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Traité UE-Mercosur : ces chiffres qui montrent la nécessité d’un accord face à la Chine


Cela fait plus de vingt ans que l’Union européenne travaille sur ce projet de rapprochement avec le Mercosur (“Mercado Comun del sur” en espagnol), une alliance économique qui réunit cinq Etats d’Amérique du Sud. La signature de ce traité n’a jamais été aussi proche – Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne espère le faire aboutir avant la fin de l’année – mais les agriculteurs français n’en veulent pas. Ce lundi, les principaux syndicats agricoles ont donc appelé à la mobilisation contre le projet, moins d’un an après des manifestations qui avaient vu des milliers d’engins agricoles déferler sur Bruxelles. Ils s’inquiètent de l’introduction d’une concurrence déloyale sur le marché européen.

Souvent, l’accord a été résumé par la formule “Cows versus Cars”, des vaches contre des voitures. Son principe est simple : les pays d’Amérique du Sud lèveraient leurs taxes sur une partie des produits manufacturés européens, à commencer par les voitures, et en échange, les pays de l’Union retireraient leurs tarifs douaniers sur une partie des produits alimentaires brésiliens ou argentins, par exemple. Pour ses défenseurs, cet accord représente donc une opportunité d’étendre le marché commun européen ; pour ses détracteurs, il permettrait surtout à des agriculteurs extra-européens, de vendre en Europe, des produits qui ne seraient pas soumis aux mêmes standards de qualité. Lors d’un audit européen publié en juin dernier, le Brésil a expliqué qu’il était incapable de retracer l’utilisation de certaines hormones de croissance interdites dans les exploitations européennes.

Des quotas par production agricole

L’accord prévoit notamment des quotas par production agricole. Ainsi, 99 000 tonnes de viande bovine, 25 000 tonnes de viande porcine et 180 000 tonnes de volaille et de sucre pourraient être exonérées de droits de douane chaque année. Ce sont tous des montants très faibles au regard de la production européenne, mais qui révoltent les agriculteurs locaux, soumis à un cahier des charges toujours plus lourd.

La signature de cet accord interviendrait moins d’un an après l’entrée de la Bolivie dans le Mercosur et deux ans après la signature d’un accord de libre-échange entre la Chine et une quinzaine de ses pays voisins (le RECP). Cet accord a permis l’ouverture d’un puissant marché commun asiatique comprenant 30 % de la population mondiale. Pour l’Union européenne, l’enjeu de ce rapprochement avec l’Amérique du Sud est donc d’accroître ses débouchés industriels au moment où la Chine échange toujours plus de marchandises.

Lors de son grand oral devant les eurodéputés, mardi 12 novembre, Kaja Kallas, la probable prochaine haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères a ainsi martelé que “si nous ne faisons pas d’accord de libre-échange avec [les pays du Mercosur], le vide sera vite comblé par la Chine.” En 2024, ces pays ont importé plus de 63 milliards de dollars de marchandises depuis la Chine contre seulement 45 milliards de produits européens.




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