Un costume bleu ajusté. Une cravate rouge à la couleur de son parti. Donald Trump foule la scène du Madison Square Garden de New York. Face à lui, une armée de casquettes rouges “Make America great again” venue assister à son meeting de clôture ce dimanche 27 octobre. Les slogans fusent. Pendant quatre heures, les invités parmi lesquels Elon Musk, Hulk Hogan, Robert Francis Kennedy Jr, ou encore Tony Hinchcliffe, ont déchaîné la foule de 20 000 personnes. L’heure est maintenant au discours du candidat républicain.
Le sourire en coin, Donald Trump s’adresse à la foule. “Nous devons faire élire les membres du Congrès et les Sénateurs”, lance-t-il en faisant référence aux élections législatives qui se tiendront la semaine prochaine. Le milliardaire se tourne vers Mike Johnson, président de la Chambre des représentants des États-Unis. “Nous pouvons prendre le Sénat assez facilement, et je pense qu’avec notre petit secret, nous allons obtenir de très bons résultats à la Chambre des représentants. Notre petit secret a un grand impact. Lui et moi avons un petit secret. Nous vous le dirons quand la course sera terminée”, conclut l’ancien président d’un rire étouffé.
Trump: I think with our little secret we are gonna do really well with the house, our little secret is having a big impact, he and I have a little secret, we will tell you what it is when the race is over pic.twitter.com/sKXCLblyLO
— Acyn (@Acyn) October 28, 2024
“Je n’ai pas l’intention de le partager”
Les nombreuses remarques racistes entendues lors de ce meeting ont relégué au second plan cette allusion à un “petit secret”. Elle n’a cependant pas échappé aux démocrates. Car pour eux, nul doute : Donald Trump et Mike Johnson préparent un complot visant à voler l’élection présidentielle du 5 novembre prochain. En 2020, l’actuel président de la Chambre des représentants avait déjà travaillé main dans la main avec le candidat républicain pour saper les résultats de l’élection, en soutenant une action en justice intentée au Texas pour tenter d’annuler les résultats dans quatre États-clés. Un mauvais souvenir pour les démocrates, ravivé par les manigances presque explicites de Donald Trump.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Mike Johnson n’a pas cherché à apaiser les craintes. Au contraire. “En parlant de secret, Harris savait que Biden était physiquement et mentalement affaibli, et elle n’a rien dit”, a-t-il écrit dans une déclaration transmise au New York Times, faisant référence aux accusations non prouvées selon lesquelles la Maison-Blanche avait dissimulé un déclin des capacités cognitives du président. “Le FBI savait que la collusion avec la Russie était fausse, et il l’a également gardée secrète. Il semble que tous ces secrets n’aient pas eu d’importance pour les médias parce qu’ils étaient en faveur des démocrates. Mais celui-ci pourrait aider Donald Trump et maintenant ils s’en soucient ? Par définition, un secret ne doit pas être partagé, et je n’ai pas l’intention de partager celui-ci”, a-t-il ajouté. Au-delà de susciter la frénésie chez les démocrates, la déclaration de Mike Johnson semble confirmer que le candidat républicain faisait bel et bien référence à un “secret” précis. De quoi alimenter encore un peu plus les spéculations sur ses plans.
La crainte d’une fraude électorale
Dan Goldman, représentant démocrate de New York, a par exemple supposé que le “petit secret” était un “plan de secours” pour renverser les élections en cas de défaite de Donald Trump. “Le 6 janvier, le décompte des voix aura lieu, et comme nous le savons depuis 2021, quiconque contrôle le Congrès aura son mot à dire”, s’inquiète-t-il dans une interview accordée à CNN, en évoquant implicitement le rôle que le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson, peut jouer.
Si les démocrates craignent que Mike Johnson ne participe à une fraude électorale, une révision de la loi sur le décompte des voix adoptée après l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 devrait jouer en leur faveur. Depuis cette date, la tâche de présider la certification des résultats est en effet confiée au vice-président, et non plus au président de la Chambre des représentants. Pour autant, Mike Johnson ne sera pas impuissant. Ce dernier pourrait tout de même contribuer à l’organisation de poursuites judiciaires par les républicains, ou faire pression sur les commissions électorales des différents États afin qu’elles rejettent des votes légitimes. Le président de la Chambre des représentants pourrait également tenter de refuser de faire siéger de nouveaux membres démocrates au Congrès. Mais usera-t-il de ses pouvoirs ? Réponse en janvier prochain.
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