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Un cessez-le-feu au Liban en janvier ? Ce “cadeau” qu’Israël pourrait offrir à Donald Trump


Donald Trump n’est même pas encore de retour à la Maison-Blanche que les tractations diplomatiques ont bel et bien déjà commencé. Et en premier lieu au Proche-Orient, où la guerre sanglante que mène Israël dans la bande de Gaza et au Liban semble toujours aussi loin d’arriver à sa fin.

Selon le Washington Post, le futur président américain serait déjà en pleines négociations avec son allié israélien pour parvenir à un accord de paix dès son retour dans le bureau Ovale, en janvier prochain. Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques d’Israël, s’est ainsi rendu à la résidence floridienne de Donald Trump dimanche dernier, à Mar-a-Lago, pour y discuter de la situation au Liban. Et ce, avant même son déplacement officiel à la Maison-Blanche afin d’y rencontrer l’administration Biden. “Il y a un arrangement selon lequel Israël souhaiterait offrir un cadeau à Donald Trump […] et qu’en janvier, il y aura un accord sur le Liban”, assure un responsable israélien au journal américain sous couvert d’anonymat. Une information qui n’a été ni démentie ni confirmée par le porte-parole de Ron Dermer, ni par les administrations Trump et Netanyahou.

S’attirer les bonnes grâces des Etats-Unis

Alors qu’il est de notoriété publique que les relations entre Benyamin Netanyahou et Joe Biden étaient devenues exécrables ces derniers mois, ces discussions témoignent du basculement très prématuré d’interlocuteur du côté israélien. “Netanyahou n’a aucune loyauté envers Biden et se concentrera entièrement sur l’obtention de faveurs de la part de Trump”, a assuré auprès du Washington Post Frank Lowenstein, ancien envoyé spécial pour les négociations israélo-palestiniennes sous le président Barack Obama. Ayant lui-même assuré la transition vers la première administration du président républicain en 2016, celui-ci l’assure : “Trump n’hésitera pas à agir comme s’il était déjà président lorsqu’il voit une opportunité.”

Benyamin Netanyahou, de son côté, s’est vanté dans une vidéo publiée ce dimanche sur ses réseaux sociaux qu’il s’était entretenu avec le futur président américain à trois reprises au cours des derniers jours et que les deux hommes voyaient “des opportunités majeures à venir pour Israël, en particulier pour faire avancer la paix”. Offrir le crédit d’un cessez-le-feu au Liban à Donald Trump serait ainsi l’opportunité pour le Premier ministre israélien de s’attirer les bonnes grâces de l’administration américaine pour les années à venir.

Le retour d’une zone démilitarisée

Mais pour parvenir à cela, faut-il encore aboutir à un accord qui puisse convenir à toutes les parties prenantes, que ce soit Israël et le Liban, mais aussi le Hezbollah. Concrètement, l’Etat hébreu réclamerait notamment le retrait des combattants du groupe chiite au-delà du fleuve Litani, au sud du Liban. Celui-ci, se trouvant au plus proche à 6 kilomètres de la frontière israélienne, est au cœur des tensions diplomatiques et des conflits militaires entre l’Etat hébreu et l’organisation chiite depuis des décennies. Pour mettre un terme à la seconde guerre du Liban, en 2006, le Conseil de sécurité de l’ONU avait ainsi fait adopter à l’unanimité la résolution 1701, imposant le retrait de “tout personnel armé, de biens et d’armes autres que ceux des autorités libanaises et de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul)” entre le fleuve Litani et la frontière israélo-libanaise. C’est dans cette zone que se trouve ainsi la Finul, à laquelle participent notamment près de 700 soldats français.

Mais l’élaboration de cette forme de zone tampon entre Israël et le Hezbollah a fait long feu. Le groupe islamiste a bien maintenu ses activités militaires dans le sud du Liban pour frapper régulièrement l’Etat hébreu. De son côté, Israël survolait quotidiennement l’espace aérien libanais avec son aviation militaire avant même le début de la guerre, et n’a pas hésité à déclencher une invasion terrestre dans le sud du Liban début octobre, allant même jusqu’à toucher des infrastructures de l’ONU.

Néanmoins, toujours selon le Washington Post, une source proche du Hezbollah a affirmé que le groupe serait prêt à retirer ses combattants au nord du fleuve Litani dans le cadre d’un cessez-le-feu temporaire. De son côté, Israël, par l’intermédiaire d’un responsable militaire, a affirmé qu’elle accepterait que l’armée libanaise prenne le contrôle de cette zone frontalière pendant une période initiale de 60 jours, sous la supervision des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne.

Des points qui bloquent toujours

Mais si ces termes de l’accord pourraient faire l’objet d’un consensus entre le Hezbollah et Israël – sans garantie aucune de leur respect dans la durée -, d’autres éléments pourraient bien continuer à bloquer les négociations. Et notamment un point qui semble jusqu’ici non négociable du côté israélien : la garantie de pouvoir opérer de l’autre côté de la frontière libanaise en cas d’attaques. Une condition jusqu’ici refusée catégoriquement par les autorités libanaises. “Y a-t-il une personne saine d’esprit qui croit que nous allons accepter un règlement ou une solution qui sert les intérêts d’Israël au détriment des intérêts et de la souveraineté du Liban ?” a ainsi déclaré ce mardi Nabih Berri, président chiite du Parlement libanais et allié du Hezbollah, lui-même ayant servi d’intermédiaire dans les négociations entre le groupe pro-iranien et Israël.

Une source proche du Hezbollah a également assuré au Post que les conditions du groupe pour un accord étaient “claires”, avec le fait d'”interdire à Israël de mener des opérations sur le territoire libanais”. Or, dans le même temps, l’Etat hébreu serait également en train de préparer une intensification de ses opérations terrestres au Liban si les pourparlers venaient à échouer, assure auprès du journal américain un responsable militaire israélien.

La Russie de retour au cœur des tractations ?

Mais c’est là qu’une autre puissance pourrait bien faire son retour en force dans la région dans le cadre de ces négociations : la Russie de Vladimir Poutine. Malgré son alliance avec l’Iran, qui n’a fait que se renforcer depuis le 7 octobre 2023, le Kremlin serait bien déterminé à également peser dans les discussions. Selon des sources américaines et israéliennes, des responsables russes se seraient rendus en Israël à la fin du mois d’octobre, et le ministre israélien Ron Dermer se serait lui-même secrètement déplacé à Moscou pour poursuivre les discussions.

Moscou tiendrait notamment une proposition : empêcher le Hezbollah de se ravitailler en armements via la Syrie, le grand allié de Vladimir Poutine. Ce même Hezbollah qui a pourtant toujours été un soutien fidèle du régime de Bachar el-Assad, et dont les liens avec l’Iran ne sont évidemment plus à démontrer. Le signe de plus qu’en diplomatie, aucune alliance n’est éternelle.




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