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Places de prison : l’ambitieux objectif du gouvernement ne sera pas atteint


Le “programme immobilier pénitentiaire le plus ambitieux depuis 30 ans”. Voilà comment le ministère de la Justice présente sur son site le plan 15 000 places de prison. Celui-ci “doit permettre de résorber la surpopulation carcérale pour une meilleure prise en charge des détenus par l’administration pénitentiaire”, annonce fièrement le ministère. Mais ce plan sur dix ans, lancé en 2017 par Emmanuel Macron, connaît un sérieux retard. Pire : l’objectif ne sera pas atteint, a annoncé ce dimanche 10 novembre le ministre de la Justice Didier Migaud. “Il y a des projets qui sont complètement bloqués”, a concédé le garde des Sceaux, invité de France Inter, France Télévision et du Monde.

Seulement 4 500 nouvelles places ont été livrées, indique la chancellerie à l’AFP. Alors que 7 000 places auraient dû être livrées d’ici à la fin de l’année 2022, seules 2 441 avaient été construites, dont “un certain nombre relevait de programmes de constructions annoncés en 2012 ou 2014”, soulignait Patrick Hetzel dans un rapport de la commission des finances de l’Assemblée nationale déposé sur ce sujet en 2023, comme L’Express l’a détaillé dans ses colonnes en octobre dernier.

L’actuel ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche précisait que “seules environ 400 places ouvertes sont imputables à des projets lancés à compter de la fin de l’année 2018”. Sur les 8 000 places censées être construites entre 2022 et 2027, le rapporteur n’était pas plus optimiste. “Tout porte donc à croire que ce délai ne sera pas tenu et qu’un reliquat significatif de places sera livré d’ici à 2029 ou 2030”, estimait-il.

Une “inexorable procrastination”

Sur le sujet de la planification de la construction des prisons, le rapporteur spécial Patrick Hetzel évoquait une “inexorable procrastination”. Ce retard ne serait pas tant dû à un manque de crédits qu’à “des difficultés foncières” et à “des oppositions de la part d’élus” à voir se construire sur leur territoire des centres éducatifs fermés ou des centres de semi-liberté, selon le ministre de la Justice. “Beaucoup d’élus réclament de nouvelles places, mais refusent qu’elles soient construites chez eux”, constatait également en octobre dernier auprès de L’Express l’ex-ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas.

“Je ferai des propositions au Premier ministre pour que nous puissions rattraper pour partie ce retard mais on ne le rattrapera pas d’ici 2027”, a déclaré Didier Migaud, annonçant la mise en place d’une “opération vérité” sur le “plan 15 000”. Le ministre de la Justice a par ailleurs déclaré qu’il ferait des propositions au Parlement pour pouvoir recourir à “des procédures exceptionnelles” afin de passer outre les oppositions locales, “quand il s’agit d’établissements d’intérêt national”.

Au 1er octobre 2024, le nombre de détenus en France a atteint un nouveau record avec 79 631 personnes incarcérées, contre 78 969 le mois précédent, avec une densité carcérale à 127,9 %. Celle-ci atteint même plus de 200 % dans certains établissements, comme à la maison d’arrêt de Bayonne. La France figure parmi les mauvais élèves en Europe en termes de surpopulation carcérale, en troisième position derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude publiée en juin par le Conseil de l’Europe.




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