40 milliards de livres de hausses d’impôts assumées, pour des investissements dans des services publics à bout de souffle comme “les écoles, les hôpitaux et les routes”… Le gouvernement travailliste de Keir Starmer a présenté mercredi 30 octobre, après un record de 117 jours de confection, son premier budget depuis son accession au pouvoir au Royaume-Uni en juillet. Et ce dernier est déjà vertement critiqué par les conservateurs.
La mesure la plus décriée : le gros de la hausse d’impôt sera tiré d’une augmentation des cotisations patronales, qui devrait rapporter 25 milliards par an. Une proposition qui fait le pain bénit de l’opposition, qui crie au scandale en rappelant au Labour sa promesse d’épargner “les gens qui travaillent”. Car à cause de cette mesure, “des millions de travailleurs vont être confrontés à deux années de stagnation des salaires” affirme le quotidien conservateur The Daily Telegraph, selon qui le budget des travaillistes “met sous pression les travailleurs et les entreprises”. Même le quotidien de gauche The Guardian le reconnaît : cette hausse de cotisation est un “pari risqué”, car “l’Office for Budget Responsibility (OBR) estime que les entreprises répercuteront l’impact par une baisse des salaires”, rappelle le média.
“Rupture radicale”
Lors de la présentation du budget, les députées du Labour ont mis l’accent sur la souffrance chronique du NHS, le système de santé britannique, largement sous-financé. Celui-ci recevra donc des ressources supplémentaires à hauteur de 22,6 milliards de livres d’ici à 2026, tandis que l’éducation bénéficiera de 4 milliards de livres de crédits supplémentaires. Mais en examinant le budget de plus près, The Guardian souligne des incohérences : “malgré d’énormes sommes d’argent” consacrées aux services publics “en particulier au NHS, cette année et l’année suivante, l’investissement diminue ensuite”.
Durant ses 80 minutes d’adresse, la députée du Labour et Chancelier de l’Echiquier Rachel Reeves “a dépassé les attentes en annonçant des emprunts et des dépenses records en dehors d’une urgence économique, mais sans que les dividendes de la croissance en témoignent”, rapporte le Times. Ce qui constitue non seulement une “rupture radicale dans la gestion budgétaire au Royaume-Uni”, juge le quotidien britannique, mais aussi une décision “lourde de conséquences potentielles imprévues”. Car, analyse le site européen Politico, “la croissance économique prévue reste obstinément lente selon les prévisions officielles”. Avec une croissance déjà basse et une augmentation des cotisations qui pourrait être reportée aux trois quarts sur la fiche de paie des travailleurs, ce nouveau budget “réduira les dépenses de consommation et limitera l’économie à des niveaux de croissance modestes de 1,5 à 1,6 pour cent d’ici la fin de la décennie”, prédit le Times.
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