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Budget : combien rapporterait la suppression d’un jour férié ?


“Il faudra travailler plus !”, avait promis le nouveau ministre de l’Economie Antoine Armand, après que le gouvernement a annoncé devoir réaliser 60 milliards d’euros d’économies pour réduire le déficit public, et alors que les débats sur le Budget 2025 battent leur plein à l’Assemblée nationale.

Au-delà des solutions permettant de dépenser moins – 40 milliards de réductions des dépenses publiques notamment, via le non-renouvellement de certains fonctionnaires, le report de l’indexation des retraites ou encore la baisse du budget des collectivités – d’autres mesures doivent permettre au gouvernement de dégager davantage de recettes. En plus des 20 milliards que devraient rapporter de potentielles hausses d’impôts pour les particuliers et les entreprises les plus fortunés, la suppression d’un deuxième jour férié, et sa transformation en journée de solidarité, est désormais étudiée. Une proposition formulée par le député du Nord et ancien locataire de la place Beauvau Gérald Darmanin, et encouragée par le nouveau ministre du Budget et des Comptes publics Laurent Saint-Martin, qui estime que “tout ce qui permet à notre pays de montrer qu’on peut travailler davantage pour participer à l’effort de redressement va dans le bon sens”.

En France, il existe 11 jours fériés. Si en principe seule la fête du travail, le 1er mai, est obligatoirement chômée, en réalité les autres jours le sont également beaucoup, grâce aux conventions collectives ou aux accords avec les employeurs. En 2004 déjà, Jacques Chirac avait fait appel à la force de travail des Français pour créer une “journée de solidarité”. C’est-à-dire transformer un jour férié en jour travaillé, dont les recettes permettent de financer des actions pour l’autonomie des personnes âgées ou handicapées. A l’origine fixée sur le lundi de Pentecôte, les entreprises sont en réalité libre de fixer les modalités de cette journée de solidarité : retenir à la place un jour de congé, le fixer sur un autre jour férié ou encore étaler les sept heures de travail “offertes” en solidarités par les employés sur d’autres journées de travail.

Jusqu’à 3,3 milliards d’euros de gains

Selon les calculs de l’Insee, ajouter un jour travaillé au calendrier permettrait d’accroître d’environ 0,05 % le PIB. C’est-à-dire, de gagner près de 1,5 milliard d’euros. Ainsi dans sa dernière note sur l’effet des jours travaillés sur l’économie, l’institut de statistique indique que la France a gagné 0,10 point de PIB en 2024, “le gros de l’effet” venant “de deux lundis ouvrés de plus en 2024 par rapport à 2023”. Mais en 2021, selon Le Figaro, les cotisations versées par l’employeur durant la journée de solidarité nationale – qui doivent correspondre à 0,3 % de sa masse salariale brute de l’entreprise – avaient rapporté bien plus : 2,124 milliards d’euros. A cela s’ajoutent 783 millions d’euros provenant des pensions de retraite diminuées de 0,3 % au titre de la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (CASA), les retraités et préretraités imposables étant également concernés par l’effort de solidarité annuel depuis 2013.

Une recette qui séduit les députés de bords divers : dans un rapport d’information publié le 25 septembre, les sénatrices Chantal Deseyne (LR), Anne Souyris (Ecologiste) et Solanges Nadille (Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants) suggèrent de créer une “journée de solidarité” supplémentaire “afin d’accompagner le renforcement du financement des Ehpad”. Selon elles, cette journée de solidarité bis pourrait rapporter encore davantage au gouvernement si elle est mise en place en 2025 : “2,4 milliards d’euros de recettes supplémentaires” seraient ainsi engrangés, et même 3,3 milliards d’euros “en augmentant symétriquement la contribution des retraités”.




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