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Les Européens n’ont qu’un choix face à Donald Trump : le réveil en mode survolté ou la dislocation


Cela fait des lustres que l’éléphant était dans la pièce et que les autruches regardaient ailleurs. Le 6 novembre 2024, les Européens ont soudain sorti la tête qu’ils gardaient plongée dans le bon sable chaud et ils se sont écriés : “Oh ! Mais nous sommes tout seuls !” Autour d’eux, le désert. Les démocraties ont décliné sur la planète. L’Occident a perdu son hégémonie et ses monopoles face au Sud global. Les Brics représentent 45 % de la population mondiale et leur part dans le PIB mondial est supérieure à celle des pays du G7. L’architecture du monde construite après 1945 se dissout, le droit international s’efface. La désastreuse guerre en Irak de 2003 sans feu vert de l’ONU a décrédibilisé les Etats-Unis sur la scène mondiale, fourni les arguments à Vladimir Poutine pour s’emparer d’une partie de la Géorgie et envahir l’Ukraine, et traumatisé les Américains qui, depuis, se replient progressivement dans l’isolationnisme.

Qu’il s’appelle Barack Obama, Donald Trump numéro 1 ou même Joe Biden, l’éléphant que les Européens ne voulaient pas voir a pourtant barri depuis longtemps pour les prévenir : malgré le tout dernier sursaut d’un vieux président démocrate forgé à l’école de la guerre froide, Biden, face à la guerre d’agression russe en Ukraine, l’Europe n’est plus la priorité des Etats-Unis. Obama avait déjà annoncé le “pivot vers l’Asie.” Avec la réélection de Donald Trump, le gourou mondial des nationalistes-populistes qui déclare que “l’Union européenne est un ennemi”, qui compte négocier avec Poutine sur le dos de l’Ukraine et qui menace de dévitaliser l’Alliance atlantique, l’éléphant a triplé de volume et l’autruche n’a même plus assez de sable pour se cacher les yeux.

Un spectacle de cirque à Budapest

Sur “l’Europe mortelle” comme sur une Otan “en état de mort cérébrale”, Emmanuel Macron avait tout vu. Ses discours de la Sorbonne de 2017 et 2024 ou celui de Bratislava en 2023, parmi d’autres, insistant sur l’urgence pour l’UE de mettre en place une souveraineté stratégique, ont eu un effet d’entraînement. L’Union a certes fait des pas de géant face à la crise du Covid ou par son soutien à l’Ukraine. Mais l’intendance ne suit pas. A commencer par les deux piliers de l’Europe. La France, minée par sa fragilité budgétaire et par son Parlement ingouvernable, n’a pas les moyens de ses paroles ni son président l’autorité pour se faire entendre. L’Allemagne, première puissance économique, place ses intérêts commerciaux avant la géopolitique et son chancelier, Olaf Scholz, paralysé par sa coalition gouvernementale désormais officiellement explosée, marche à reculons pour ménager Moscou. Et la dépendance de la défense européenne aux Etats-Unis reste totale, malgré les avertissements.

Les 27 Etats de l’UE, divisés par nature et gangrenés par la vague nationale-populiste, ont prouvé leur tragique immaturité, incapables de s’entendre sur des sujets majeurs et de se préparer à la réélection de Trump, pourtant prévisible, qui rebat les cartes du monde. Au moment où l’UE se trouve défiée comme jamais dans son histoire, encerclée à l’est par la guerre en Ukraine, au sud par la guerre au Proche orient, au nord par la fonte de la banquise et à l’ouest par un allié qui n’en est plus un, elle s’est livrée à un spectacle de cirque le lendemain de l’élection américaine : celui de ses dirigeants réunis à Budapest autour du Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, le seul dirigeant de l’UE et de l’Otan à se promouvoir comme le meilleur allié des ennemis déclarés de l’UE et de l’Otan que sont Donald Trump et Vladimir Poutine.

A Budapest, où étaient également réunis les dirigeants de la Communauté politique européenne, organisation censée renforcer les liens entre l’UE et ceux qui en partagent les valeurs, Emmanuel Macron a répété : “Nous, Européens, n’avons pas à déléguer pour l’éternité notre sécurité aux Américains.” Même le Polonais Donald Tusk, pourtant le premier des atlantistes, admet que “l’ère de la sous-traitance géopolitique est révolue”.

Est-il trop tard ? Les Européens n’ont qu’un choix : soit le réveil en mode survolté, soit la dislocation. S’ils ne mettent pas en place un pilier européen de l’Otan, s’ils ne deviennent pas souverains en matière de défense, y compris nucléaire, autour de la France – et du Royaume-Uni –, les grandes nations du continent européen ne seront plus que des petits jouets dans les mains des puissants : la Russie de Poutine, la Chine de Xi ou les Etats-Unis de Trump.




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