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Accord UE-Mercosur : le traité de la discorde entre Paris et Berlin


Voilà un nouvel épisode dans la longue histoire des escarmouches entre Paris et Berlin : le projet de traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, qui regroupe plusieurs pays d’Amérique du Sud. Des discussions marathon qui ont débuté au début des années 2000 et qu’Ursula von der Leyen aimerait bien voir aboutir d’ici la fin de l’année. Fait rare ces temps-ci en France, le traité fait l’unanimité contre lui. Tous les syndicats agricoles, de la FNSEA jusqu’à la Confédération paysanne, mais également Matignon et l’Elysée s’opposent à la ratification du texte tel qu’il est écrit. Problème : de l’autre côté du Rhin, l’Allemagne pousse à une adoption rapide.

Cette nouvelle bataille est un peu le match retour d’un autre affrontement qui s’est joué ces derniers mois, celui relatif à l’augmentation des droits de douane sur les importations de véhicules électriques chinois. Paris était pour, Berlin contre. La France, qui avait réussi à fédérer une coalition de pays européens autour d’elle, dont l’Italie de Giorgia Meloni, avait eu gain de cause. Cette fois, avec le Mercosur, les forces penchent plutôt du côté de l’Allemagne. Pour que le traité soit rejeté, il faut une majorité qualifiée au Conseil européen – le cénacle qui regroupe les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 pays membres de l’UE -, soit 15 pays qui représentent au moins 65 % de la population européenne. Or, dans le camp de l’Allemagne pointent l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Autriche et une bonne partie des pays du nord de l’Europe.

Deux visions

Derrière cette nouvelle bataille franco-allemande, deux modèles, deux visions du monde s’opposent. L’Allemagne, en récession depuis maintenant deux ans, et dont le principal moteur est celui des exportations, voit dans le Mercosur une formidable opportunité pour y vendre ses berlines et autres machines-outils. De même, elle redoute les rétorsions de la Chine, son premier client. La France, elle, dont le poids de l’agriculture est deux fois plus élevé qu’outre-Rhin et qui a vu partir non nombre de ses usines, cherche à protéger le peu d’industrie qui lui reste.

Des divergences problématiques, notamment en cas de victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine. Le candidat républicain a fait de la guerre commerciale l’axe principal de son projet économique. S’il remporte la Maison-Blanche et met à exécution ses menaces, l’Europe devra montrer un front uni. Une gageure.




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