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Face à Trump, les manuels d’histoire retiendront la panique démocrate, par Abnousse Shalmani


La campagne présidentielle américaine est habitée par la dépression, un sentiment de bis repetita inquiétant qui dit la quasi-impossibilité de vaincre Donald Trump. Car même s’il perd l’élection, il aura tant abîmé la politique, par ses outrances, ses insultes, son indécence, que ni l’Amérique ni l’Occident n’en sortiront indemnes. Le spectacle est d’autant plus désolant que le républicain et la démocrate ne se concurrencent pas sur leurs programmes, leurs visions de l’avenir, leurs réponses aux ruptures américaines et internationales. Ils s’écharpent à coups d’invectives, de propositions sans débouchés, d’injures. Si le coupable, “celui qui a commencé le premier”, est bien Donald Trump, Kamala Harris a commis l’erreur de surenchérir et de jouer sur le même terrain que l’incontrôlable et grossier républicain.

Que retiendront les manuels d’histoire de l’arrivée de Donald Trump dans l’arène politique ? La panique. Une panique qui s’est installée durablement dans le camp démocrate quand le retrait bienvenu de Joe Biden ne suffisait plus à masquer la mauvaise campagne de Kamala Harris. Une panique qui a fait oublier la chose la plus importante d’une campagne : l’incarnation. Kamala Harris aurait dû, aurait pu endosser le costume de l’avenir, raconter une histoire qui dit le cosmopolitisme de l’Amérique, l’égalité érigée en superbe, la réussite pour tous, sans distinctions raciales. Parce que justement, elle est l’enfant de l’exil, de parents universitaires issus d’Inde et de Jamaïque, parce qu’elle a été procureure de Californie et vice-présidente.

Elle aurait pu broder sur le corps des femmes qui n’appartient qu’à elles, répéter que vous pouvez être contre l’avortement, parce que votre foi, vos croyances, vos saints, d’accord, mais que personne jamais ne vous force à avorter, alors que va faire votre foi dans l’utérus de la voisine ? Elle aurait pu rappeler avec force la réouverture des usines du made in America par Joe Biden, s’adresser aux électeurs trumpistes de la “ceinture de rouille” pour réactiver la promesse de la fierté dans le travail. Mais Harris, prise de panique ethnique, a préféré proposer des mesures ne s’adressant qu’aux Afro-Américains, et leur promettre la légalisation du cannabis pour que les hommes noirs puissent profiter “d’opportunités” – un déterminisme glaçant. Il y a 10 millions de Noirs pauvres aux Etats-Unis et 23 millions de Blancs pauvres. Pourquoi ne pas avoir proposé la fin de la pauvreté pour tous ?

Campagne d’une éditorialiste anti-Trump

La campagne de Kamala Harris a été celle d’une éditorialiste anti-Trump. L’accusation de “fasciste” comme celle de “petit tyran” sont une affaire de chroniqueurs, non de candidate. Elle joue à la mère la morale en reprenant les sorties offensantes de Trump pour lui taper sur les doigts. Elle n’a jamais été que dans la réaction face aux éructations répétitives et mensongères du républicain, allant jusqu’à réclamer de “tourner la page Trump”. Mais qu’a donc fait Biden après la défaite de Trump si ce n’est se vanter d’avoir tourné cette page qui décidément colle aux doigts d’une Amérique malade de ses illusions perdues ?

Et que dire de la énième bêtise de Biden, qui, amnésique de celle d’Hillary Clinton sur les “déplorables”, n’a rien trouvé de mieux que d’insulter les électeurs trumpistes en les comparant cette fois à des “ordures” pour répondre à une “blague” immonde d’un humoriste sur les Portoricains ? Et voilà Trump conduisant un camion à ordures ! Et ses électeurs de se sentir toujours davantage en phase avec lui contre l’establishment, l’Etat profond, les médias mainstream, les élites.

La décision du Washington Post de ne pas se prononcer pour un candidat relève justement l’hystérie qui s’est emparée des démocrates. On oublie que ce qui compte c’est bien “les preuves journalistiques accablantes présentées par le Washington Post lui-même sur la menace que Donald Trump fait peser sur la démocratie”, comme l’écrivent les mythiques Bob Woodward et Carl Bernstein – mais pour dénoncer la décision de neutralité. Le fond n’est-il pas plus important que la forme ? L’enquête à charge ne démontre-t-elle pas davantage que la posture partisane ? La posture panique anti-Trump, qui n’a effectivement jamais été aussi effrayant, a remplacé les propositions pour un avenir américain désirable.




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