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Election américaine : ces fausses vidéos qui ont fleuri pendant la campagne


Des bureaux de vote mués en forteresses, certains surveillés par drones et avec des tireurs d’élite sur les toits, des dizaines d’actions en justice déjà engagées, la crainte d’une éruption de violence après le scrutin… L’élection présidentielle américaine se déroule sous haute tension. Comme attendu, cette élection a apporté son lot de “fake news” pendant toute la campagne et jusqu’au jour du vote. Ce mardi 5 novembre au matin, le FBI, la police fédérale a, une nouvelle fois, mis en garde les Américains contre des fausses vidéos qui circulent et mettent en doute l’intégrité des opérations de vote.

En cause, deux nouvelles vidéos mensongères évoquant à tort des menaces terroristes et des fraudes électorales. Comme l’explique Reuters, une vidéo fabriquée prétendant provenir du FBI cite à tort une menace terroriste élevée et exhorte les Américains à “voter à distance”. Une autre vidéo comprend quant à elle un faux communiqué de presse prétendant provenir de cette agence fédérale et affirme que des votes truqués ont été enregistrés parmi les détenus de cinq prisons. “Ces deux informations ne sont pas authentiques”, a prévenu le FBI dans un communiqué publié ce mardi. Pour le FBI, “les tentatives visant à tromper le public avec de faux contenus sur les évaluations et les activités des menaces du FBI visent à saper notre processus démocratique et à éroder la confiance dans le système électoral”.

“La Russie est la menace la plus active”

Lundi 4 novembre, les agences de renseignement américaines avaient déclaré qu’elles s’attendaient à ce que les opérations d’influence à l’étranger “s’intensifient jusqu’au jour du scrutin et dans les semaines à venir” en particulier dans les sept Etats-clés, les “swing states”, que sont l’Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Wisconsin. “La Russie est la menace la plus active” dans ces Etats dits pivots qui doivent déterminer le résultat de l’élection présidentielle, ont accusé dans un communiqué commun le FBI, le bureau de la directrice du renseignement national (ODNI) et l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA). “Ces tentatives risquent d’inciter à la violence, y compris contre des responsables électoraux”, s’alarmaient ces services.

Selon l’ODNI, une vidéo a récemment circulé sur les réseaux sociaux avec une interview d’une personne affirmant qu’une fraude avec des faux bulletins et des altérations de listes électorales devait favoriser Kamala Harris en Arizona. Le secrétaire d’Etat de l’Arizona, Adrian Fontes, a qualifié cette vidéo de “complètement bidon” et son Etat, considéré comme un bastion du complotisme électoral, a pris des mesures pour protéger ses agents électoraux et les opérations de vote.

Une fausse vidéo d’un immigré haïtien

La semaine dernière, les services de renseignements américains avaient déjà accusé la Russie d’avoir diffusé une fausse vidéo. Celle-ci montrait un immigré haïtien possédant plusieurs cartes d’identité de Géorgie affirmant avoir voté à plusieurs reprises dans l’Etat américain de Géorgie. Sur un clip de 20 secondes visionnable sur X, le réseau social du milliardaire Elon Musk, qui a pris fait et cause pour Donald Trump, on pouvait apercevoir un homme à bord d’un véhicule dire d’une voix monocorde face caméra : “Nous sommes originaires de Haïti. Nous sommes arrivés en Amérique il y a six mois, et nous avons déjà la citoyenneté américaine – nous votons Kamala Harris”. Il affirmait ensuite que lui et ses amis avaient voté dans plusieurs comtés et montrait une série de permis de conduire. “Nous avons vérifié les listes électorales. Il n’y a pas de correspondance. Les pièces d’identité sont fausses et il est impossible que les personnes figurant dans la vidéo aient voté en Géorgie en utilisant ces pièces d’identité”, a expliqué à l’AFP Mike Hassinger, porte-parole des autorités de l’Etat.

“C’est un exemple de la désinformation ciblée à laquelle nous avons assisté au cours de cette élection et dans d’autres”, a déploré auprès de l’AFP Brad Raffensperger, responsable des élections dans l’Etat de Géorgie, estimant qu’il s’agissait “probablement d’une production des fermes à trolls russes”. Ces soupçons ont été confirmés par le FBI, le bureau de la directrice du renseignement national et l’Agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures dans un communiqué conjoint publié vendredi 1er novembre. “La communauté du renseignement conclut que des agents d’influence russes ont fabriqué de toutes pièces une récente vidéo montrant faussement des individus affirmant être originaires d’Haïti et voter illégalement dans de multiples comtés de Géorgie”, selon ce texte.

La Russie a nié être à l’origine de ces fausses vidéos liées aux élections américaines. “Nous avons pris connaissance de la déclaration des services de renseignement américains accusant notre pays de diffuser des vidéos fabriquées de toutes pièces sur des violations électorales aux Etats-Unis. Nous considérons que ces allégations sont sans fondement”, a déclaré samedi 2 novembre l’ambassade de Russie aux Etats-Unis dans un communiqué publié sur Telegram, également diffusé par le ministère russe des Affaires étrangères.

L’époux de Kamala Harris visé

Au cours du week-end, le FBI a par ailleurs mis en garde contre plusieurs autres fausses vidéos circulant sur Internet. L’agence américaine a démenti publiquement samedi le contenu de deux vidéos visant l’élection présidentielle américaine, qui usurpaient l’identité du service fédéral américain, incluant notamment le logo du FBI. La première visait Doug Emhoff, l’époux de Kamala Harris, l’accusant d’avoir un intérêt financier dans la crise des opioïdes qui sévit aux Etats-Unis. La seconde “affirmait que le FBI a appréhendé trois groupes liés commettant des fraudes électorales”, expliquait la police fédérale. Ces deux vidéos, diffusées sur X, “ne sont pas authentiques, ne proviennent pas du FBI et leur contenu est faux”, a souligné le FBI dans un communiqué relayé sur X et sur Facebook.

Comme le rapporte la BBC, ces vidéos, comme plus de 300 autres que BBC Verify a trouvé depuis le début de l’année 2024 dans le cadre d’une enquête menée avec la société de recherche en ligne britannique Logically, spécialisée dans l’analyse et la lutte contre la désinformation, et avec CheckFirst, une société d’analyse en ligne basée en Finlande, ont été visionnées des dizaines de milliers de fois, selon les statistiques de X. Mais ces clips sont publiés par des comptes ayant peu d’abonnés et ils attirent très peu de commentaires. Autant de signes révélant que le nombre de vues est amplifié par des “bots”, ces faux comptes exécutant des tâches automatisées, répétitives et prédéfinies.





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