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Climat, taxation des riches, alliance contre la faim : ce qu’il faut retenir du G20 de Rio


Entre crise climatique et menace nucléaire, le sommet du G20 s’est achevé mardi 19 novembre à Rio de Janeiro au Brésil, dans un climat particulièrement sombre, à quelques semaines du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Politique climatique, lutte contre la faim et les inégalités, guerres… Voici ce qu’il faut retenir des principales prises de position adoptées lors de cette réunion des plus grandes puissances économiques mondiales.

Déclarations timides sur le climat

Un “combat pour la survie”. C’est ainsi que le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a posé l’un des grands enjeux de ce sommet de deux jours : la sauvegarde du climat. Las, le conclave des dirigeants des principales économies de la planète n’a pas permis de donner une impulsion décisive dans ce domaine, alors que la conférence de l’ONU sur le climat, la COP29, est entrée dans sa dernière ligne droite à Bakou, en Azerbaïdjan.

Or, les attentes étaient grandes à Rio, le G20 (19 pays, ainsi que l’Union européenne et l’Union africaine) pesant 85 % du PIB mondial et 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Au terme d’un an de présidence brésilienne du forum, et avant d’accueillir l’an prochain la COP30 à Belem, au cœur de l’Amazonie, Lula a exhorté à l’action. “Nous ne pouvons pas repousser à Belem la tâche de Bakou”, a-t-il averti durant la dernière session plénière du sommet mardi matin.

Mais ces appels ne peuvent pas cacher les limites de la déclaration conjointe adoptée lundi soir par les dirigeants du G20. Le texte évoque “le besoin d’augmenter la finance climatique” et de la porter à “des milliers de milliards de dollars, provenant de toutes les sources”, en insistant sur les besoins des pays pauvres. Mais pour certaines ONG, le forum n’est pas allé assez loin sur la question de qui doit payer. Et il a même reculé au sujet de la sortie des énergies fossiles, en ne reprenant pas explicitement la formulation qui avait été arrachée à la précédente conférence climat à Dubaï.

Taxation des super-riches

Les dirigeants du G20 ont en revanche endossé lundi l’idée de coopérer pour taxer “effectivement” les personnes très fortunées. “Dans le plein respect de la souveraineté fiscale, nous chercherons à nous engager de manière coopérative afin d’assurer que les personnes très fortunées soient effectivement taxées”, indique la déclaration finale. L’économiste spécialiste des inégalités Gabriel Zucman, à qui la présidence brésilienne du G20 avait commandé un rapport sur le sujet plus tôt cette année, a salué “une décision historique”. Cet engagement est “un début” pour empêcher les inégalités de se creuser, a également salué le centre de recherche World Inequality Lab (WIL).

Alliance globale contre la faim

Lula peut également se targuer d’avoir pu lancer une Alliance globale contre la faim et la pauvreté, lundi, comptant au total 148 membres : au-delà des 82 pays signataires, l’Union européenne, l’Union africaine, 24 organisations internationales, neuf institutions financières et 31 ONG ont rejoint ce groupe.

Le projet est ambitieux : atteindre un demi-milliard de personnes d’ici 2030, en donnant une dimension internationale au combat contre la faim et les inégalités, en dégageant des moyens financiers ou en répliquant les initiatives qui fonctionnent localement. La Banque interaméricaine de développement (BID) a par exemple annoncé vendredi une contribution de 25 milliards de dollars.

Cette Alliance “pourrait être un tournant” mais “elle doit aller plus loin” en “répondant de toute urgence aux impacts dévastateurs du changement climatique sur les systèmes alimentaires du Sud global”, a réagi l’ONG Oxfam dans un communiqué.

Le spectre du retour de Donald Trump

“Dans la lutte pour la survie, il n’y a pas de place pour le négationnisme et la désinformation”, a martelé Lula durant le sommet. Le message prend une résonance particulière avant le retour de Donald Trump, qui a mis en doute la réalité du changement climatique et dit vouloir sortir à nouveau les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, comme pendant son premier mandat. Les États-Unis sont le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine.

Malgré son absence, l’ombre du prochain président des États-Unis a pesé. Sans le nommer ouvertement, les dirigeants présents au Brésil ont annoncé “les turbulences” qui pèsent sur la politique internationale en vue de sa prise de fonction, le 20 janvier. Le président français Emmanuel Macron, qui ne mâchait pas ses mots au sujet de Donald Trump lors du premier mandat de ce dernier (2017-2021), s’est contenté de mises en garde indirectes sur l’impact de son retour aux affaires sur le climat ou les politiques tarifaires.

Les responsables américains ont assuré que Donald Trump n’avait pas été évoqué lors des rencontres bilatérales de Joe Biden avec ses homologues, et que ce n’était pas non plus un sujet d’inquiétude. “Je ne crois pas qu’on attende de grandes réorientations sur la vision des autres pays sur le monde et leur vision sur leurs relations avec nous”, a déclaré aux journalistes Jon Finer, le conseiller adjoint pour la sécurité nationale du président démocrate.

Menace nucléaire et guerres

En dépit du souhait du président brésilien de parler des “pauvres” plutôt que des guerres, ces dernières se sont aussi imposées au sommet de Rio, à commencer par l’Ukraine. Dimanche, à la veille du sommet, Washington a autorisé Kiev à utiliser ses missiles de longue portée pour frapper des cibles en Russie. Au 1 000e jour de la guerre, Moscou a affirmé mardi qu’une telle attaque avait eu lieu dans la nuit de lundi à mardi, et le président Vladimir Poutine a signé le décret élargissant ses possibilités de recours à l’arme nucléaire.

Depuis Rio, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a promis une réponse “appropriée” aux tirs ukrainiens de missiles américains ATACMS contre la Russie. Dénonçant une implication de Washington, il a évoqué une “nouvelle phase” dans le conflit. Américains et Britanniques ont condamné une “rhétorique irresponsable” de Moscou. Emmanuel Macron, lui, a appelé “à la raison” Vladimir Poutine, fustigeant sa posture “escalatoire”. Le président français, qui avait estimé dimanche que le “contexte” ne se prêtait pas à ce stade à un nouvel échange avec son homologue russe, a brièvement serré la main de Sergueï Lavrov lors d’une photo de famille au G20, mais les deux hommes ne se sont pas vraiment parlé.

Sans condamner Moscou, le G20 a réprouvé “la menace ou l’usage de la force pour chercher des gains territoriaux”. Et il a salué “toutes les initiatives pertinentes et constructives en faveur d’une paix juste” et “durable” en Ukraine.

Cessez-le-feu à Gaza et au Liban

Le G20 a aussi appelé à un “cessez-le-feu” dans la bande de Gaza et au Liban, alors que l’armée israélienne y poursuit ses offensives. “Tout en exprimant notre profonde inquiétude au sujet de la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza et l’escalade au Liban, nous soulignons la nécessité urgente d’étendre le flux de l’assistance humanitaire et de renforcer la protection des civils”.

Au terme de ce sommet crépusculaire, Lula a passé le relais à son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, dont le pays présidera le forum à partir de décembre pour un an. Des sanglots dans la voix, il a cité Nelson Mandela, héros de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud : “Il est facile de démolir et de détruire, les héros sont ceux qui construisent”, a-t-il résumé.




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