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Emmanuel Macron au Maroc : les “cadeaux” de la réconciliation pour oublier les brouilles

“S’il n’annonce pas de geste fort sur le Sahara occidental, il sera venu pour rien”, indiquait déjà une source marocaine, à la veille de l’allocution très attendue du président de la République français en visite d’Etat depuis lundi 28 octobre. Pour les Marocains, cette question est consubstantielle à leur identité. Pour Pierre Vermeren, auteur du Maroc en 100 questions (Ed. Tallandier, 2020), “les Marocains attendaient un geste symbolique mais aussi des engagements de la part de la France”.

C’est chose faite. Le président français a clarifié et réaffirmé sa position du 30 juillet dernier où il soutenait la solution marocaine dans cette zone disputée. Ce 29 octobre, devant un Parlement comble et conquis, Emmanuel Macron a assuré que “le présent et l’avenir de ce territoire s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine.” Une déclaration complétée par l’engagement d’investissements dans cette région, où le Maroc a réalisé d’importants efforts de développement ces dernières années. De cette étendue désertique, située dans le sud du pays, le royaume contrôle aujourd’hui 80 % de son territoire, les 20 % restants étant aux mains du Front Polisario, soutenu par Alger. Un conflit resté sans solution depuis un demi-siècle. Reste le souhait d’un consulat sur place, que le président français n’a pour le moment pas évoqué. Mais peut-être souhaite-t-il garder des billes pour la suite ? Emmanuel Macron a proposé à Mohammed VI de signer un nouveau “cadre stratégique” bilatéral en 2025 à Paris à l’occasion du 70e anniversaire de la Déclaration qui scella l’indépendance du Maroc de la France.

Une solidarité avec les Palestiniens

Autre gage donné au royaume marocain : le conflit au Proche-Orient. Après avoir réaffirmé le soutien à Israël pour la libération des otages, Emmanuel Macron a de nouveau appelé à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban, ainsi qu’à la fin de la livraison d’armes à Tel-Aviv. Alors que le Maroc a signé les accords d’Abraham avec l’Etat hébreu, la population du pays, largement musulmane, a largement exprimé sa solidarité avec les Palestiniens. Une question sensible au Maroc qui, sur le sujet du Proche-Orient, pratique un “en même temps” qui ressemble furieusement… à celui du président français. Dans un discours d’une quarantaine de minutes, où une large place a été donnée au rappel de cette amitié historique, ces deux sujets étaient les plus susceptibles de générer des tensions – à part celle “du football”, a ironisé le président français qui a eu droit à un bain de foule devant le Parlement.

Le roi du Maroc (à droite) et le président français à Rabat, la capitale, le 28 octobre 2024.

Avant une rencontre avec les entrepreneurs français et marocains, cette allocution, applaudie largement par une longue standing ovation des députés marocains, marque le climax d’une visite où les symboles comptent autant que les mots. La France avait composé la plus belle délégation possible – Leïla Slimani, Teddy Riner, Eric Toledano, Audrey Azoulay entre autres – et le Maroc a mis les petits plats dans les grands, accueillant en grande pompe le couple présidentiel et les 122 membres de la délégation française. “Le Maroc est notre allié naturel en Afrique”, assume Jack Lang, le président de l’Institut du monde arabe qui fait partie du voyage.

Quelques nuages dans le ciel de Rabat…

Les seuls nuages du jour à signaler se trouvaient dans le ciel de Rabat. Alors que chaque détail de cette visite d’Etat a été pensé au millimètre, les polémiques finissent toujours par reprendre le dessus. Côté français, c’est la présence non annoncée dans la composition de la délégation officielle de l’humoriste controversé, Yassine Belattar qui fait débat. Sa venue en jogging baskets n’a pas manqué de heurter la presse marocaine…

Au-delà des symboles, que restera-t-il de cette visite ? L’engagement d’un partenariat durable, veulent croire les différents acteurs engagés. Lors d’une nouvelle cérémonie sous le regard d’un chef de l’Etat français visiblement très satisfait, vingt-deux contrats ont été signés dans le domaine énergétique, avec Patrick Pouyanné, patron de TotalEnergies, Rodolphe Saadé de CMA-CGM ou Catherine McGregor d’Engie. Toutefois, beaucoup de déclarations d’intentions subsistent avec différents ministères français et marocains. Pour éviter que ces belles déclarations restent lettre morte, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’un comité de suivi paritaire dont la première réunion doit se tenir en janvier 2025. Ce nouveau cadre stratégique fait ainsi du Maroc le premier pays de l’Union européenne avec lequel il y aurait une telle proximité. “Les Marocains ne sont pas dupes, ils savent qu’après avoir été rejetés par l’Algérie, les Français se rappellent opportunément du Maroc”, commente un acteur local. Les “cadeaux” de la réconciliation – dix milliards de contrats et la reconnaissance du Sahara occidental – devraient néanmoins faire oublier les années de brouille.




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