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Au Caucase ou aux Etats-Unis, la démocratie menacée dans les deux Géorgie


A priori, elles n’ont rien en commun, à part leur nom. Et pourtant, les deux Géorgie symbolisent dramatiquement les menaces pesant sur les démocraties occidentales. En Europe, dans ce petit Etat du Caucase (4 millions d’habitants), le parti au pouvoir “Rêve géorgien”, fondé et financé par un richissime oligarque à la solde de Moscou, Bidzina Ivanichvili, vient de remporter des élections législatives accusées de fraudes et d’ingérences. Au point que la présidente Salomé Zourabichvili, à l’unisson de l’opposition pro européenne, dénonce une “prise de contrôle par la Russie”.

Ce pays, où le gouvernement sape méthodiquement l’Etat de droit malgré des manifestations massives, revêt une importance stratégique pour le chef du Kremlin, Vladimir Poutine, qui occupe 20 % du territoire depuis son offensive militaire de 2008. Son but : tout faire pour éviter que la Géorgie ne rejoigne l’Union européenne – le processus d’adhésion a été gelé après l’instauration dans ce pays d’une loi sur les “agents de l’étranger” inspirée de Moscou.

La contestation avait déjà démarré en Géorgie en 2020

A 10 000 kilomètres, une autre Géorgie, presque trois fois plus peuplée, inquiète tout autant. Située au sud-est des Etats-Unis, et devant son nom au roi George II de Grande-Bretagne, elle fait partie des sept Etats pivots qui risquent de faire basculer l’élection présidentielle du 5 novembre.

Prêtes à tout pour gagner quoi qu’il arrive, les troupes de Donald Trump, qui contrôlent les instances électorales en Géorgie, se préparent à contester le résultat sorti des urnes en cas de victoire de Kamala Harris. Elles avaient par exemple introduit en septembre une mesure imposant le comptage manuel des bulletins de vote. Mais cette règle qui aurait pu retarder nettement la proclamation des résultats, a été bloquée par un juge au motif qu’elle créait “de l’incertitude et du désordre”.

Déjà, en 2020, le vent du soupçon avait commencé à souffler depuis cet Etat. Criant à la fraude, Trump avait demandé plusieurs recomptages des voix. Et, alors que Joe Biden l’avait finalement emporté en Géorgie avec moins de 12 000 voix d’avance, son adversaire républicain avait, en vain, fait pression sur un officiel local pour qu’il lui “trouve” les bulletins manquants. En toute impunité, puisque, malgré son inculpation, le procès du milliardaire est toujours dans les limbes.

Après avoir cédé à Tbilissi, les digues de la démocratie vont être mises à rude épreuve à Atlanta. Face à des ennemis qui avancent pourtant à visage découvert, la démocratie n’a jamais semblé aussi nue, pour le plus grand bonheur de Poutine et de ses amis autocrates.




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