité : Rabat et Paris savent qu’ils sont plus forts lorsqu’ils avancent ensemble. Les intérêts communs, qu’ils soient économiques, sécuritaires, culturels ou environnementaux, nécessitent un dialogue permanent. Au-delà des malentendus, divergences et tensions ponctuelles, c’est dans cette capacité à dépasser les crises pour mieux se retrouver que réside le véritable secret du couple franco-marocain.

* Conseiller politique auprès de nombreux gouvernements arabes, Zaid M. Belbagi, Marocain et Britannique, est le président de Hardcastle, une société de conseils stratégique basé à Londres.




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