La nouvelle administration Trump devrait être en rupture sur de nombreux points avec celle du président sortant Joe Biden, à commencer par la guerre en Ukraine. Ces derniers mois, en campagne, le magnat de 78 ans n’a cessé de marteler qu’il était capable d’imposer une paix en Ukraine en “24 heures”. Il a décrié, tout comme le vice-président élu J.D. Vance, l’ampleur des dizaines de milliards de dollars d’aide versée à Kiev.
Selon des informations du Wall Street Journal (WSJ), les équipes du nouveau président élu sont d’ores et déjà à l’œuvre pour lui proposer plusieurs options viables pour sortir du conflit. Des options qui restent pour le moins secrètes. “Quiconque – peu importe la position de haut rang dans le cercle de Trump – qui prétend avoir une vision différente ou une fenêtre plus détaillée sur ses plans sur l’Ukraine ne sait tout simplement pas de quoi il parle ou ne comprend pas qu’il fait ses propres appels sur les questions de sécurité nationale, très régulièrement, particulièrement sur une question aussi centrale que celle-ci”, a déclaré un ancien conseiller du Conseil de sécurité nationale du républicain.
Des visions divergentes
Toujours selon les informations du WSJ, différents camps sont en concurrence pour influencer la politique étrangère des républicains. Des alliés plus traditionnels comme Mike Pompeo, l’ancien secrétaire d’Etat, actuellement en lice pour diriger le Pentagone, sont susceptibles de pousser pour un règlement qui ne semble pas donner une victoire majeure à Moscou. D’autres conseillers, en particulier Richard Grenell, candidat de premier plan pour diriger le département d’Etat ou servir comme conseiller à la sécurité nationale, pourraient donner la priorité au désir de Trump de mettre fin à la guerre le plus tôt possible, même si cela signifie de forcer Kiev à des concessions importantes. “Il est difficile d’anticiper la politique de Donald Trump, car son entourage est composé de personnes aux opinions très différentes”, juge cependant John Herbst de l’Atlantic Council et ancien ambassadeur des Etats-Unis à Kiev auprès de l’AFP.
Une idée proposée au sein du bureau de transition de Trump, détaillée par trois personnes proches du président élu et non rapportées précédemment, impliquerait que Kiev promette de ne pas rejoindre l’Otan pendant au moins 20 ans. Selon ce plan, la ligne de front serait essentiellement verrouillée et les deux parties devraient accepter une zone démilitarisée de 1300 km2. Une option qui irait à l’encontre du “plan de victoire” voulu par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont les points les plus importants sont une invitation officielle à rejoindre l’Alliance atlantique, ainsi que le renforcement des aides militaires. Pour pouvoir maintenir une paix relative sur ces zones, les conseillers de Trump suggèrent ainsi de créer une mission de paix, mais sans y prendre part. “Nous pouvons faire de la formation et d’autres formes de soutien, mais le canon du fusil sera européen”, a déclaré un membre de l’équipe du président élu. “Nous n’enverront pas d’Américains pour maintenir la paix en Ukraine. Et nous ne paierons pas pour cela. Demandez aux Polonais, aux Allemands, aux Britanniques et aux Français de le faire.”
Négociations secrètes
Mais la clé de l’arrêt de cette guerre, qui dure depuis plus de trois ans, pourrait aussi se trouver en Europe. Selon des informations exclusives de L’Express, des émissaires se rencontrent régulièrement dans le plus grand des secrets, à quelques kilomètres de Genève, en Suisse, dans l’objectif de mettre autour de la table Russes, Ukrainiens, Américains et Européens. “Il s’agit de rencontres informelles avec des experts, parfois des officiels, lorsque l’on atteint une maturité suffisante dans le dialogue”, explique Thomas Greminger, ancien secrétaire général de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, et aujourd’hui à la tête du Geneva Centre for Security Policy, l’organisme suisse qui chapeaute ces rendez-vous.
Dans ce huis clos haletant, il est question des lignes rouges des deux camps, des modalités d’un éventuel cessez-le-feu, des garanties de sécurité pour l’Ukraine et des relations futures avec Moscou. “Ces rencontres ont le mérite de donner aux parties une idée de ce que l’autre est prêt à accepter. Il est donc crucial de les poursuivre, même si rien ne s’y décide”, indique l’un des participants. Ces derniers mois, les initiatives de ce type se multiplient.
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