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Election de Donald Trump : l’inflation, le sujet qui a fait basculer la campagne

Durant sa campagne, Donald Trump a adopté un principe vieux comme le monde, bien connu des publicitaires : la répétition. Sans relâche, le futur président des Etats-Unis a accusé – le plus souvent sans développer d’argumentaire – Joe Biden, puis Kamala Harris d’être responsables de l’inflation. “La pire de l’histoire de notre pays”, osa même le milliardaire lors du seul et unique débat qui l’opposa à son adversaire. Un discours qui a bien imprimé dans l’esprit de la population. Ce qui pourrait expliquer le choix des Américains de sanctionner dans les urnes le bilan en la matière de l’actuel locataire de la Maison-Blanche – et par ricochet, celui de sa vice-présidente.

Durant le mandat de Joe Biden, la hausse des prix cumulée a atteint 20 %. “Les Etats-Unis n’avaient pas connu cela depuis une génération. Les démocrates et les économistes n’ont pas pris la mesure d’une chose : à quel point les Américains abhorrent l’inflation”, note Raphaël Gallardo, chef économiste du fonds d’investissement français Carmignac. Elle a pourtant reflué à 2,4 % sur un an en octobre, contre 9 % en juin 2022, à son pic. Dans le même temps, les salaires réels ont progressé plus vite que la hausse des prix. “L’inflation reste perçue par le salarié comme une forme d’injustice et comme une illégitime ponction sur son pouvoir d’achat, tandis que la hausse de son salaire serait entièrement légitimée par la hausse de sa productivité”, poursuit l’expert. Les mesures prises par Joe Biden, comme le retour de l’immigration après la politique restrictive menée sous l’ère Trump, ont permis de réduire l’inflation. “Cet argument a été parfaitement ignoré dans la campagne, Trump parvenant à cristalliser le débat sur les aspects identitaires et sécuritaires”, note Raphaël Gallardo.

Pour convaincre les électeurs de voter pour lui, le républicain a aussi promis qu’il baisserait les prix de l’essence en augmentant significativement la production de pétrole, avec ce slogan “Drill, baby, drill”. “Cette promesse a fait mouche. Aux Etats-Unis, vous ne pouvez pas vous passer de votre véhicule. Quand il parle de l’âge d’or américain, cela fait aussi référence à une énergie pas chère”, explique Christian Parisot, conseiller pour Aurel BGC. Kamala Harris a bien tenté de mettre le sujet de la régulation sur la table en indiquant son intention de surveiller les marges sur les médicaments. “Mais cela ne parle pas aux Américains”, ajoute l’économiste.

Le bilan de Joe Biden en fardeau

La candidate démocrate a surtout porté le bilan de Joe Biden comme un fardeau dont elle n’a jamais réussi à se dépêtrer. “Le risque inflationniste a nettement reculé. La banque centrale a commencé à détendre sa politique monétaire, ce qui montre bien qu’elle est confiante pour la suite. Ce n’est pourtant pas encore dans la tête des ménages et cela reste le principal sujet d’inquiétude. Finalement, la perception de perte de pouvoir d’achat ne correspond pas à la réalité”, avance Christian Parisot. Et c’est l’électorat de Donald Trump – la population ouvrière, moins aisée – qui en a le plus ressenti les effets.

Autre paradoxe : les mesures que prône le 47e président des Etats-Unis sont elles-mêmes inflationnistes. La hausse des droits de douane, l’arrêt de l’immigration, voire la déportation de plusieurs millions de sans-papiers… “Tout cela a été noyé dans le torrent de désinformation, assure Raphaël Gallardo. La qualité du débat économique a été affligeante, mais c’est le propre du populisme de saturer l’espace médiatique avec des arguments simplistes et fallacieux”. Selon lui, “les Américains vont vite déchanter” lorsqu’ils subiront les conséquences économiques du programme de Donald Trump. “Il a un instinct politique extraordinaire, mais il ne pense pas linéairement. Il n’a pas du tout eu un discours construit sur l’économie. Il s’est contenté de vanter un souvenir magnifié de son premier mandat, lorsque la croissance économique était forte et l’inflation sous contrôle, et cela a fonctionné”. Occultant, au passage, qu’une pandémie et deux guerres – en Ukraine et au Moyen-Orient – étaient passées par là.




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