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Russell Shaw : “Trop de parents se comportent comme si leur enfant allait remporter le prix Pulitzer”


“Trop de bonté dans les parents cause la perte des enfants”, disait Charles Perrault. Sans aller jusque-là, il suffit de se balader sur un groupe WhatsApp de parents d’élèves ou de faire quelques sorties scolaires pour constater que le stress parental a de beaux jours devant lui. Et comment leur jeter la pierre alors que le harcèlement scolaire est un fléau, que la violence ne s’arrête plus aux portes de l’école et que le niveau des élèves est à la baisse. Pourtant, réagir sur-le-champ et de manière excessive au moindre souci n’est pas toujours le meilleur service à rendre, prévient Russell Shaw, directeur de la Georgetown Day School de Washington, une école privée mixte, de la maternelle à la terminale, non confessionnelle, située dans la capitale américaine et qui a notamment compté parmi ses élèves Ruth Bader Ginsburg, deuxième femme de l’histoire des Etats-Unis à avoir siégé au sein de la Cour suprême. “J’ai passé les trente dernières années à travailler dans des écoles, et j’ai observé des milliers de parents interagir avec les éducateurs et avec leurs enfants. Trop souvent, je vois des parents en faire trop – privant leurs enfants de la confiance qui naît de l’effort et de la persévérance, et s’épuisant eux-mêmes dans ce processus”, confie à L’Express ce diplômé de Yale, qui publie régulièrement des analyses dans The Atlantic.

Avec trente ans de métier au compteur et la paternité de trois enfants – “deux sont à l’université, mais la plus jeune est encore à la maison” -, Russell Shaw en est arrivé à la conclusion que “parfois, la meilleure chose qu’un parent puisse faire est de ne rien faire du tout”. Et met en avant les vertus du parent “phare”, qui permet d’élever des enfants plus confiants et plus autonomes. Si l’envie d’intervenir dans les problèmes de votre enfant monte en vous, voici où placer le curseur. Entretien.

L’Express : Vous venez de publier un article expliquant que, parfois, le meilleur service qu’un parent puisse rendre à son enfant qui a une contrariété ou se retrouve confronté à une situation difficile, c’est de ne pas intervenir immédiatement voire de ne rien faire du tout. Est-ce le père de famille ou le chef d’établissement expérimenté qui parle ?

Russell Shaw : C’est à la fois mon point de vue de parent et de proviseur. L’avantage d’être enseignant, c’est que j’ai pu observer des milliers d’élèves et de parents faire face à ces différentes situations, ce qui permet de déceler certaines tendances. Le premier réflexe d’un parent est de vouloir que tout aille bien pour son enfant à l’instant même où un problème se présente. Néanmoins, cette attitude peut conduire l’enfant à intérioriser le sentiment que, peut-être, il n’est pas à la hauteur parce que sa mère ou son père ont dû intervenir pour l’aider. Dans ces moments-là, j’aimerais dire aux parents : “Je sais que vous exprimez de la bienveillance pour votre enfant et que vous essayez d’être utile. Et pourtant, parfois, vous perdez de vue l’essentiel.”

C’est-à-dire ?

Tout le monde s’en moque que votre enfant remette son exposé à temps et qu’il soit bien rédigé ! Ce n’est pas comme s’il allait remporter le prix Pulitzer (Rires). Ce qui compte, c’est de faire en sorte qu’il se demande : “Comment est-ce que je m’organise ? Comment est-ce que je me confronte à quelque chose de complexe ?” Les parents perdent de vue, parfois, que grandir, c’est développer ces capacités qui serviront toute la vie, plutôt que de chercher à résoudre un problème immédiat.

Une partie du stress parental est générée par les parents eux-mêmes

Vous enseignez depuis une trentaine d’années. Ce besoin de contrôle qu’exercent les parents sur leurs enfants s’est-il, selon vous, accentué au fil du temps ?

Ce n’est pas une tendance nouvelle, mais elle devient plus marquée. Cela fait bien longtemps déjà que certains parents ont du mal à laisser leurs enfants commettre des erreurs, en assumer la responsabilité et en tirer des leçons. Ce n’est pas nouveau. Mais les parents sont beaucoup plus impliqués dans la vie de leurs enfants qu’ils ne l’étaient il y a quelques décennies. A l’époque, les enfants avaient bien plus de liberté et d’autonomie, et les parents ne ressentaient pas la nécessité de pratiquer ce qu’on appelle aux Etats-Unis le “parenting intensif” : planifier toutes les activités de leur progéniture, leur trouver des professeurs particuliers, les inscrire au sport, etc. Les parents passent beaucoup de temps à les conduire d’une activité à l’autre et investissent énormément.

Quelle en est la raison d’après vous ?

Le monde semble plus incertain. Les parents font face à des changements qui n’existaient pas il y a trente ans. Ils n’avaient pas à se soucier des réseaux sociaux, du réchauffement climatique ou des menaces pesant sur la démocratie ni des fusillades dans les écoles. Ce paysage a donc radicalement changé. Pendant des générations, de nombreux parents ont pensé que leur enfant grandirait et réussirait mieux qu’eux. Or, depuis une dizaine d’années, ils ont cette impression que leur enfant est en compétition pour des ressources de plus en plus limitées, et qu’ils doivent donc intervenir pour s’assurer qu’il obtienne ce dont il a besoin. C’est un réflexe tout à fait naturel. Mais il ne rend pas service aux enfants.

Là où il y a de la tension, c’est lorsque le parent décrit une réalité et que l’école en décrit une autre

Je pense d’ailleurs que le stress parental actuel provient notamment de cette tendance à vouloir tout organiser pour leurs enfants. Autrement dit, une partie de ce stress parental est en quelque sorte générée par les parents eux-mêmes.

Le harcèlement scolaire est un fléau qui inquiète de nombreux parents. Comment réagir lorsque son enfant semble avoir des problèmes relationnels avec un ou plusieurs camarades ? A quel moment faut-il s’en inquiéter ?

Je pense qu’il y a deux réponses à cette question. La première se trouve dans le partenariat entre la maison et l’école qui, lorsqu’il fonctionne, est extrêmement important pour accompagner les enfants. En tant qu’enseignant, je ne connaîtrai jamais votre enfant aussi bien que vous mais j’ai l’expérience de centaines, voire de milliers d’élèves. Donc, je peux par exemple vous assurer que lors de l’entrée en sixième, la dynamique des amitiés change. Un enfant se retrouve un peu mis à l’écart et doit trouver un nouveau groupe d’amis. C’est un développement normal à cet âge. En tant qu’éducateur, je peux dire : voici la norme, et ce que j’observe chez votre enfant est en fait en dehors de cette norme. Et si cela se situe en dehors de cette norme, réunissons-nous pour élaborer un plan d’action afin que nous puissions réagir de manière appropriée. Là où il y a de la tension, c’est lorsque le parent décrit une réalité et que l’école en décrit une autre.

L’autre point, c’est qu’il est primordial que les parents écoutent leurs enfants mais sans avoir à tout prix une solution en tête. Je leur dis souvent : ne questionnez pas votre enfant avec l’unique intention de déceler de la souffrance. Lorsque votre enfant rentre à la maison, évitez de poser des questions comme : “Alors, qu’est-ce qu’ils t’ont fait aujourd’hui ?” Car, à ce moment-là, vous avez déjà défini votre enfant comme une victime. Si vous pouvez simplement demander “Comment s’est passée ta journée ?” et qu’il répond “C’était difficile”, que vous ajoutez “Pourquoi c’était difficile ?” et qu’il explique “Mes camarades n’étaient pas très gentils dans la cour de récréation”, alors, le mieux est de lui de poser la question suivante : “Comment as-tu réagi ?” Autrement dit, récoltez les indices auprès de votre enfant, et si celui-ci conclut par : “Papa, cela se passe comme ça tous les jours depuis une semaine, et ça me donne envie de ne plus aller à l’école”, alors à ce moment-là il convient de discuter avec le personnel enseignant et d’élaborer une stratégie. Or, ce que je vois parfois, ce sont des parents qui n’attendent pas d’en arriver-là. Ils interviennent un peu trop tôt en disant : “D’accord, c’est un problème”. L’enfant va alors intérioriser deux choses : d’abord, que quelque chose de terrible lui arrive, et ensuite, qu’il n’a pas la capacité de le gérer. Et ce, avant même qu’il ait eu l’occasion d’essayer.

Nous voyons davantage de parents qui portent en eux des inquiétudes concernant leurs enfants

D’après ce que vous observez sur le terrain, les cas de harcèlement scolaire vous semblent-ils plus nombreux que par le passé ?

Je ne dirais pas que nous voyons forcément plus de harcèlement à l’école, du moins dans celle où j’enseigne, mais je vois deux tendances. La première est que nous avons une génération d’enfants qui ont été marqués par la pandémie de Covid. En maternelle, les enfants apprennent à travailler ensemble à une table et à partager des jouets, or les consignes pendant le Covid demandaient tout le contraire : chacun avait sa propre table, et il ne fallait rien partager. Et donc, alors que les enfants étaient censés apprendre toutes ces compétences d’interaction sociale, ils ont pris du retard. Nous observons donc clairement une augmentation des conflits comportementaux, car les enfants n’ont pas eu la possibilité de développer ces compétences. L’autre chose que nous voyons, surtout chez les adolescents au collège et au lycée, c’est l’impact des réseaux sociaux. Certains phénomènes d’ostracisation se produisent en dehors de l’école, sur Instagram, par exemple. Je pense qu’il est essentiel pour l’école de sensibiliser les élèves sur ce sujet en établissant des consignes. Nous avons beaucoup investi dans la redéfinition des comportements sociaux après la pandémie. Par exemple, dans notre établissement, nous faisons savoir à nos jeunes que leur comportement sur Internet concerne l’école lorsqu’il commence à affecter la santé des élèves. C’est ainsi que nous abordons et communiquons sur ces questions.

Les parents se mettent-ils trop de pression ?

D’abord, comme pour tout, les parents se situent sur un continuum. Il y a des parents très décontractés qui ne se préoccupent pas de tout ce qui touche à l’école, et d’autres très inquiets et impliqués à l’excès. Je dirais que nous voyons davantage de parents qui portent en eux des inquiétudes concernant leurs enfants. Cela est dû à plusieurs raisons. Je dirais que nous voyons de plus en plus de parents qui portent une certaine anxiété pour leurs enfants, notamment parce que nous constatons une épidémie de problèmes de santé mentale, avec davantage d’anxiété et de dépression chez les jeunes. Il y a aussi de l’incertitude face aux réseaux sociaux, face à l’intelligence artificielle, face au changement climatique et ainsi de suite. Il y a beaucoup de sujets d’inquiétude. Je crois donc que les parents ressentent plus d’angoisse face au monde dans lequel leurs enfants vont évoluer, ce qui les pousse à vouloir prendre des mesures supplémentaires pour les protéger.

L’ironie, c’est que le monde physique est plus sûr qu’il ne l’a été depuis longtemps. Cependant, la perception reste marquée par des préoccupations, comme les fusillades dans les écoles aux Etats-Unis, ce qui est bien sûr terrible. Pourtant, au cours des cinquante dernières années, il y a eu environ 3 000 victimes de fusillades en milieu scolaire aux Etats-Unis, alors que 5 000 élèves se suicident chaque année. Je m’inquiète donc davantage pour leur santé mentale, et je pense que cela est en partie lié à un accès incontrôlé à Internet. Nous essayons de garantir la sécurité physique des enfants, mais la question de la santé mentale reste primordiale. Nous ne nous inquiétons pas assez du temps qu’ils passent en ligne, à faire ce qu’ils font.

Nous avons considérablement restreint la liberté des enfants, et je crois que cela ne leur rend pas service

De votre point de vue de chef d’établissement, les parents sont-ils plus interventionnistes qu’avant sur les questions scolaires ?

Certains le sont, oui. Cela peut prendre différentes formes, et cela nécessite que nous fixions des règles. Par exemple, certains parents veulent s’assurer que leur enfant soit dans la classe de certains élèves et pas d’autres. D’autres remettront en question une note attribuée lors d’une évaluation, et plutôt que de laisser l’élève en discuter avec l’enseignant, le parent souhaite intervenir directement.

Il peut aussi y avoir des contestations concernant les décisions disciplinaires prises par l’école lorsqu’un élève fait une bêtise. Certains parents voudront argumenter ou même écrire un mot pour expliquer pourquoi ils estiment que l’école a tort. Encore une fois, ce n’est pas le comportement de la majorité des parents, mais certains s’engagent de manière excessive, d’une façon qui, selon moi, n’est pas bénéfique pour les enfants.

Selon vous, de plus en plus de parents privent leurs enfants de la confiance qui naît de la difficulté et de la persévérance. Voyez-vous une différence dans le comportement des enfants d’aujourd’hui par rapport à ceux d’il y a vingt ou trente ans ?

Je vais prendre mon propre exemple : lorsque j’avais 7 ou 8 ans, je prenais le bus tout seul et je me déplaçais en ville seul, et c’était une chose tout à fait courante pour l’époque. De nos jours, très peu de nos jeunes enfants, ou même de nos jeunes adolescents ont la liberté de se déplacer seuls dans le monde, et ils ne se sentiraient pas capables de le faire. Donc, je pense que les enfants n’ont pas la confiance qui découle du fait qu’on leur accorde de l’autonomie dans le monde réel. Il ne s’agit pas d’envoyer un gamin de 5 ans en ville et de le laisser revenir tout seul le soir, bien sûr. Mais nous avons considérablement restreint la liberté des enfants, et je crois que cela ne leur rend pas service. Car ensuite ils ne se sentent pas capables, par exemple, de prendre un job d’été ou de prendre le métro seuls. Or, il y a une confiance incroyable qui naît de la capacité à se déplacer seul dans le monde, et il faut leur offrir ces opportunités. Car c’est ainsi qu’ils gagnent en assurance et en compétence.

Que pensez-vous des applications de géolocalisation pour les enfants ? Elles rencontrent un certain succès…

C’est une question vraiment intéressante. J’ai entendu parler de parents qui placent secrètement un AirTag dans le sac à dos de leur enfant pour le surveiller sans que celui-ci le sache. Je ne pense pas que ce mode de surveillance soit bon. Les enfants et les parents devraient discuter de la manière dont ces derniers pourront s’assurer que tout va bien. Par exemple, du point de vue de l’enfant, une bonne approche consisterait à dire : “Je suis d’accord pour te permettre de suivre ma position via l’option de localisation de mon iPhone afin que tu saches quand je suis bien arrivé chez mon ami”. Une autre option pourrait être : “Je n’activerai pas la géolocalisation, mais je t’appellerai dès que je serai arrivé pour te rassurer.”

Pour ce qui est des parents, plutôt que d’imposer une surveillance sans choix pour l’enfant, mieux vaudrait dire : “Ce serait rassurant pour moi de savoir que tu es arrivé en sécurité. Discutons ensemble des différentes façons de le faire et convenons d’une solution.”

Quelle est votre politique en matière de réseaux sociaux ?

Cette année, nous avons décidé d’interdire les smartphones pendant la journée pour nos élèves du lycée, décision que nous avions déjà prise pour les plus jeunes. Nous étions préoccupés par la manière dont cela entravait les vraies interactions, sans parler de l’attention en classe, et du lien avec des problèmes comme l’anxiété et la dépression. L’impact de cette mesure a été assez significatif : il y a un an, pendant leur temps libre, on voyait beaucoup d’élèves marcher dans les couloirs ou s’asseoir ensemble, tous absorbés par leurs écrans. Aujourd’hui, les mêmes parlent davantage entre eux, leurs échanges sont plus spontanés. Cette mesure, bien qu’impopulaire auprès de certains élèves, a été réellement bénéfique.

De manière similaire, les réseaux sociaux simplifient et “aplatissent” les interactions humaines, laissant peu de place à la nuance. Or, vu la complexité des problèmes que nos enfants devront résoudre dans le monde, je veux qu’ils développent la capacité à tenir des conversations ouvertes, profondes et nuancées. Les réseaux sociaux poussent souvent les gens à des extrêmes, et bien que je ne puisse pas éliminer leur présence, en tant que proviseur je peux essayer de sensibiliser les élèves. Je leur dis : “L’intérêt de ces entreprises de réseaux sociaux est de créer des algorithmes pour maximiser votre temps d’écran. C’est leur objectif. Et vous, quel est votre objectif en tant que jeunes face à cela ? Comment pouvez-vous prendre le contrôle de la façon dont vous interagissez avec ces outils ?”

Comment les parents ont-ils réagi à l’interdiction des smartphones ?

Les réactions étaient partagées. Je dirais que la grande majorité étaient ravis, car ils ont l’impression que leurs enfants sont constamment rivés sur leurs appareils. Un petit nombre, cependant, était préoccupé par la sécurité. Par exemple, en cas de fusillade à l’école, comment pourraient-ils contacter leur enfant ? Ou s’ils ont besoin de les joindre pendant la journée, que faire ? Nous avons essayé de mettre en place, dans des limites raisonnables, des moyens alternatifs de communication. Ils peuvent ainsi envoyer un e-mail à leur enfant, contacter le secrétariat, etc.

Si un problème d’amitié survient et qu’on le voit comme une catastrophe, il est préférable que le parent reste calme et présent pour l’enfant

Un autre avantage inattendu est qu’un élève qui passe une mauvaise journée — s’il n’a pas bien réussi un test ou a eu une interaction difficile — ne peut plus immédiatement envoyer un texto à ses parents, les incitant à intervenir tout de suite. Le fait de ralentir les choses permet à l’enfant de vivre cette expérience, de penser, par exemple, “J’ai mal réussi ce test”. Et quand il rentre cinq heures plus tard, il a parlé à quatre autres élèves qui ont aussi échoué, et a réfléchi à ce qu’il veut faire. Ainsi, au lieu de communiquer à ses parents que c’est une crise nécessitant une intervention, l’enfant peut dire en fin de journée : “Voilà ce qui s’est passé et voici ce que j’ai fait.” Cela aide les parents à ne pas intervenir trop rapidement, à ne pas se mettre en travers du développement de l’autonomie de leur enfant.

Bien plus que les enfants, on a presque l’impression en vous lisant que ce sont les parents qui ont surtout besoin d’être soutenus…

Dans mon article, je fais référence à un nouveau rapport du Surgeon General [NDLR : l’Administrateur de la santé publique des Etats-Unis] qui parle du stress auquel les parents sont confrontés. Je crois que ce stress est bien réel. Comme je le disais, nos vies sont particulièrement chargées, le monde paraît complexe, nous nous inquiétons pour la sécurité de nos enfants, pour les réseaux sociaux, et tout cela suscite de l’anxiété. Ce que les parents souhaitent avant tout, c’est que leurs enfants deviennent des adultes en bonne santé, épanouis, et pleinement accomplis. A la fin de ce parcours, ils veulent que leurs enfants soient capables de trouver leur chemin dans le monde.

Une des façons de réduire le stress parental tout en aidant les enfants est de reconnaître que prendre un peu de recul est bénéfique à la fois pour les parents et les enfants. Ils doivent permettre à leurs progénitures de rencontrer des difficultés, de trébucher et d’apprendre de ces expériences. Cela allégera le fardeau des parents et, à long terme, aidera leurs enfants à s’épanouir pleinement.

Quels conseils donneriez-vous aux parents ?

Prenez du recul. Ecoutez. Grandir, c’est comme être sur des montagnes russes. Il y a des jours où l’on se sent au sommet du monde et tout semble merveilleux, puis d’autres jours un événement donne l’impression que tout s’écroule. Cela fait partie de la vie d’un enfant. Le rôle du parent n’est pas de monter dans les montagnes russes émotionnelles avec l’enfant. Par exemple, si un problème d’amitié survient et qu’on le voit comme une catastrophe, il est préférable que le parent reste calme et présent pour l’enfant. Ce dont celui-ci a besoin, c’est de stabilité et de constance, pas d’un parent qui vive les hauts et les bas à ses côtés.

Voyez-vous des parents en souffrance ?

Absolument. L’une des vérités universelles pour les parents est que nous ne sommes heureux que dans la mesure où notre enfant le moins heureux l’est aussi. J’ai vu des parents souffrir énormément quand leurs enfants souffrent, et je ne leur en veux pas du tout pour cela. C’est vraiment difficile.

Là où j’essaie de conseiller les parents, c’est sur la manière de réagir pour réellement aider leur enfant qui traverse des difficultés. Est-ce une souffrance normale, qui fait partie du processus de grandir et de développer un sens de la résilience, ou y a-t-il réellement un problème ? Parfois, les parents ont tendance à considérer toute souffrance comme un signe qu’il y a quelque chose de grave. En réalité, la souffrance fait partie de la vie, et c’est une étape du développement. Par exemple, un élève qui n’a pas obtenu un rôle dans une pièce de théâtre peut en être profondément déçu. La réaction des parents doit-elle être d’appeler l’école pour dire qu’elle a fait de la peine à leur enfant, ou bien de dire : “Non, en fait, on n’obtient pas toujours ce qu’on veut dans la vie” ? C’est quelque chose que l’on apprend en grandissant.




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