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L’attractivité de la France plonge… Et Londres pourrait en profiter


Dans un tweet orgueilleux, Emmanuel Macron publiait, jeudi dernier, son échange avec ChatGPT. “OpenAI, tes créateurs ouvrent un bureau à Paris aujourd’hui. Bienvenue ! En un mot, pourquoi avoir choisi la France ?”. “L’excellence”, a répondu, un brin flagorneur, l’agent conversationnel. Pas sûr que les 200 dirigeants internationaux interrogés par EY auraient choisi le même vocable. La dissolution du mois de juin, et le flou politique qui s’est ensuivi, ont ébranlé leur confiance. Pour évaluer les dégâts, le cabinet de conseil EY a exceptionnellement mené cet automne une nouvelle enquête sur l’attractivité de la France, anticipant celle conduite d’ordinaire au printemps.

Le message est cinglant. Loin de louer l’excellence française, les dirigeants sondés évoquent surtout les incertitudes législatives et réglementaires. Lors du sommet Choose France de mai dernier – il y a une éternité-, le président de la République vantait le bilan de ce 7e rendez-vous des investisseurs internationaux à Versailles : 56 projets dévoilés, 15 milliards d’euros d’investissements et 10 000 emplois créés. Le “fruit des réformes opérées en 2017”, avec en tête de gondole la baisse de l’impôt sur les sociétés et des impôts de production. “Ce résultat, nous le devons à la stabilité de la politique économique”, renchérissait alors le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire.

Les projets d’investissement en baisse

Aujourd’hui, quand le chef de l’Etat déroule le tapis rouge au champion américain de l’intelligence artificielle, d’autres craignent de se prendre les pieds dedans. Un patron sondé sur deux juge que l’attractivité de la France s’est dégradée depuis juin dernier, selon le baromètre EY. La même proportion affirme avoir revu à la baisse ses projets d’investissement dans notre pays, envisageant des décalages de décisions en 2025, voire au-delà. Marc Lhermitte, associé du cabinet de conseil, n’a pas été surpris par ces chiffres. “Nous avions connu des “taux de préoccupation” [NDLR : part des entreprises indiquant réduire ou reporter des investissements compte tenu de l’incertitude ambiante] de 70 % en période Covid, en mai 2020, et de près de 60 % en Grande-Bretagne, après le Brexit”. La roue tourne. C’est désormais Londres qui pourrait bénéficier de la crise de popularité tricolore, surtout pour l’implantation de sièges sociaux, et bien que le budget du gouvernement de Keir Starmer prévoie lui aussi une hausse de la fiscalité. “C’est de l’autre côté de la Manche que les couteaux sont les plus aiguisés”, reconnaît l’expert d’EY aujourd’hui.

En France, tant que les débats budgétaires ne seront pas tranchés, les acteurs économiques resteront sur le qui-vive. Sans illusion. Ils s’attendent à voir le crédit impôt recherche – perçu comme un totem fort de l’attractivité française – ajusté à la marge. De la même façon, ils ont dans l’ensemble “abandonné l’idée que les impôts de production pourraient baisser, constate Marc Lhermitte. Ils trouvent ça dramatique compte tenu de l’écart de compétitivité européen, et a fortiori français, mais en ont pris leur parti.” A une condition toutefois : que l’Etat, les collectivités et les opérateurs publics assument aussi leurs responsabilités, par la réduction des dépenses publiques.

Dans ce panorama morose, l’expert s’accroche à un point positif : alors que le Brexit avait provoqué une baisse de plus de 15 % des investissements étrangers sur le sol britannique en trois ans, aucun dirigeant sondé n’a annoncé l’annulation de ses engagements en France. Pour combien de temps ?




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