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Pete Hegseth, le choix fracassant de Donald Trump : une star de Fox News pour purger le Pentagone


Au début de son premier mandat, Donald Trump ne cachait pas sa fascination pour les généraux. Après sa victoire en 2016, il avait choisi comme secrétaire à la Défense, l’un des plus capés des Etats-Unis : le général Jim Mattis, issu du Corps des Marines, qui avait occupé plusieurs grands commandements au sein des forces armées américaines et dirigé diverses opérations en Irak et en Afghanistan.

Mais depuis, le président élu, qui va faire son grand “come-back” à la Maison-Blanche, en est revenu, des hauts gradés. Ceux-ci avaient la fâcheuse tendance d’être plus loyaux à la Constitution, sur laquelle ils prêtent serment en tant que soldat, qu’à sa personne. Il tient cependant encore à cette touche “kaki” pour le Pentagone. A la surprise générale, il a nommé un ancien capitaine pour occuper le poste stratégique de secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, 44 ans. “Sans aucun doute le candidat le moins qualifié pour le poste de secrétaire à la Défense de l’histoire américaine, s’est ému Paul Rieckhoff, fondateur de l’association des vétérans d’Irak et d’Afghanistan, qui l’a côtoyé. Et le plus ouvertement politique.”

Pour les téléspectateurs de Fox News, chaîné d’information conservatrice acquise à la cause trumpiste, Pete Hegseth est une figure familière. Voilà plusieurs années qu’il y officie comme présentateur, en particulier dans la matinale du week-end, Fox & Friends. Tout au long de la campagne, il n’a pas eu de mots assez durs pour dénigrer la candidate démocrate Kamala Harris et son colistier Tim Walz, dont il mettait en doute les états de service. A l’annonce de la victoire de Donald Trump, il a exulté. “Nous chantons ‘dieu bénisse l’Amérique'”, se réjouissait-il à l’antenne de Fox News, la nuit de la victoire de son champion, un large sourire aux lèvres, après avoir été à l’unisson de la foule républicaine autour de lui.

Pete Hegseth a été déployé en Irak et en Afghanistan comme membre de la Garde nationale – des forces de réserve –, ce qui lui a valu deux médailles pour ses états de services. Il se présente régulièrement en fervent défenseur des vétérans et du droit à détenir des armes, jusqu’à certains fusils d’assaut. Il s’est ainsi réjoui, dans une vidéo publiée fin juin, qu’une entreprise de munition américaine se soit mise à produire des balles de AK47, dans un contexte où les “munitions russes sont interdites”.

“Avec Pete à la barre, les ennemis de l’Amérique sont prévenus – nos forces armées connaîtront à nouveau la grandeur et l’Amérique ne reculera jamais”, a indiqué Donald Trump en annonçant son choix. Diplômé de Princeton et Harvard, Pete Hegseth est “coriace, intelligent et est un adepte sincère de l’Amérique d’abord“, a ajouté le président élu. Pour le vétéran Paul Rieckoff, c’est surtout “un combattant médiatique, culturel et politique très efficace et féroce pour MAGA” [“Make America Great Again”, “rendre à l’Amérique sa grandeur”, surnom de la base fanatisée de Trump].

Un “comité de guerriers”

Hegseth s’est révélé être un soutien sans faille des décisions de Donald Trump en matière de politique étrangère lors de son premier mandat. Il avait ainsi salué son rapprochement avec le dictateur nord-coréen Kim Jong-un et défendu sa décision d’éliminer le général iranien Qassem Soleimani. Il a également joué le rôle de conseiller officieux auprès du président – via des échanges directs et ses interventions sur Fox News –, en obtenant qu’il annule la rétrogradation, pour crimes de guerre d’un sous-officier des “Navy SEALs”, l’unité d’élite de la Marine américaine, Edward Gallagher. Quand bien même d’anciens frères d’arme le qualifiaient de “toxique”, “complètement taré”.

Pourfendeur acharné du “wokisme”, Pete Hegseth a dénoncé les politiques de défense et de promotion de minorité au sein des armées dans un livre publié cette année, La guerre contre les guerriers : La trahison des hommes qui nous permettent libres (The War on Warriors : Behind the Betrayal of the Men Who Keep Us Free, non traduit). Il y défend une vision résolument normée de l’engagement militaire. “Une armée fondée sur la justice sociale ne parvient pas à recruter les hommes virils qui constituent notre classe guerrière”, y clame-t-il.

Sur son compte X – banni de ce réseau social en 2020 pour avoir retweeté des discours haineux, il y est revenu après son rachat par Elon Musk –, il a dénoncé différentes communications des armées saluant l’apport de ses membres “LGBTQ +” ou encore la politique de discrimination positive. Ce père de sept enfants issus de trois lits n’a pas hésité non plus à relayer un article d’un site ultraconservateur liant le naufrage d’un navire de la marine néo-zélandaise au fait que sa capitaine était lesbienne.

“Trump a raison [lorsqu’il dit] : vous ne pouvez pas avoir d’armée woke”, s’est-il félicité, juste après l’interview de l’homme d’affaires, sur Fox News, par deux autres présentateurs et lui, début juin. L’ancien président y confirmait qu’il compte bien “se débarrasser” des généraux à la tête des forces américaines. Son équipe de transition envisage de mettre en place un “comité de guerriers” composé de vétérans pour passer en revue les chefs militaires et remercier ceux qui ne répondraient pas à leurs critères, selon le Wall Street Journal.

Pete Hegseth pourrait bien être l’homme de cette purge, qu’il appelle de ses vœux. “Vous devez virer le chef d’état-major interarmées… Tout général, amiral, impliqué […] dans n’importe quelle connerie de DEI [NDLR : diversité, équité et inclusion]”, a-t-il préconisé lors d’un podcast enregistré après la victoire de Donald Trump. Dans son collimateur : l’actuel chef d’état-major, Charles Brown Jr, en poste depuis un an. Promoteur de cette politique dans les forces américaines, de dernier a fait part de son émoi après le meurtre de George Floyd en mai 2020 par un policier à Minneapolis et évoqué les discriminations que les Afro-Américains, comme lui, pouvaient subir.

Où Pete Hegseth placera-t-il le curseur de sa loyauté à Trump ? L’ex-capitaine a suggéré à plusieurs reprises que l’armée américaine pourrait être utilisée dans la déportation massive d’immigrants sans papiers. Elle pourrait également être déployée dans les rues en cas de troubles. Mais pour prendre la tête du Pentagone, un ministère tentaculaire comptant plus de deux millions d’employés militaires et civils, le chroniqueur de Fox News doit encore voir sa nomination confirmée par le Sénat. Elle promet d’être moins unanime que celle de Jim Mattis. Celui-ci avait recueilli 98 voix, de tous bords, en sa faveur, pour une contre.





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