Dans la cour de l’ancien hôpital général, en plein cœur de Valenciennes, une élégante colonne de verre se dresse discrètement. Valises à roulettes en main, touristes aisés et cadres réunis pour des déjeuners d’affaires se dirigent vers le hall de l’hôtel Royal Hainaut, sous le soleil du matin. Difficile d’imaginer qu’ici se trouvait voilà vingt ans un Ehpad vétuste. “Cela a été l’un de nos premiers grands projets de rénovation”, rappelle Marie Choquet, chargée de mission habitat à la ville. Aujourd’hui, cette ville moyenne du Nord rénove dix fois plus vite que la moyenne nationale. En quatre ans, 2 137 logements de son parc social ont été restaurés et près de 1 300 parcelles privées modernisées.
Pour atteindre de tels résultats, la municipalité a “mis les moyens”, reconnaît David Hugoo, directeur de cabinet du maire Laurent Degallaix (Horizons). Plusieurs dizaines de millions d’euros ont été investis au cours des dix dernières années, destinés à renforcer les dispositifs nationaux aux sigles barbares (Anah, CEE, Cite…). “Quand les aides de l’Etat n’existent pas ou sont insuffisantes, nous intervenons “, soutient Marie Choquet. La ville a notamment lancé un fonds pour financer l’installation d’ascenseurs, créé un dispositif pour soutenir les démolitions suivies de reconstructions, et mis en place une aide visant à remettre sur le marché les biens vacants.
Mais la mairie n’a pas seulement sorti le carnet de chèques. Elle a également constitué une équipe dédiée à l’étude et à l’accompagnement des travaux, avec cinq professionnels, dont un architecte et un thermicien. “Notre objectif consiste à créer un effet d’entraînement sur le patrimoine privé, afin que les investisseurs, les promoteurs et les propriétaires se disent : “Cela vaut le coup d’améliorer notre cadre de vie”. C’est un cercle vertueux, qui permet de rendre le centre-ville chaque jour plus attractif”, souligne David Hugoo.
La ville finance aussi les devis
Depuis la réhabilitation de l’hôpital général, Valenciennes s’est imposée comme une référence en matière d’aides aux travaux, prise notamment en exemple par des experts indépendants en politique publique comme Nicolas Desquinabo. La municipalité a réussi à coordonner sa politique de rénovation et sa quête d’attractivité. Comme beaucoup de villes moyennes, elle est en effet confrontée à la désertification de son cœur de ville. Dès que l’on s’écarte de l’hypercentre, les premiers commerces abandonnés apparaissent. En raison de la concurrence du grand voisin lillois, il lui est difficile d’attirer des familles et des primo-accédants. Résultat : près de 25 % des logements restent vacants ou gérés par des marchands de sommeil dans certains secteurs du centre-ville.
“Mieux vaut accompagner les propriétaires réticents à engager des travaux que de leur taper sur les doigts, explique Karim Gana, adjoint au maire de Valenciennes chargé du logement. Nous cherchons à les guider dans leurs démarches. “Chaque semaine, une équipe de quatre inspecteurs visite des logements jugés non conformes ou énergivores. Ces agents orientent ensuite les propriétaires vers un guichet unique, simplifiant les démarches. Cela leur évite de se heurter au mille-feuille administratif “, précise Karim Gana.
Mieux : la ville finance aussi les devis, permettant ainsi aux propriétaires de visualiser concrètement les économies d’énergie réalisables. Plusieurs scénarios de travaux leur sont alors proposés, toujours dans une optique de persuasion. Un excellent moyen de convaincre de l’intérêt de la rénovation énergétique.
Source