Dans son discours victorieux mercredi 6 novembre, en Floride, Donald Trump a d’abord remercié “le peuple américain pour l’honneur extraordinaire d’avoir été élu 47e président”. Puis, il a promis qu’il allait “mettre fin aux guerres”. Une déclaration jugée inquiétante vue de Kiev, où l’armée recule déjà, jour après jour, face aux forces russes de Vladimir Poutine.

Si les Ukrainiens sont inquiets, c’est parce que tout au long de sa campagne, le candidat républicain et son colistier, JD Vance, ont émis de sérieux doutes sur la poursuite de l’engagement américain à Kiev, souligne la chaîne CNN. Depuis des mois, Donald Trump répète en outre qu’il pourrait faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle signe une trêve avec la Russie, et ainsi mettre un terme à la guerre “en moins de 24 heures”. JD Vance, le futur vice-président, a quant à lui déclaré qu’il “ne se soucie pas vraiment de ce qui va arriver à l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre”, relate The Guardian.

Négociations avec Moscou

Et ce qui inquiète d’autant plus les Ukrainiens, c’est que durant la campagne, Donald Trump a laissé échapper des bribes de son “plan”, et il ne serait pas forcément en leur faveur. Certains rapports et déclarations de l’entourage proche du milliardaire ont indiqué que cela pourrait impliquer de faire pression sur l’Ukraine pour qu’elle cède des territoires actuellement occupés par la Russie, soit 20 % du territoire national, ou renonce à ses aspirations à l’Otan, rappelle The Kiev Independant. Or cela va à l’encontre du “plan de victoire” voulu par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont les points les plus importants sont une invitation officielle à rejoindre l’Alliance atlantique, ainsi que le renforcement des aides militaires.

En félicitant Donald Trump pour sa “victoire impressionnante”, le président Zelensky a néanmoins dit espérer que ce résultat aidera l’Ukraine à obtenir “une paix juste”. “J’apprécie l’engagement du président Trump en faveur de l’approche ‘La paix par la force’ dans les affaires mondiales”, a-t-il écrit sur X. Il a rappelé leur “grande rencontre” à New York en septembre et a déclaré que les deux hommes avaient discuté des “moyens de mettre fin à l’agression russe en Ukraine”. Il a salué le “leadership décisif” de Trump et a cité le “fort soutien bipartisan à l’Ukraine” aux Etats-Unis.

Moscou est pour l’instant resté en retrait face à la victoire de Trump et ses déclarations passées. “Nous avons déclaré à plusieurs reprises que les Etats-Unis pouvaient contribuer à mettre fin au conflit en Ukraine. Cela ne peut évidemment pas se faire du jour au lendemain”, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant qu’il n’avait pas connaissance d’un éventuel projet du président russe Vladimir Poutine de féliciter le président élu.

Coupes budgétaires dans l’aide

Autre inquiétude pour les Ukrainiens, des coupes importantes dans l’aide américaine apportée à Kiev. CNN rappelle ainsi que sous l’administration Biden, les Etats-Unis ont fourni des dizaines de milliards de dollars d’aide à l’Ukraine, sous forme d’armes et d’aide budgétaire. L’administration prévoit de continuer à apporter autant de soutien que possible à Kiev avant l’entrée en fonction de Donald Trump.

Or sous le mandat de Donald Trump, tout cela devrait se tarir. Le journal Politico rappelle que le parti républicain a bloqué l’aide à l’Ukraine pendant plus de neuf mois, d’octobre 2023 à avril 2024, forçant Kiev à réduire son budget de guerre et entraînant la perte de certains de ses combattants les plus compétents. Mais si Donald Trump réduit ce soutien, l’économie américaine en subira les conséquences, écrit The Kiev Independant, car l’industrie de la défense américaine a reçu plus de 50 milliards de dollars d’investissement depuis le début de l’invasion russe.

En outre, le républicain a affirmé à plusieurs reprises qu’il entretenait de bonnes relations avec le président russe Vladimir Poutine. Mais il a également affirmé qu’il avait dit à Vladimir Poutine que les Etats-Unis bombarderaient Moscou s’il tentait d’attaquer l’Ukraine, précise le site Politico.