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Prix de l’énergie, rénovation des logements : deux leviers clés pour le pouvoir d’achat et le climat


Dans quelques jours s’ouvrira la COP29 Climat en Azerbaïdjan. Les voyants sont loin d’être au vert. Les émissions de gaz à effet de serre ont encore augmenté au niveau mondial. Le climat et l’écologie sont largement passés au second plan des priorités politiques du moment. Les conflits armés en Ukraine et au Proche Orient y ont largement contribué. En France, l’intérêt pour le sujet du climat est à la peine. Dans ce contexte, que le Premier ministre ait mis la dette écologique en avant alors que personne ne le lui demandait fait, a minima, montre de conviction personnelle et c’est à saluer en soi. Il faut dire que la question n’est pas qu’un sujet d’opinion publique, c’est aussi une réalité alarmante. Les inondations actuelles dont on sait qu’elles alternent avec des canicules et sécheresses sont les effets tangibles et dramatiques de ce climat que nous déréglons.

Que dira la COP29 ? Toujours le même message : le monde n’est pas à la hauteur des objectifs que nous nous sommes donnés à Paris en 2015 lors de la COP21. En France, les travaux de planification écologique ont “chiffré” les efforts à faire secteur par secteur, mais ils n’ont pas, pour l’heure, donné le mode d’emploi pour y parvenir. Deux des mesures les plus efficaces et qui ont fait consensus ces dernières années sont en panne : L’électrification des usages et la rénovation énergétique du bâtiment. Une fatalité ? Non !

L’électrification des usages dans la mobilité, l’industrie et le logement ne peut se faire avec un prix de l’électricité aussi élevé. Pénalisée par des hausses de prix 4 à 5 fois supérieures à l’inflation, la consommation d’électricité a nettement baissé au cours des 10 dernières années. En 2024, elle sera inférieure à celle de 2004 alors même que la France a augmenté sa population de 10 %. Pourquoi les Français recourraient-ils à une énergie décarbonée en lieu et place d’une énergie fossile si la première est plus chère que la seconde. Il faut que le gouvernement accepte de renoncer à son projet de taxation de l’électricité. S’il n’en est pas convaincu au regard des enjeux climatiques, qu’il le fasse pour des raisons de souveraineté économique. En effet, chaque kWh électrique consommé en France, ce sont des euros conservés dans notre économie. Chaque kWh de gaz fossile ou de fioul consommé en France part presque exclusivement à l’étranger.

Un puits sans fond

Second levier : la rénovation du logement. Est-il tabou de dire que ça ne marche pas ? Au rythme actuel, la rénovation du logement ancien du parc privé prendra des centaines d’années. Or, nous injectons des milliards d’euros dans cette politique. Qu’on le fasse pour le logement social, c’est un patrimoine quasi public, il est normal que cela soit nourri d’argent public. Qu’on le fasse dans le parc privé, c’est objectivement un puits sans fond. Un peu de benchmark permet pourtant d’entrevoir des solutions qui marchent dans d’autres pays. L’une d’entre elles, qui existe en Suisse et aux Etats-Unis, consiste à adosser la rénovation énergétique au logement et non au propriétaire. Expliquons cela par un exemple. Vous êtes propriétaire d’un logement ancien non rénové. Un établissement finance la rénovation. Le propriétaire ne rembourse à la banque que les intérêts (et une partie du capital s’il le souhaite), pour une mensualité modérée, par exemple autour de 150 euros.

Le grand avantage de ce système est que le prêt est attaché au logement et donc sera remboursé par les propriétaires successifs sur la durée nécessaire pour amortir le montant important des travaux nécessaires, qui, sinon, sont hors de portée de la plupart des propriétaires mais aussi de finances publiques exsangues. C’est un peu comme si le logement poursuivait sa vie avec une charge de plus, comme d’autres charges induites, tels l’eau, l’assainissement, l’électricité, ou la taxe foncière.

Les banques sont gagnantes sur le long terme. Et à défaut d’un accord avec elles dans l’immédiat, la Caisse des Dépôts pourrait amorcer la démarche. Il faudrait adapter le cadre législatif. A bien y regarder, prêter à la maison et non aux propriétaires serait une révolution des pratiques bancaires et des mentalités en France. Révolutionnaire peut-être, mais avec plus de chance de résultats que l’actuelle “pensée magique” qui consiste à répéter à l’envi qu’il faut rénover le logement sans dire réellement comment y parvenir. Le coût ? Pour l’Etat, sans doute nul. Nous pourrions concentrer l’argent public dédié à la rénovation sur le parc social et tertiaire des collectivités et de l’Etat. Quant à l’électricité, c’est une énergie souveraine. A moyen et long terme, il ne peut y avoir que des bénéfices économiques. Alors pourquoi attendre ?




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