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Guerre en Ukraine : comment l’armée russe a multiplié les gains territoriaux en octobre

Les lignes bougent dans l’est de l’Ukraine. Et notamment dans la région du Donbass, considérée comme la “priorité” du président russe Vladimir Poutine. Ce jeudi 31 octobre, c’est le village de Iasna Poliana qui est tombé aux mains de l’armée du Kremlin, le ministère russe de l’Intérieur parlant – sans surprise – d’une “libération”. Quelques jours plus tôt, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest, la ville de Vougledar a subi le même sort. Et toujours dans l’Est de l’Ukraine, la cité industrielle de Kourakhové, 3 000 habitants, observe désormais l’armée russe à ses portes.

Toutes ces villes et villages constituaient des points d’ancrage stratégiques des défenses ukrainiennes dans la région. “Ces gains, parmi les plus rapides de la guerre, aideront l’armée russe à sécuriser ses flancs avant de lancer un assaut sur la ville de Pokrovsk, une plaque tournante logistique clef pour les forces ukrainiennes dans le Donbass”, souligne le quotidien américain, The New York Times. Les troupes russes se situent désormais à environ 6 kilomètres de ce centre urbain.

Malgré les avancées russes, les soldats ukrainiens continuent de tenir la ligne de front.

Depuis le début du mois d’octobre, l’armée de Vladimir Poutine a progressé de 478 km² en territoire ukrainien. Il s’agit de son gain territorial le plus important sur un mois depuis mars 2022 et les premières semaines de la guerre, selon une analyse de l’AFP publiée lundi 28 octobre, à partir de données de l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW). Les deux tiers de ces avancées, soit 324 km², ont été réalisées dans l’oblast de Donetsk. “Les Forces Armées de la Fédération de Russie (FAFR) continuent leur stratégie de grignotage territorial et poursuivent leurs frappes quotidiennes dans la profondeur de l’Ukraine, ciblant notamment des infrastructures énergétiques et des zones résidentielles”, a commenté sur le réseau social X, ce jeudi, le ministère des Armées et des Anciens combattants.

Des soldats ukrainiens à bout de forces

Ces avancées russes représentent un changement frappant par rapport à l’année dernière. À cette époque, les lignes de front restaient quasi-statiques, malgré des offensives ambitieuses de la part des deux camps. L’ISW rappelle toutefois que le rythme de progression actuel demeure “cohérent avec une guerre de position”, c’est-à-dire “lent”. Et l’arrivée prochaine de l’hiver ne devrait pas bousculer ce constat. “Les mouvements tactiques vont devenir beaucoup plus compliqués dans les semaines à venir, en attendant que le froid s’installe. Les Russes n’avanceront plus alors que de quelques kilomètres, ici et là”, anticipe dans les colonnes de La Dépêche le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la revue Défense nationale.

En face, les forces ukrainiennes sont à la peine, moins nombreuses et moins bien armées que leurs ennemis. Elles sont tellement sollicitées qu’il est difficile pour elles de tenir certaines positions. Alors que Volodymyr Zelensky a récemment annoncé la mobilisation de 160 000 nouvelles personnes pour garnir son armée, d’autres éléments expliquent le grignotage du Kremlin. “Il y a l’utilisation accrue de puissantes bombes guidées, capables de détruire les positions ennemies fortifiées, et le manque de fortifications ukrainiennes dans la zone où se trouve la Russie”, liste dans le New York Times Vincent Tourret, analyste à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

Par ailleurs, les soldats ukrainiens s’inquiètent du futur déploiement de troupes nord-coréennes visant à soutenir l’effort de guerre russe, annoncé par l’Ukraine et les Occidentaux. Selon Washington et Séoul, quelque 10 000 soldats envoyés par Pyongyang se trouvent en Russie. L’ambassadeur russe à l’ONU, Vassili Nebenzia, a balayé mercredi de “simples affirmations” sans “preuves convaincantes”. Mais le président Vladimir Poutine n’avait, lui, pas nié quand il avait été questionné à ce sujet la semaine dernière.

“Poutine pense probablement qu’il vit sa meilleure vie”

En plus de voir les lignes bouger sur le terrain, le ciel russe semble légèrement s’éclaircir sur le volet diplomatique. En témoigne la récente tenue du sommet des Brics à Kazan, tordant le cou à l’idée d’une Russie isolée sur la scène internationale. Ou encore, plus récemment, l’attitude du Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui s’est précipité en Géorgie, mardi 29 octobre, pour soutenir le gouvernement pro-russe qui revendique la victoire après des législatives contestées. Et tant pis si cela fait grincer des dents les autres membres de l’Union européenne. “Poutine pense probablement qu’il vit sa meilleure vie”, ironisait alors Bruno Tertrais, directeur adjoint de la FRS sur le plateau de “C ce soir” (France 5).

Alors que la guerre s’apprête à entrer dans son troisième hiver, une petite musique continue de se faire entendre dans certaines capitales occidentales : l’idée qu’une partition de l’Ukraine serait l’unique solution. Dans un article publié début octobre,The Financial Times s’en est inquiété. Le quotidien britannique a appelé dans un éditorial à soutenir le voisin ukrainien : “Nous ne pouvons pas savoir aujourd’hui comment se terminera la guerre. Mais l’Occident a le pouvoir d’aider l’Ukraine à reprendre le dessus sur son ennemi – et c’est dans son intérêt”. Reste à savoir si cet appel sera entendu.





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